4 - 𝖇𝖗𝖎𝖘𝖊́

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Trois voitures de police, sirènes hurlantes, fonçaient à toute allure en direction de la place Rosa Parks, située en face de la mairie. Des arbres typiques de la région, dont des chênes blancs majestueux, ainsi qu'une belle fontaine ancienne au milieu de laquelle des buissons poussaient harmonieusement, décoraient cette agréable place. Quatre bancs en pierre complétaient le paysage, offrant aux passants un lieu de détente et de contemplation. 

C'était donc dans ce cadre paisible que la vingtaine de policiers présents décidèrent de mettre en place une stratégie défensive, prêt à faire face à une manifestation prévue dans les minutes à venir.

Le brigadier, qui semblait être le meneur de cette opération, prit la parole d'un ton sérieux et assuré, expliquant les détails de la stratégie à suivre. Quinze d'entre eux seraient en charge d'encercler les manifestants, prêts à les gazer avec des bombes lacrymogènes si besoin, tandis que cinq autres seraient chargés de protéger l'accès à la mairie pour éviter toute dégradation. Deux policiers supplémentaires resteraient à l'intérieur du bâtiment pour rassurer et protéger le maire. Tout le monde acquiesça, prêt à mettre en place cette stratégie.

Les minutes passèrent lentement alors que les policiers attendaient patiemment l'arrivée des premiers manifestants, qui semblaient tarder à venir. Le silence était palpable, seuls quelques oiseaux aux mélodies joviales et le souffle du vent étouffé venaient briser le calme de la place Rosa Parks. L'atmosphère glaciale dans laquelle étaient plongés les policiers augmentait la tension, un parfait mélange d'impatience et d'angoisse, alors qu'ils se préparaient à affronter leur futur adversaire. Remporteront-ils cette bataille face aux civils ? Leur plan stratégique était-il véritablement le meilleur ? A quels dégâts, matériels comme humain, devait-on s'attendre ?

Les policiers regardaient furtivement dans toutes les directions possibles, scrutant les alentours pour voir d'où arriveraient les manifestants. Soudain, des cris de rage se firent entendre au loin. Très vite, ces voix demeuraient de plus en plus audible, au fil des secondes. Les voix semblaient être une trentaine et les policiers pouvaient désormais comprendre les mots qu'ils disaient : « Breswon, we won ! », ce qui signifiait en français.

Conformément à la stratégie établie, quinze policiers s'avançaient rapidement pour bloquer l'élan des manifestants. Cependant, le groupe de protestants ne montrait aucun signe de peur et continuait de progresser. Sans hésiter, les policiers utilisèrent des bombes lacrymogènes pour les arrêter. C'était l'arme facile et efficace, et les manifestants reculèrent de vingt mètres environ. Une poignée des plus craintifs firent demi-tour, mettant fin à la bataille.

Du moins, c'est ce qu'ils pensaient. Cependant, deux minutes plus tard, un groupe de résistants surprit les cinq policiers postés devant la mairie. En effet, les manifestants avaient longé la rue parallèle avant de faire un virage à gauche pour les prendre à revers. Chacun d'eux avait en main quelques pierres et en transportait plusieurs autres dans des sacs sur leurs épaules. Quatorze d'entre eux avaient le visage découvert, mais l'un d'entre eux portait un bandana rouge, des lunettes de soleil et une casquette couvrant son visage. 

Ils visaient la fenêtre du maire, située trois étages plus haut. Après de nombreuses tentatives manquées et la capture de certains des leurs par les forces de l'ordre, l'une des pierres finit par briser la fenêtre en mille morceaux.

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Le Maire, accompagné de deux policiers, fut surpris par le bruit de la vitre brisée. Il prit rapidement peur et se réfugia dans le secrétariat, situé un étage plus haut. Cette pièce vide était un lieu renfermé et peu accueillant, aucun secrétaire ne s'y trouvait cet après-midi là. Le maire s'assit sur l'une des chaises en face d'un bureau sans adresser le moindre mot aux deux hommes qui l'accompagnaient. Une atmosphère pesante régnait alors dans la pièce, les agents ne savaient que faire ni quoi dire et restèrent immobiles comme des poteaux au milieu de la salle en attendant que la manifestation prenne fin.

Dehors, la manifestation continuait, et la violence de celle-ci se révéla. La place était bondée depuis une bonne vingtaine de minutes, avec des manifestants de toutes sortes : des femmes, des hommes, des jeunes, des plus âgés, des blancs, des noirs... Les révoltés au pied de la mairie continuaient de jeter des pierres sans grand succès. Voyant cela, l'un des manifestants proposa une autre stratégie à ses compagnons. Leur seul but étant de montrer leur colère et de perturber le maire, ils prirent la ruelle à gauche de la mairie pour aller derrière celle-ci.

Les gardiens de la paix avaient pour seule mission d'empêcher quiconque d'entrer, mais le but des manifestants n'était pas d'entrer, mais plutôt d'intimider le maire. Les hommes prirent chacun une pierre assez lourde et prirent bien le temps de viser les fenêtres. Cela semblait être un jeu d'enfant pour eux. Le maire prit peur en voyant ces hommes aux intentions dangereuses de l'extérieur de la fenêtre.

L'un des collègues du maire informa donc l'un de ses gardes pour qu'il arrête ces manifestants. Voyant deux hommes foncer sur eux à toute vitesse, les rancuniers coururent se cacher dans l'un des immeubles situé à une cinquantaine de mètres d'ici. Sous la pression, l'un des manifestants tomba et faillit se faire attraper par l'un des policiers.

Pendant une période de quarante minutes, la place de la mairie était bondée et les assaillants hurlaient, frappaient et luttaient contre les forces de l'ordre. Mais soudain, l'un des assaillants décida d'utiliser du bois provenant d'un parc voisin pour allumer un feu qui brûla rapidement, provoquant une fumée noire. Celui-ci effrayait les spectateurs massés sur les balcons des immeubles. Heureusement, les pompiers arrivèrent et réagirent rapidement pour éteindre l'incendie et les policiers, avec l'aide des pompiers, prirent finalement le contrôle de cette manifestation. Sous la pression, l'un des policiers  brandit son arme et tira en l'air pour effrayer les protestants. La révolte  prenait une mauvaise tournure. Les manifestants comprirent le danger et, très vite, quittèrent tous les lieux, mettant fin à plus d'une heure de violence et de haine. 

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Barton regardait l'immensité des dégâts. Il le savait, il n'avait rien remarqué. Pas un quelconque indice insignifiant. En fait, il éprouvait une incapacité totale à observer et retenir des possibles indices, tellement la scène auquel il venait d'assister demeurait un combat violent et terriblement dur à regarder. 

Il ne savait que faire, ni qui croire. Et si celui qu'il défendait était coupable ? Et si celui qui lui avait donné une place importante dans son estime était un être encore plus cruel qu'il imaginait ?

Mais au fond, Barton restait confiant. C'était l'un des enquêteurs les plus talentueux du pays, et il le savait. Pour le moment, il resterait du côté du maire. Il l'a toujours soutenu, alors Barton en ferait de même. 

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La mine dévasté, le maire osait à peine regarder les importants dégâts : la place de la mairie était à moitié brûlée, sept fenêtres se trouvaient brisées, une partie de la mairie avait été vandalisée avec des graffitis mais surtout, sa popularité  était au plus bas. 

C'était un véritable cauchemar devenu réalité. L'homme appela sa femme, il tomba sur la messagerie et laissa un message clair, et précis :

"—Chérie, les citoyens qui m'ont élu n'ont plus la moindre reconnaissance. Ils croient naïvement que je suis impliqué dans une affaire de viol. Ils ont voulu me blesser, alors je vais faire de même."

La vérité équivoqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant