0.2 | Raiponce...

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| Lysandre |

20 Novembre, 15:36, Appartement 135

« Qui voudrait de la petite carotte sans cervelle ? »

« Personne ! Même pas son père ! »

Je ne suis pas sortie depuis 4 jours. Pas un pied dehors, pas une respiration d'air pur, juste moi et mon appartement, et ce pour la simple et bonne raison que je n'ai pas levé le pied dans mes recherches. Elles s'étaient même étendues à un panneau en liège sur lequel j'ai commencé à accrocher diverses choses qui pourraient ou non avoir un lien avec mon géniteur.

Se concentrer sur les conséquences extérieures comme si je n'étais qu'un personnage secondaire et non la protagoniste de mon mal-être, est une phase de déni dans laquelle je me sens bien.

Bruce... C'est tout ce que j'ai comme information.

Cela fait bien 4 jours, 75 heures et 57 minutes au total, que je me casse la tête à retourner internet avec une seule et même cible en tête, et ce, en enlevant les moments que j'ai dû consacrer à mes cours.

Bruce. Plus je le répète encore et encore, plus il semble se déformer sur mes lèvres. Il sonne faux, il a la même odeur qu'un plat si sucré qu'il nous donne mal au ventre.

Je n'arrive même pas à le prononcer à voix haute, comme s'il l'était interdit.

C'est pas Voldemort pourtant.

Quoi que...

Le visage bien trop près de l'écran de mon ordinateur, la bouche pleine du même plat que je mange depuis le début de la semaine, je ne jette même pas un œil vers l'objet qui vibre sur mon bureau.

Je ne sais combien de fois mon téléphone a sonné, combien de messages j'ai reçu... Je les ai tous ignorés. Je vais bien !

Pourtant j'ai toujours cette foutue voix dans ma tête qui ne cesse de me rayer le crâne avec ses mots. Ils sont acides, amères, froids.

T'as pas oublié ? Tu cherches quelqu'un qui ne veut pas de toi, c'est fou ça !

Laisse-le, tu t'accroches vraiment comme une vieille tache de javel.

T'es pathétique.

Ridicule.

Nulle.

Je ne saurais pas comment l'expliquer, mais parfois, il ne paraissent plus si insensés et blessants, ils se transforment en simples banalités et deviennent presque logiques. C'est dans ces moments-là que je me rends compte qu'ils font réellement mal.

Lorsque la douleur devient une habitude...

Je suis juste concentrée dans une tâche qui va me faire sombrer dans quelque chose de mauvais si je ne fais pas une pause.

Je ne cesse de penser à la raison pour laquelle il a pu fuir, me laisser sans figure paternelle, sans amour paternel, et surtout avec ce trou dans ma poitrine que j'essaie de remplir comme je peux.

« Tu fais une fixette » me dirait ma mère. Oui sûrement, mais son absence est accrochée à ma peau avec des griffes. Laisse-moi juste essayer de la détacher. L'histoire avec l'amie de Lilou était la goutte de trop, je suppose.

Je ne sais pas soigner quelque chose que je connais pas. Je ne me suis pas blessée toute seule, mais pourtant j'ai l'impression d'avoir avalé un poison et que la seule personne à connaître l'antidote a disparu, me laissant avec le liquide mortel dans mon corps.

Broken ButterflyDonde viven las historias. Descúbrelo ahora