7. Tu es venu

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C'était jeudi, et Lumine était assise sur le sable fin de la plage à regarder les vagues repousser un crabe non loin. La dernière fois, elle avait été effrayée. Effrayée de découvrir l'origine de sa blessure. Mais aujourd'hui, elle était effrayée pour une tout autre raison : quand elle avait quitté son rendez-vous avec Madame Lorem, il n'y avait pas le moindre Childe en vue. Il n'était tout simplement pas là, et même la thérapeute s'en était étonnée.

Ne pas l'avoir croisé au sortir de sa consultation l'affecta bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Peut-être lui était-il arrivé quelque chose. Rien que cette pensée lui faisait froid dans le dos.

Sans réellement y réfléchir, ses pas rapides et son regard focalisé sur le sol l'avaient amenée sur la plage, là où elle l'avait croisé la première fois, à cet endroit même où elle était assise depuis plus d'une heure, à observer les vagues tout en guettant le moindre cri du sable maltraité sous la semelle d'une chaussure. Elle l'attendait, espérant silencieusement qu'il retrouve le chemin de la plage pour venir à sa rencontre, souhaitant muettement qu'il revienne à cet endroit.

C'était étrange, mais elle ressentait l'envie d'avoir une compagnie ; mais pas n'importe laquelle. Pas celle de son frère inquiet, ni même de son meilleur ami patient, mais celle de cet inconnu qui ne lui demandait rien. Ni de parler, ni de réagir. Avec lui, elle pouvait se murer dans un silence contemplatif sans pourtant être seule, et c'était tout ce qu'elle demandait actuellement.

Pourtant, il n'était pas là, et son absence lui pesait sur le cœur. Peut-être qu'en continuant à l'attendre, il finirait par arriver...


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C'était jeudi, et la journée ne s'était pas déroulée comme Childe l'avait imaginée. Il aurait aimé se passer de cet entretien avec le directeur de l'école de commerce en compagnie de ce charmant camarade de classe qu'était Kaeya, mais le destin semblait s'acharner sur lui.

— Kaeya Alberich, Ajax Tartaglia. Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici, débuta le directeur de sa voix grave et profonde, intimant le respect même aux plus idiots des cancres.

— Personnellement, je ne vois pas pourquoi vous m'avez convoqué, répondit Kaeya avec un soupçon d'irritation dans son intonation.

— Vous avez riposté, le contredit le directeur en le jaugeant de son regard ambré aussi dur que la roche. C'est une faute. Vous avez tous les deux fauté.

Oh ça, pour avoir riposté, il avait riposté. Les ecchymoses sur le côté gauche du visage de Childe, au niveau de son arcade sourcilière et de son menton en étaient des preuves irréfutables.

Cette fois-ci, il se tourna vers lui pour lui asséner un regard lourd de reproches.

— Pas la peine de me regarder comme si j'étais le diable, Zhongli, s'offusqua un Childe passablement agacé.

— Je t'ai déjà dit que tu devais m'appeler Monsieur le Directeur à l'école, Childe, soupira l'homme plus âgé, de longue date ami de la famille Tartaglia.

Childe se contenta de hausser les épaules avant de tourner son corps le plus possible vers la porte de sortie de ce bureau, faisant très clairement comprendre aux deux personnes en présence que le plus tôt ça finissait, le mieux il se porterait.

— Qui a commencé ? demanda Zhongli sans passer par quatre chemins.

— Moi, admit Childe aussitôt, surprenant même Kaeya qui ne s'attendait pas à autant d'honnêteté.

Le silence retomba dans ce bureau où les livres s'entassaient. De prime abord, il était dur à croire que Zhongli était réellement le directeur d'une école de commerce. Pourtant, il ne fallait pas oublier qu'il dirigeait d'une main de fer cet établissement – certainement une des raisons pour lesquelles son père avait insisté pour l'envoyer ici, dans le but de réprimer son comportement violent d'antan.

FR | Song for the Broken | ChilumiWhere stories live. Discover now