2- 𝕻𝖔𝖎𝖓𝖙 𝖉'𝖎𝖓𝖙𝖊𝖗𝖗𝖔𝖌𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓

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Alors que Barton dormait profondément, son réveil sonna à exactement six heures quinze. 

Bien qu'il détestait le bruit qui le tirait de son sommeil, il s'obligeait à se lever pour ne pas trahir sa réputation d'homme ponctuel et professionnel. Après un rapide coup d'œil attendri à sa femme qui ne se lèverait que dans une heure, il se précipita vers la table de la salle à manger, où il avait préalablement déposé la veille, la pâte à tartiner et ses biscottes afin de gagner du temps.

Il avala son petit déjeuner à toute vitesse sans pour autant parsemer la table de miettes, avant de se rendre dans la salle de bain pour se laver les dents et se rafraîchir le visage. Ayant déjà pris sa douche la veille, il s'habilla rapidement, prit ses chaussures et sortit de chez lui pour se rendre au travail.

Bien qu'il soit à moitié endormi, Barton prit le volant de sa voiture. Cependant, sa capacité de concentration semblait en péril, et il avait du mal à garder les yeux ouverts sur la route. 

La douceur du printemps s'installait progressivement, laissant place à une matinée emplie de promesses. Les rayons du soleil éclairaient la route d'une lumière vive et énergisante. Les oiseaux, de retour de leurs migrations hivernales, gazouillaient joyeusement dans les arbres, annonçant l'arrivée de la saison des amours. Les brises légères s'infiltraient par la vitre de la voiture entrouverte. C'était une matinée paisible et inspirante avant que le ciel devienne sombre et menaçant, que les nuages gris et lourds annonçaient la pluie qui tombait en fines gouttes incessantes. Avant que le vent souffle avec force, faisant danser les branches des arbres et créant un concert de sifflements et de hurlements désagréables.

Soudainement, l'automobile se trouvant derrière celle de Barton klaxonna. Son manque de sommeil se ressentait déjà, l'homme n'avait même pas remarque que le feu était passé au vert.

"Petit con ! J'ai un boulot moi !" aboya le conducteur de derrière. Barton ne renchérit même pas, il préférait se plaindre seul. En fait, il détéstait son peuple. Ce ne sont que des clébards sauvages qui bouffent des burgers à tout va et à qui ont a donné un AK47, pensait-il secrètement des américains. Il regrettait de ne pas être né au Japon, dont il considère son peuple comme des gens sages, polis, et tout à fait respectables. Ou bien même en Europe, dans l'un de ces pays scandinaves, que son peuple placerait en Afrique australe, où le système paraît tellement mieux et exemplaire que ceux des U.S.A.

Au même moment, son téléphone sonna et obligea Barton a stationné dans la ruelle la plus proche. C'était Mr.Brenswon, le maire de la ville.

Mr. Brenswon était un vieil homme au visage ridé, strict et professionnel, mais également fortuné et impopulaire auprès des citoyens de la ville. Cependant, Barton l'appréciait plutôt bien, le considérant comme un homme respectable et juste.

Barton se gara à quelques mètres sur une place de parking, puis décrocha :

 Bonjour Mr. Brenswon, comment allez-vous ? »

 Et bien, si je vous appelle, ce n'est pas vraiment pour vous réclamer de prendre des  nouvelles de moi...

 Alors, pourquoi m'appelez vous ? Demanda Barton, sentant le ton sérieux et inquiet du maire.

Pouvez-vous venir directement à mon bureau ? J'ai un problème préoccupant, j'aurais besoin de votre aide. 

Pas de problème, j'arrive dans dix minutes. Il faut que je prévienne mon supérieur de mon retard.

Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de le prévenir.

Très bien, à tout de suite, répondit Barton avant de raccrocher.

Cette brève conversation laissa une étrange impression à Barton. Le ton préoccupé du Maire laissait présager un sujet délicat à traiter, mais son manque de politesse l'agaça légèrement. Barton pensa qu'un simple bonjour, merci et au revoir n'auraient pas été de trop.

Mais le Maire était comme ça, depuis longtemps, et c'est en autre ce qui valait son impopularité auprès de la population. Il se prenait pour un tyran, et s'il en avait les capacités, il serait prêt à tuer tous ses opposant politiques.

Barton avait pleinement confiance du tempérament ingrat de l'homme politique, mais dans cette ville, avoir le maire dans la poche offrait un tas d'avantages pour le moins intéressant. Les primes qui tombent du ciel et les invitations à des dîners gastronomiques ne représentaient que la partie lisse de leur amitié. 

En effet, le maire avait tendance à offrir le pire à ceux qui répondaient à ces demandes particulières. Des rumeurs circulaient sur l'implication du maire quant à un échange d'une importante somme d'argent d'un actionnaire russe, contre quelques informations confidentielles sur les habitants de sa ville, accusé d'espionnage. Ainsi, nombreux sont ceux qui crurent que l'homme n'avait aucune valeur morale, et qu'il était prêt à trahir ses électeurs en échange d'argent.

Mais sur Terre, les rumeurs ne valent pas grand chose. Il faut bien des preuves pour attaquer un roi. Le puissant homme avait toujours démenti ses accusations. Les hommes politiques sont détestés et tout le monde est prêt à tout pour qu'il quitte le pouvoir. 

 ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Il démarra sa voiture et se dépêcha de se rendre à la mairie. Une fois sur le parking de l'hôtel de ville, Barton trouva une place face à l'entrée et la gara rapidement. 

Il marcha ensuite à vive allure jusqu'à la réception. Alors, une dame d'une cinquante d'années salua l'homme et lui rappela que le maire voulait le rencontrer dans son propre bureau. Sans traîner,  il se dirigea immédiatement vers l'ascenseur et appuya sur le bouton pour monter au quatrième étage. Au même instant, un homme aux cheveux bruns et aux lunettes rondes prit de justesse le même ascenseur que lui. Il portait un costume trois pièces et se présenta à Barton :

 — Bonjour, je suis Lewis Thomas, secrétaire de la mairie, vous êtes ?

—Je suis Braton, enfin Barton. je suis un simple citoyen.

—Vous comptez rencontrer le maire ? Parce qu'il a un emploi du temps pour le moins chargé...

— Je n'en doute pas. En fait, c'est lui qui m'a invité.

Cette approche déstabilisa légèrement le policier qui se contenta de lui répondre un timide "bonne journée" en sortant de l'ascenseur. 

Quelques bureaux plus loin, le maire attendait impatiemment son acolyte. Bien qu'étant détesté par les citoyens, le vieil homme appréciait beaucoup Barton qu'il considérait comme un homme sérieux, talentueux et ponctuel.

Il s'assit alors près du bureau du maire et attendit que celui-ci vienne le chercher.

Barton était nerveux, assis inconfortablement, il tapotait frénétiquement ses doigts sur sa jambe. Ce mystérieux appel du maire de la ville le stressait énormément. Maintenant, il attendait impatiemment le maire, tout en imaginant les pires scénarios possibles. Serait-il accusé de quelque chose ? Allait il être puni pour une erreur qu'il ignorait avoir commise ? De quel grandeur était le problème que le maire rencontrait ? Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il savait une chose, c'est que perdre la confiance du Maire et devenir son ennemi revenait à vivre un enfer au sein de la ville qu'il gouvernait.

Et soudain, il était temps. Le maire arriva et invita l'homme dans son bureau. Le vieux semblait paralysé de peur et profondément énervé.  Le maire arriva et invita l'homme dans son bureau ;

—Veuillez vous installer. La gravité de la situation est sans précédent.

Son cœur se mit à battre la chamade. 

La vérité équivoqueWhere stories live. Discover now