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𝐞𝐯𝐚𝐧𝐞

Une semaine est passée.

Mon réveil sonne me faisant regretter d'avoir continué les cours après mon brevet. Après tout, j'aurais pu consacrer ma vie à l'écriture, en profitant de l'argent de mes parents si mes livres ne se vendaient pas. Mais si c'était le cas, je serais déjà virée de chez moi avec comme seules affaires ma tristesse et le numéro d'un psychologue.

En conclusion, jamais ô grand jamais, mon père m'aurait autorisé à prendre cette décision.

Ce n'est pas que je n'aime pas aller au lycée...en fait si, c'est bien ça. Je déteste cet endroit. Parce que ce sont des moments que je ne partage pas avec lui, mais avec des personnes qui me rappellent chaque jour qu'il n'est pas là. Je les haïs tous, un par un. Mais j'en aime aussi certains, ceux qui connaissent le même sentiment de solitude que moi le concernant. La plupart l'aimaient et continuent de le faire.

Mon regard passe lentement de mon téléphone à ma porte et j'hésite sérieusement à descendre les escaliers. Mais ma mère m'appelle d'en bas au moment où je me recouvre de ma couverture. Je souffle mais prends mon courage à deux mains et enfile une veste. Le moral dans les chaussettes – sans chaussettes –, j'arrive dans la cuisine.

— Alors, cette nuit ?

— Pas encore pris de café. Peux pas faire de vraies phrases.

Je me prends une tasse en l'entendant pouffer. Ça l'amuse, sympa. Comme si le monde venait de conspirer pour que tout aille mal, mon café coule trois fois plus doucement que normalement. Je passe une main dans mes cheveux remarquant à mon grand désarroi que j'ai un énorme nœud. Ça m'apprendra à ne pas vouloir me couper les cheveux et les laisser libres la nuit. Pourtant, Abi m'a dit de me faire des tresses, mais je crois que je préfère ressembler à Bellatrix Lestrange au réveil, sans les boucles bien évidemment, mais avec l'épaisseur.

— Et si je te donne toutes mes économies, tu me laisses ne pas aller au lycée aujourd'hui ?

— Non.

— Toute mon inspiration à vie ?

— Mhh, laisse-moi réfléchir. Non.

Je réfléchis mais ne vois rien d'autre qui puisse lui plaire. À moins que...non je ne peux pas lui faire ça.

— Je te promets de rester jusqu'à ce que tu sois plus là à tes côtés.

— Ne raconte pas des bêtises. Tu as beaucoup trop hâte de partir pour ça.

— Non, c'est faux. Je t'aime trop pour ça.

Elle lève les yeux au ciel et je me sers un bol de céréales. Je les savoure le plus possible, les mangeant presque une à une, essayant de gagner du temps. Elle remarque et me demande de passer la seconde. Je lui réponds que je suis en terminale mais elle ne trouve pas ça drôle. Ma carrière d'humoriste tombe à l'eau alors je lui fais la tête. Son rôle est de me soutenir à vie pourtant.

— Et ton frère, il arrive à quelle heure ?

— Je sais pas, haussais-je les épaules. On va le chercher à Paris avec papa la semaine prochaine. D'ailleurs, tu viens ?

— Non, faut que je termine un truc.

— Quoi ?

Aucune réponse. Ça doit être un secret. Moi qui n'en ai aucun pour elle, je suis déçue.

— Ça à un rapport avec ton livre ?

— Peut-être.

— Maman, s'il te plait. Dis-moi au moins un truc. Tu sais que je n'aime pas quand je ne sais pas.

Let Somebody Go T.1Where stories live. Discover now