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𝐦𝐚𝐫𝐢𝐧

Cette fille est magnifique. Tout chez elle semble fait pour plaire. De la forme de son visage aux quelques taches de rousseurs qui ornent son nez passant par ses yeux d'un vert envoutant, je ne peux en détacher les miens. Sa beauté est flagrante et ne passe pas inaperçue. Mon cœur commence à battre vite, un peu trop vite, j'y pose ma main pour lui demander de la meilleure des manières de me laisser l'admirer.

Mais je la reconnais bien trop vite pour ne pas comprendre le regard mauvais qu'elle me lance. J'en souris car cette situation ne pouvait pas être pire. S'il y a bien une personne que je ne souhaitais pas revoir, c'est bien elle. Cette dernière me fait la grimace alors que nos yeux ne peuvent se détacher. Je vois donc cela comme une forme de haine et elle en a totalement le droit. Je suis partie la laissant choquée toute seule sans même lui demander si elle allait bien. Quel mauvais garçon je fais.

Ma mère remarque que l'attention que je porte à cette fille n'est pas la même que la sienne. Elles semblent bien s'apprécier, enfin je l'ai compris grâce à leur conversation plus que sincère.

Evane coupe le seul vrai lien que nous avons en clignant des yeux plusieurs fois d'affilée, comme éblouie ou se rendant compte de quelque chose.

— Mais vous ne lui avez jamais fait passer son permis vélo ?

Quelle bêtise est-elle en train d'inventer ?

— Un permis vélo ? Ça existe ce truc ?

— Nan, mais il a jamais appris à regarder devant lui en roulant ? Je ne sais pas moi, c'est la base.

— C'est vrai qu'il passe la plus part de ses journées sur un bateau depuis deux ans, peut-être qu'il a perdu les bases.

Le culot de ma mère. Moi qui pensais que son rôle était de me soutenir, elle échoue lamentablement.

— Non mais oh, je ne vous gêne pas à parler de moi comme si je n'étais pas là ? Bien sûr que si, je sais faire du vélo, c'est juste que j'étais stressé à propos de notre problème. Et en plus tu es apparue comme ça, d'une petite ruelle, sans prévenir !

Elle ouvre grand la bouche, offusquée par mes paroles alors qu'elles n'ont rien de blessant.

— Ça va être de ma faute maintenant ! me pointe-t-elle du doigt. Désolée de connaitre les raccourcis qui me permettent de ne pas me faire engueuler par mon père si j'arrive en retard.

Cette discussion me fait rire pour je-ne-sais-quelle stupide raison. Mais de son côté, Evane semble prête à exploser tant elle semble exaspérée devant mon comportement. Je lis sur son visage que je si je continue, je risque d'aller plus vite que je ne le pense dans l'eau, le corps bandé pour que ma noyade soit immédiate. Peut-être qu'en fait c'est ce à quoi j'ai pensé en découvrant qui elle était.

Mais comme je ne renoue devant rien, je continue de la provoquer. Cette soudaine attraction qui nous unit me plait et je ne risque pas de la laisser s'effacer aussi facilement.

— Comment va ta voix depuis tout à l'heure ?

— Et toi, comment vont tes oreilles ? Il s'agirait de savoir les laver.

Ma mère pouffe et à côté de moi Néréo fait de même. La répartie est quelque chose que j'aime et elle semble savoir l'utiliser. Je sens que cette fille ne va pas être n'importe qui pour moi. Quitte à rester bloquer dans la même ville qu'elle pendant quelques temps, je peux au moins jouer en sa compagnie.

— Elles se portent à merveille, merci de demander. J'essaie de les préserver en écoutant que ce qui m'intéresse. Les gamines qui hurlent et ne voient rien, ça ne les passionnent pas trop.

Let Somebody Go T.1Where stories live. Discover now