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Retour au présent.

Joy ouvrit les yeux et son regard croisa la porte en bois sur laquelle elle s'apprêtait de toquer. Mais son bras retomba le long de son corps et elle ouvrit la porte d'un geste lent. L'obscurité dans la pièce frappa ses yeux gris et elle se dirigea vers les rideaux pour les tirer. La lumière pénétra dans la chambre comme n'attendant que cela. Son regard s'attarda sur le paysage urbain qui s'offrait à elle avant qu'elle ne le pose sur le corps toujours endormi sur le lit.

Soupirant face au manque de réactivité de sa fille elle l'approcha pour lui caresser tendrement les cheveux.

- Neylma...

Toujours aussi inactive, Joy parla un peu plus fort.

- Neylma il est l'heure de se réveiller.

Sa fille poussa un faible grognement ce qui la fit faire un sourire qui disparut aussitôt quand, relevant ses cheveux de son épaule elle aperçue une cicatrice bien voyante. Grimaçant face à cette vue, elle se releva du lit.

- Rejoins moi dans la salle manger dans une trentaine de minutes, dit-elle légèrement.

Elle se dirigea vers la porte avant de se retourner au dernier moment et son regard croisa celui vert intense de sa fille qui s'était redressée entre temps.

- Tu devrais appliquer plus régulièrement la pommade que je t'ai donné, j'ai l'impression que la marque ne diminue en aucun point, ajouta t elle le regard ailleurs.

Sa fille se contenta de hocher la tête et elle sortit.

Joy soupira une fois à l'extérieur, un flot de souvenirs l'assaillant. Cela faisait déjà sept ans qu'on avait tiré sur sa fille mais malgré tout les traces et la douleur mentale étaient encore là comme si cela avait été commis hier.

Juste quelques mois après le malheur Joy avait perdu son mari dans un terrible accident de travail. Les soucis s'étaient tant accumulés et avaient tellement chamboulé William qu'il en avait été affreusement perturbé dans son travail, il avait pénétré dans le mauvais chantier et ignorant la dangerosité du bâtiment en construction ce fut sans surprise que le plancher avait craqué sous ses pieds alors qu'il se trouvait à des étages bien au dessus portant du matériel trop lourd.

Joy avait dû en plus d'endurer le deuil de la perte de son mari, encaisser l'état de sa fille qui fit une crise pendant la même période. Elle avait dû se battre corps et âme pour pouvoir sortir la tête de l'eau. Aucun travail qu'elle ne trouva ne pût les suffire pour assurer les traitements de Neylma. Plonger dans un désespoir sans fond si l'infirmière qui était chargée à l'époque des soins de sa fille ne l'avait pas pris en pitié et la soutenue elle n'aurait jamais pu arriver à sauver sa fille et trouver du travail. Pendant quelques années elle avait suivi une formation pour terminer ses études en droit qu'elle avait délaissé très tôt et trouver un cabinet qui puisse la prendre.

Aujourd'hui elle n'avait plus de problème lier à l'argent et était devenue une avocate haut placée, qui l'eut cru !

Pendant ces sept années elle avait connu des hauts et des bas de toute une vie.

Quelques minutes plus tard alors qu'elles déjeunaient, Joy remarqua le regard absent de sa fille.

- Tu vas bien Neylma ?

Surprise par la voix de sa mère Neylma semblait chercher ses mots.

- Raïssa ne mange pas avec nous ?

- Si elle n'est pas descendue c'est qu'elle n'a pas faim, répondit sa mère d'un air désintéressée.

Depuis ce qui était arrivée à sa fille aînée Joy avait complètement délaissée sa dernière comme si elle n'existait plus, elle ne voyait plus que Neylma, sa pauvre fille, que Raïssa n'existe plus elle ne dirait pas grand chose là dessus.

Avalant péniblement sa bouchée, Neylma retenu tant bien que mal les larmes dans ses yeux, les mots de sa mère avait résonné comme un coup de fouet envers Raïssa.

- Bien que vous ayez une forte ressemblance physique avec ta sœur il en va pas de même pour vos comportements, lâcha Joy dans le vent.

C'était comme si au fil du temps et des épreuves elle avait forgé une incroyable insensibilité sur certaines choses.

Trop atteinte par les propos cruels de sa mère Neylma changea à la suite de sujet.

- Maman, je voudrais vraiment me trouver un travail.

Relevant avec brusque sa tête Joy regarda les yeux ronds sa fille.

- Quoi, mais qu'est ce que tu racontes ? Tu as besoin d'argent ? Dis le moi je t'en donnerai autant que tu en souhaites ! Pas la peine de te trouver un travail.

- Mais maman je ne vais pas rester définitivement comme ça... il faut que je construise quelque chose par moi même, je ne veux pas vivre pour toujours à tes dépends !

- Je ne vois pas le mal dans ça.

- Moi si, je me sens incapable. Je veux respirer, tu m'enfermes toujours ici...

- Neylma !

Grimaçant face au ton de sa mère Neylma sentit un sentiment de peur remonter en elle.

- ...maman j'ai vingt-deux ans cette année, je suis assez grande maintenant..., reprit Neylma d'une petite voix.

Joy se releva, croyant à peine à ce que sa fille disait.

- Je ne le veux pas !

- Et quel genre de travail comptes tu faire ? Reprit-elle.

- Tout d'abord je voudrais reprendre mes études là où je les ai laisser. Entre temps je pourrais faire un petit boulot.

- Tu te fatiguerais vraiment pour rien.

- Maman, ce dont j'ai le plus présent là c'est de ton soutien...

Joy soupira face à l'entêtement de sa fille.

- Bien, fais ce qui te plais !

Jamais la protection qu'elle a construit pendant des années pour sa fille ne se brisera ! Peu importe ce qu'elle doit faire pour.

Sa fille voualit travailler ? Elle allait travailler mais comme elle le souhaiterait.

Heart Break Où les histoires vivent. Découvrez maintenant