5- 𝕾𝖆𝖛𝖔𝖎𝖗 𝕯𝖔𝖓𝖓𝖊𝖗

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Barton marcha une quinzaines de minutes avant d'atteindre sa voiture qu'il avait soigneusement garée loin du lieu de l'action. Le retour à la maison était une bénédiction pour lui, et il n'attendait qu'une chose, revoir sa femme et ses deux enfants bien-aimés. Le trajet était assez rapide, la circulation était exceptionnellement fluide et bonne.

L'homme arriva chez lui à dix-huit heure, il eut juste le temps d'échapper à la pluie qui commençait à tomber. Pénétrant dans la maison, il semblait réjoui de sentir la chaleur de son accueillante demeure. Un soupir de fatigue qui pouvait s'apparenter à un soupir de soulagement s'échappa de sa bouche avant que sa femme Jasmine, l'embrassa.

"—Comment s'est passé ta journée chéri ? Commença-t-elle.

—Disons tendu... Avec la manifestation, c'était le bordel. Je crois que le maire est un peu dépassé par tous ces événements. Je vais essayer d'accélérer la cadence. Dès demain, j'enquêterais sur le compte qui a divulgué ces fausse preuves. J'ai hâte que ça se finisse.

— Je dois t'avouer que je trouve quand même cette histoire très étrange... Tous ces gens qui manifestent. Ecoute chéri, je ne veux pas te contrarier mais tu devrais te poser les bonnes questions à propos de cette affaire.

— Comment ça les bonnes questions ? Renchérit Barton. Tu vas m'apprendre mon boulot ?

—Je te dis pas ça, je te conseille juste de te poser des questions sur la sincérité du maire. Peut-être qu'il a aussi quelque chose à se reprocher.

—Je ne sais pas ce que tu insinues chérie, mais sache une chose. Je sais ce que je fais. Cette enquête est pour moi. Je ne le vois pas dans ce genre d'affaires, c'est un homme bien.

—Mais qu'en penses tu des preuves ? Tu les a vus au moins ? Elles sont vraiment réalistes.

— Tu devrais t'intéresser aux I.A, si tu ne vivais pas dans une grotte, tu saurais que ces conneries peuvent créer des preuves quasi parfaites. 

—Barton, pourquoi tu hausses le ton comme ça ? Quand Jasmine l'appelait par son prénom, c'est que la discussion qu'ils entretenaient demeurait d'un sérieux sans précédent.

—Ecoute, je préférerais parler d'autre chose que mon boulot, passons plutôt à table, chérie."

Avant de profiter d'un repas et de se remplir convenablement la panse, Barton monta les escaliers deux par deux pour retrouver ses très chers enfants. Les cherchant du regard, ils ne les voyait pas mais entendait des rires étouffés. Il comprit que Josh et Ron voulaient se cacher. Malheureusement, leur blague semblait ratée, car les pieds de l'un d'eux dépassaient du rideau et on entendait l'autre qui s'esclaffait derrière la porte. Barton ne fit semblant de rien avant d'effrayer les deux petits frères. Ils sursautèrent et tous rigolèrent. Les trois garçons n'avaient à peine eu le temps de s'amuser que Jasmine leur fit un signe.

Chacun descendit alors et les frères mirent la table tous les deux. Se déroulait alors une routine du soir parfaitement banale mais réconfortante pour Barton, usé par son difficile travail. 

Avant de s'endormir, Barton désinfecta une petite blessure au genou. Ce n'était qu'un petit bobo, il avait l'habitude. Au même moment, il reçut un message du maire ; 

"Cher Barton, vous êtes d'une précieuse aide et je me dois donc d'être totalement transparent avec vous. Une réunion d'urgence s'est tenu avec mes principaux conseillers et des décisions drastiques ont été prise contre les manifestants. Je veux que cette guerre injuste contre ma personne cesse immédiatement, je vous donne donc ma totale confiance pour retrouver rapidement ce fugitif qui, pour des raisons politiques, a décidé de pourrir ma vie professionnelle et privée. Merci Barton."

Après ce message, paru comme un soutient infaillible de la part du maire, Barton rejoignit sa femme dans le lit conjugal. Il avait besoin de se changer les esprits et demanda sans aucune gêne : "—J'ai besoin de me changer les esprits chérie, tu veux bien me faire l'amour ?"

Mais au fond, il n'en avait pas envie. Il cherchait une solution à son malheur et était trop anxieux de la situation dans laquelle il était. Même si sa femme approuva cette proposition avec plaisir, Barton semblait d'une fébrilité déconcertante. Dans l'intimité et l'obscurité, leurs lèvres se touchèrent, et nus, l'un contre l'autre, leur corps s'enlacèrent. Mais Barton n'arrivait pas. Il ne pouvait penser à autre chose que le maire. Et le maire ne le faisait pas bander.

♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Quelques heures plus tôt, au sein de la principale salle de réunion de la mairie de Berwyn, Mr Brenswon, et ses principaux acolytes décidèrent d'entrer en vigueur des plans anti-manifestations. Le maire, furieux, prit la parole : 

"— Les citoyens, auxquels j'ai donné corps et âmes pour les satisfaire dans leur quotidien ont décidé de me trahir pour une futile histoire de viol, dont je ne suis même pas coupable. C'est pourquoi je vous ai convié d'urgence pour répondre sévèrement à ces menaces contre la République."

Ces propos démesurés que tenait le maire, furent approuvés par l'entièreté de son équipe politique. La vérité, que chacun essayait de dissimuler, c'est que s'opposer à l'homme rimerait avec perdre sa confiance, et ainsi, être rapidement écarté de la vie politique de la commune. Il devenait de plus en plus impossible pour chaque membre de sa commission, de s'opposer à une idée du maire. 

En une heure, les principales décisions finirent de se prendre et cela faisait froid dans le dos.

Dans la plus grande fermeté, le maire décida de faire pression sur les autorités pour réprimer les futures manifestations de manière draconienne jusqu'à utiliser la violence. Il souhaitait diviser les citoyens en lançant des campagnes de propagande visant à polariser davantage la ville. Puis, il proposa d'engager une équipe de relations publiques pour propager des rumeurs et salir leur réputation, espérant affaiblir leur soutien populaire. En outre, il a proposé de faire pression sur les entreprises locales pour qu'elles licencient ou sanctionnent les employés qui ont participé à la manifestation. Bien sûr, il fut évident que le maire poursuive en justice les manifestants pour dommages et intérêts, réclamant des sommes exorbitantes.

En bref, M. Brenswon n'avait plus la moindre limite, quitte à ignorer la démocratie et la légalité. Si les citoyens transmettaient de la haine, il en donnerait trois fois plus. 

La vérité équivoqueWhere stories live. Discover now