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   Draken arrêta sa moto sur le parking sur lequel ils étaient arrivés, et Seishu le lâcha immédiatement. Il descendit de la moto sans attendre que son ami éteigne le moteur et regarda longuement l'immeuble en face d'eux. Il était haut, couvert de vitres transparentes qui reflétaient la lumière du soleil et les autres buildings alentour. Seishu n'avait aucune idée du nombre d'étages qu'il pouvait y avoir, mais il devait y en avoir un nombre élevé, et les étages devaient être très grands, avec beaucoup de bureaux. Il ne faisait aucun doute qu'ils étaient au bon endroit, c'était là que Rindo travaillait.
   Seishu n'était jamais venu là, il n'en avait pas eu l'occasion et puis on ne débarque pas dans un cabinet d'avocat comme ça. Le jeune homme ne chercha pas à inspecter les lieux plus longtemps, il fonça sur l'entrée du bâtiment à toute vitesse, ses talons claquant au sol avec force. Il marchait si vite que le bruit de ses talons produisait le même clapotement que celui de la pluie, sa respiration était précipitée et sa poitrine se gonflait à toute allure. Il avait du mal à reprendre son souffle et à retrouver son calme, une terrible colère bouillonnait en lui et l'empêchait de réfléchir calmement, il était presque hystérique. Ses poings serrés tremblaient de fureur, tout son corps était tendu, et ses yeux habituellement si clairs s'étaient assombris, à tel point qu'ils en changeaient presque de couleur. 
   Le jeune homme s'arrêta devant les plaques accrochées sur la façade du mur près de l'entrée et regarda les noms inscrits dessus. Il y avait bien celui de son ami.
   Seishu poussa alors brutalement la porte de l'immeuble et entra en trombe dans le bâtiment, faisant sursauter toutes les personnes présentes dans le hall. Il ne tint pas compte de l'agitation qu'il produisit, et se rua vers le guichet d'accueil. Il doubla la file d'attente devant sans aucune gêne et se plaça devant l'homme qui parlait avec la personne devant le comptoir, ce qui lui valu les injures de nombreuses personnes.
   — Où est le bureau de Rindo Haitani, demanda-t-il d'une voix essoufflée.
   — Monsieur, vous ne pouvez pas entrer ici comme un sauvage et doubler tout le monde, il y a des personnes ici qui font la queue depuis un bon moment, dit l'hôte d'accueil avec froideur. Je vais vous demander de sortir, et lorsque vous serez calme, vous pourrez de nouveau-
   — Je sortirai pas, je veux voir Rindo et t'as intérêt à me donner tout de suite son étage, dit Seishu d'une voix tremblante de colère.
   — Seishu, s'exclama une voix. Seishu pourquoi tu m'as pas attendu ?!
   Seishu ne prit pas la peine de tourner la tête vers son ami qui l'appelait, et continua de fixer l'homme en face de lui avec colère. Draken le rejoignit rapidement, essoufflé, et le décala prudemment sur le côté.
   — Désolé pour cette entrée, s'excusa-t-il poliment. Nous sommes des amis de Mr. Haitani et nous venons lui rapporter quelque chose d'important, il nous a demandé de venir mais il a oublié de nous dire à quel étage se trouvait son bureau. Est-ce que vous pourriez nous le donner ?
   — Donnez-moi ce que vous devez lui rapporter, je lui transmettrai moi-même.
   — C'est que... c'est quelque chose d'assez privé..., inventa Draken. C'est à propos de... de son père. Il est très malade et on doit apporter des nouvelles très importantes à Rindo... enfin à Mr. Haitani.
   — Il est actuellement en consultation, il ne peut pas vous recevoir, dit l'hôte en vérifiant son agenda.
   — Oui mais ça ne peut pas attendre. Donnez-nous juste son étage et nous aviserons avec lui, insista Draken.
   Si ça ne tenait qu'à Seishu, il lui aurait déjà enfoncé la pointe de ses talons dans ses yeux. Cet homme leur faisait perdre un temps précieux, ils devraient déjà être dans le bureau de Rindo, à régler le problème avec lui. Seishu ne supportait pas de devoir attendre, il avait besoin de savoir ce qu'il se passait au plus vite, et plus il attendait, plus il sentait sa peur et sa colère monter en lui. Il était rarement aussi en colère, d'habitude, il réussissait à se contenir un minimum, mais là, il était sur le point d'exploser.
   Ça faisait un moment qu'il était tendu, et plus les jours passaient, plus son stress et sa frustration montaient. Ça faisait plusieurs semaines qu'Hajime se comportait étrangement avec lui, et Seishu était vraiment inquiet. Il n'avait pas l'air bien du tout, il était fuyant, il souriait moins, il parlait moins... Il ne sortait plus, le soir il rentrait tôt et il ne faisait presque rien, il restait assis sur le canapé à lire, il n'arrivait plus à travailler. Il regardait à peine son téléphone, si bien qu'il pouvait mettre plusieurs heures à répondre à ses messages, et comme Seishu le bombardait en permanence de messages, autant dire qu'il était toujours très inquiet de ne pas recevoir de réponse. Hajime mangeait moins, il n'arrivait pas à dormir, il se douchait seul, et plus longtemps que d'habitude... Et même la nuit il était étrange... Le fait qu'il s'habille pour dormir inquiétait vraiment Seishu, ce n'était pas que ça le dérangeait pour son plaisir personnel, il n'était pas pervers à ce point non plus, mais ça l'inquiétait... qu'est-ce qu'il avait pu arriver à Hajime pour qu'il devienne si distant avec lui ?
   Au début, Seishu pensait qu'il avait fait quelque chose de mal, mais il ne voyait pas quoi. Il avait bien essayé de lui en parler, mais son petit ami lui avait assuré que tout allait bien et qu'il n'avait rien fait du tout. Et pourtant, il continuait de se comporter étrangement. Hier soir, Seishu avait essayé de l'écouter et de lui montrer qu'il était là pour lui, il avait essayé de le mettre à l'aise, de le rassurer, mais Hajime était parti s'enfermer dans la salle de bain et il l'avait entendu fondre en larmes sous la douche. Il ne supportait pas de le voir dans cet état sans pouvoir rien faire. Hajime méritait tout le bonheur du monde, et Seishu faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le rendre heureux, mais ça ne marchait pas, et il ne comprenait pas pourquoi. Si Seishu n'était pas le problème et que Hajime ne se sentait pas simplement mal dans sa peau, c'était qu'il manquait un élément à Seishu.
   Il y avait forcément quelque chose qui se passait et qui faisait du mal à son petit ami. Peut-être que quelqu'un s'en prenait à lui, ou peut-être qu'il lui était arrivé quelque chose... Seishu avait essayé de fouiller dans son téléphone, mais Hajime avait changé code et il avait retiré son empreinte et son visage, pour l'empêcher de déverrouiller son téléphone. Il avait aussi changé tous les mots de passe de ses réseaux sociaux. Seishu avait donc raison, son petit ami lui cachait bien quelque chose.
   Seishu ne pouvait plus laisser cette situation se prolonger. Son petit ami allait mal, il devait le protéger, et il était prêt à faire n'importe quoi pour lui. Si jamais quelqu'un s'en prenait à lui, il irait le tuer à mains nues s'il le fallait, mais il ferait n'importe quoi pour protéger Hajime. Il était hors de question qu'il souffre une journée de plus, Seishu devait le sortir de là. Et pour cela, il devait aller parler avec Rindo. Rindo était le meilleur ami d'Hajime, s'il y avait bien quelqu'un qui devait être au courant de ce qu'il se passait, c'était lui. Et puis, lundi il s'était passé quelque chose d'étrange. Lorsque Seishu était rentré chez lui le soir, il avait trouvé Hajime chez lui avec Rindo et Hanma, et ils s'occupaient tous les deux de lui. Ils ne l'avaient pas lâché de la soirée, et lorsqu'ils étaient enfin partis, ils avaient répété plusieurs fois à Seishu de faire attention à Hajime. Il s'était sûrement passé quelque chose ce jour-là. 
   Et Seishu était prêt à faire n'importe quoi pour faire parler Rindo. Il était midi alors Seishu était en pause pour déjeuner, et comme il travaillait à la boutique aujourd'hui, il en avait profité pour traîner Draken avec lui et foncer jusqu'au travail de Rindo. C'était le moment ou jamais de le faire parler.
   — Il est au deuxième étage, finit par soupirer l'hôte. Sur votre gauche, ça serait la première à droite.
   Seishu ne prit pas la peine de remercier l'homme et partit aussitôt, laissant Draken se charger des formules de politesse. Il s'engouffra dans le premier ascenseur qu'il trouva et pressa avec impatience le bouton numéro deux.
   — Attends-moi, s'exclama Draken en courant vers lui, alors que Seishu martelait le bouton du doigt. Tu sais Rindo est peut-être avec un client, on devra sûrement attendre-
   — Et ben son client partira.
   — Seishu tu peux pas débarquer comme ça, tu dois respecter son travail-
Le jeune homme n'écouta pas son meilleur ami et sortit de l'ascenseur, qui venait de s'ouvrir. Il se pressa dans le couloir et suivit le chemin que leur avait indiqué l'hôte d'accueil. Il ne fit pas vraiment attention au décor, de toute façon ici tous les couloirs devaient se ressembler et il n'y avait rien de particulier à relever. Seishu tourna à la hâte dans les couloirs, cherchant des yeux le nom de Rindo sur les petites plaquettes accrochées aux portes.
— Frappe avant d'entrer hein, lança Draken en courant derrière lui pour le rattraper.
Seishu l'ignora une fois de plus et s'arrêta devant une porte. Le nom de son ami était marqué dessus, c'était son bureau. Le jeune homme enclencha la poignée et ouvrit d'un coup la porte, sans frapper, et pénétra immédiatement la pièce.
— Qu'est-ce qu'il arrive à Hajime, demanda-t-il d'une voix forte.
Rindo, qui était assis juste en face de lui, releva vivement la tête et le dévisagea sans comprendre. Il était assis à son bureau, juste devant un mur transparent qui permettait de voir les bâtiments de la ville. Un classeur était ouvert sur son bureau, et une tasse de café reposait juste à côté. En face de lui, une femme qui paraissait assez jeune était assise sur une chaise, et lorsque Seishu entra, elle se tourna d'un coup vers lui et le dévisagea de haut en bas. Rindo et elle fixèrent Seishu et Draken de la même manière, avec un sourcil légèrement haussé, et un regard qui en disait long sur ce qu'ils pensaient tous les deux.
— Seishu, je suis occupé là, dit Rindo d'un ton calme.
— Hajime va mal et je suis sûr que tu sais ce qu'il se passe, alors t'as intérêt à me le dire tout de suite parce que je te préviens je te lâcherais pas, s'exclama Seishu avec un regard froid.
— Je vous dérange peut-être, intervint la femme d'un air indigné. Qu'est-ce qui vous prend de débarquer comme ça et de parler de cette manière ?! Vous ne pouvez pas attendre votre tour, comme tout le monde ?!
— Je dois lui parler, vous pouvez partir s'il vous plaît ?
   — Je ne crois pas non, nous sommes en plein rende-vous et vous venez interrompre mon avocat pour une histoire privée, s'énerva la cliente. Si vous êtes son ami, vous pourriez au moins avoir le respect de le laisser travailler, non mais où est-ce que vous vous croyez ?!
— Seishu arrête, dit Draken en essayant de le tirer discrètement par le bras. Fais pas de scène devant elle...
— Est-ce que tu peux juste attendre que nous terminions notre rendez-vous, demanda Rindo, qui semblait de plus en plus mal à l'aise.
— Non je peux pas attendre, Hajime va mal et toi tu fais rien du tout, s'écria Seishu en entrant dans la pièce pour foncer vers son ami. Je sais très bien que t'es au courant, alors dis-moi ce qu'il se passe ! T'es son meilleur ami et tu fous rien pour l'aider, tu le laisses s'enfoncer et tu m'empêches de l'aider !
— J-Je fais pas rien, je...
— Tu dis rien, et ça revient à ne rien faire, s'écria Seishu en frappant brutalement le bureau.
— Seishu je...
— Mais qu'est-ce qu'il vous prend, s'exclama la femme en se levant pour s'interposer entre Seishu et Rindo. Vous allez sortir tout de suite ou j'appelle la sécurité, faites attention je connais très bien mes droits et je n'hésiterais pas à les utiliser, ni à utiliser la légitime défense !
— Non, non, pas besoin d'en arriver là, s'empressa de dire Draken en tirant Seishu en arrière.
— Oui, tout va bien ne vous inquiétez pas, dit Rindo en se levant précipitamment. Je suis désolé, est-ce que ça vous dérangerait de repasser un autre jour pour terminer votre dossier ?
   — Bien sûr que si ça me dérange, je ne vais pas vous laisser avec ce fou !
   — C'est mon ami ne vous en faites pas, tout va bien se passer. Pouvons-nous reprogrammer un rendez vous ?
— Comme vous voulez mais bon, c'est particulièrement énervant. Je peux repasser demain, proposa la femme, tout en jetant un regard froid à Seishu.
— Très bien, vous n'aurez qu'à venir à la même heure. Si cela vous convient ?
— Oui, c'est bon pour moi.
— Très bien, et puis cela vous permettra de me ramener les dossiers que je vous ai demandés. Je suis vraiment désolé pour ce désagrément Madame H-
— Je veux que vous m'appeliez pas mon prénom !
— Je vous ai déjà dit que vous étiez ma cliente alors je-
— Je m'appelle Yuki ! Je déteste qu'on me dise « madame », je suis encore très jeune, et ça me fait me sentir si vielle...
   — Je suis votre avocat et en tant que tel je-
   — Je m'appelle Yuki, répéta la femme d'un air têtu. Je ne suis pas une vielle de soixante ans !
— Très bien, alors je suis désolé pour ce désagrément Yuki, soupira Rindo d'un air mal à l'aise. Je vais vous raccompagner si cela ne vous dérange pas...
Rindo aida sa cliente à ranger ses affaires, tout en évitant soigneusement le regard de Seishu et Draken, et la conduisit ensuite hors de son bureau. Il sortit avec elle pour la raccompagner, et ferma la porte derrière lui, laissant Seishu seul avec son meilleur ami.
— T'es con ou quoi, s'exclama Draken en lui frappant l'épaule.
— Quoi, demanda sèchement le jeune homme.
— « Quoi », c'était sa mère imbécile !
— Hein ?
— Sa cliente, c'était sa mère !
— Qu'est-ce que tu racontes ? Elle s'est barré sa mère, dit Seishu sans comprendre.
— Mais t'as pas vu qu'elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau ?! Ils ont fait exactement la même tête quand t'as débarqué dans le bureau, et elle parle de la même façon que lui ! En plus elle veut qu'il l'appelle par son prénom, c'est parce qu'elle sait que c'est son fils imbécile ! T'es con ou quoi ? Le pauvre, t'as dû le mettre super mal à l'aise.
Seishu fronça les sourcils et regarda devant lui d'un air perdu. La mère de Rindo ? Mais elle était partie lorsqu'il était enfant, elle l'avait abandonné. Comment pouvait-elle se retrouver ici ? Dans sa colère, Seishu n'avait pas vraiment fait attention à elle, mais maintenant qu'il y réfléchissait, c'était vrai qu'elle était le portrait craché de Rindo. Elle avait exactement le même regard, sa mâchoire était marquée de la même façon, ses sourcils arqués exactement comme ceux de Rindo, et elle avait le même timbre de voix que lui. Elle était littéralement la version féminine de lui, comment est-ce que Seishu avait pu ne pas le comprendre immédiatement ?! Ça ne pouvait être que sa mère. C'était peut-être pour ça qu'elle avait aussi mal réagi en le voyant s'en prendre à Rindo, elle avait presque l'air prête à se battre avec lui. Mais ça n'avait aucun sens...
— Mais je croyais que sa mère l'avait abandonné, dit Seishu en perdant son air colérique.
— Je pensais aussi, eut le temps de dire Draken avant que la porte du bureau ne s'ouvre.
Les deux jeunes hommes se tournèrent en même temps et virent Rindo revenir. Il avait toujours la tête légèrement baissée pour éviter leur regard, mais Seishu put clairement voir que ses yeux brillaient et que sa mâchoire était serrée. Il passa devant eux sans un mot, n'osant sûrement rien dire tant il devait être mal à l'aise, et contourna son bureau. Il rangea en silence ses dossiers, tria les feuilles qui traînaient sur son bureau, les plaça dans un tiroir, puis il releva enfin les yeux vers eux.
— Désolé, j'ai pas réussi à le retenir, dit aussitôt Draken.
— Peu importe...
— C'était ta mère, ne put s'empêcher de demander Seishu.
Rindo détourna le regard et Draken fusilla Seishu des yeux pour le faire taire.
— Le dites à personne, et surtout pas à Ran.
— Mais elle sait que t'es son fils ?!
— Je sais pas.
— Elle t'avait pas abandonné ?!
— Arrête, ça nous regarde pas, dit Draken. On est venu parce qu'il y a un problème avec Hajime, et que comme t'es son meilleur ami, on s'est dit que t'étais forcément au courant.
— Qu'est-ce qu'il se passe, demanda Rindo avec appréhension.
— Il a été super bizarre cette semaine, dit aussitôt Seishu d'un air inquiet. Il avait pas l'air naturel, il a loupé des jours de travail, et hier il a fondu en larmes juste parce que je l'ai pris dans mes bras. Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
Rindo se mordit la lèvre d'un air embêté.
— Il t'a rien dit ?
— Mais non !
— Je peux pas te le dire, je lui ai promis de rien dire...
— Non mais Rindo on s'en fiche que tu lui aies promis ! Je suis super inquiet là ! Si tu sais un truc faut me le dire !
— Mais il m'a juré qu'il te le dirait lui-même...
— Qui est au courant, demanda Seishu avec agacement.
— Moi et Hanma.
— Ok je vais demander à Hanma.
— Non il te le dira pas non plus.
— Bon alors je vais me débrouiller pour fouiller dans son téléphone, dit Seishu avec détermination.
— Non, s'exclama aussitôt Rindo avec affolement.
— Qu'est-ce que je dois pas voir dans son téléphone ?
— ... Rien...
— Rindo dis-le moi tout de suite avant que je pète un câble.
— ... Je peux pas, murmura le jeune homme en baissant les yeux.
— Mais on s'en fout que tu tiennes pas ta promesse, il s'en remettra ! T'es au courant qu'il va mal non ? Alors pourquoi tu dis rien, s'écria Seishu avec colère.
— Mais parce que je suis déjà en train de régler la majeure partie du problème, et le reste c'est à Koko d'en parler...
— Tu règles le problème ?
— Oui.
— Pourquoi toi ?
— Je suis son meilleur ami, c'est normal que je l'aide.
— Non. Tu l'aides parce que t'es dans le droit ?? Il lui est arrivé quoi ???
— ... Je...
— Rindo parle tout de suite. Mieux vaut que tu le dises toi-même plutôt que je le découvre seul et que je fasse un double meurtre avec toi et Hanma. Hajime va super mal, c'est de pire en pire tous les jours, et toi tu le sais et tu fais rien ?! Mais merde Rindo, t'attends quoi pour te bouger ?! Si tu dis rien ça veut dire que tu le laisses tomber, t'es son meilleur ami alors aide-moi à le protéger !
Rindo le regarda avec inquiétude et secoua la tête un instant. Pourquoi est-ce qu'il continuait de se taire ? Son meilleur ami allait mal et il ne disait rien, ce n'était pas normal. Il aurait dû prévenir Seishu dès le départ qu'il y avait un problème, Seishu était son petit ami, il devait être au courant de ce genre de chose ! Il devait le savoir lorsque son petit ami se sentait mal, il devait pouvoir l'aider et l'écouter ! Comment se faisait-il qu'il soit exclu de tout ça ? C'était lui le problème ?!
Rindo finit par baisser les yeux et soupira.
— ... Il se fait harceler par des personnes de ton école, murmura-t-il d'une voix presque inaudible.
— Pardon, s'exclama Seishu en s'approchant du bureau.
— Des étudiants dans ta classe et dans d'autres classes de ton école d'art s'en prennent à lui, avoua Rindo à voix basse. Ils le font sur les réseaux, il a reçu plein de messages. La plupart étaient des insultes, mais certains sont allés plus loin et lui ont envoyé des vidéos pornograhiques... L'un d'eux a fait une toile de lui dans le même style, avec des copies qu'il a partagé, et il a reçu des menaces. Il m'a déjà tout envoyé et j'ai déjà prévenu la police, et avec tous les éléments que j'ai donné ça va vite être réglé. J'ai dit que je m'en occupais et je le fais vraiment, je suis déjà allé au commissariat avec Koko, et je suis allé voir certains élèves... M-Mais il s'est fait agressé lundi dernier par une fille de ta classe, elle voulait le forcer à poser pour lui et elle a fini par s'en prendre à lui et le toucher. J'ai aussi prévenu la police, y'a rien d'autre à faire de ce côté-là... Je t'ai rien dit parce que Koko m'avait promis de te prévenir dans les jours qui suivaient, et je voulais respecter sa décision...
— Non, coupa Seishu en secouant la tête. Non c'est pas possible.
— ... Je suis désolé...
— Non, impossible. Non.
— Je sais que c'est horrible... Je... Je suis désolé Inui...
— Koko s'est fait agressé, s'exclama Draken avec horreur.
— Un peu... La fille l'a touché et l'a embrassé, mais avec Hanma on est arrivé à temps et on a pu l'arrêter... Inui j-je suis désolé, je sais que j'aurais dû te le dire, mais Koko ne voulait pas et quand j'ai essayé de la faire, il a fait une crise de panique alors j'ai eu peur...
Seishu ne répondit pas. Il n'eut aucune réaction. Pas le moindre geste, ni la moindre expression. Pas un rictus. Il s'était paralysé, immobilisé devant son ami, et son visage s'était figé.
— Inui, appela Draken avec inquiétude.
   Tout en lui s'était comme rigidifié. Son sang ne circulait plus dans ses veines, ses pensées ne tournaient plus à toute vitesse, l'air qui circulait dans ses poumons s'était évaporé. Son corps n'était plus qu'une carapace, vide, sans plus aucun signe de vie à l'intérieur. Même ses yeux étaient devenus aveugles, ils ne voyaient plus, ils restaient vitreux, fixés sur le visage inquiet de son ami. Seishu était bloqué, son corps ne répondait plus et sa conscience s'était endormie. Il était immobile, raide comme un piquet au milieu du bureau, comme figé par l'espace qui l'emprisonnait, bloqué par le temps suspendu. Il entendait la voix lointaine de ses amis, et pourtant, il n'arrivait pas à réagir, et bientôt, la seule pensée qui réussit à se former dans son esprit se résuma à une seule parole. « Il se fait harceler pas des personnes de ton école ». Hajime se faisait harceler par ses propres camarades. Hajime, son Hajime, se faisait harceler et agresser par ses amis, par ceux qu'il voyait chaque jour et à qui il souriait chaque jour.
   Et Seishu n'avait rien vu de tout cela.
— Inui ça va, demanda Rindo en fronçant les sourcils.
   — Seishu, demanda Draken en posant sa main sur son épaule. Hé Seishu, tu nous entends ?
Seishu ne répondit rien et sentit soudain une violent coup faire trembler son cœur. Toutes ses sensations revinrent brutalement et frappèrent sa poitrine, la flagellant presque. Une puissante vague de stress le submergea soudain, faisant monter le rouge à ses joues, la peur qui l'envahit se transforma en un énorme poing et écrasa sa poitrine subitement, si fort que son souffle se coupe et il tomba en avant avec impuissance.
— Seishu qu'est-ce qu'il se passe, s'écria Draken en le retenant du justesse.
— Inui tu nous entends, demanda Rindo en contournant rapidement son bureau pour l'aider.
Seishu tomba à genoux au sol, entendant à peine ses amis. Il avait l'impression d'avoir complètement perdu la parole, il n'arrivait presque plus à réfléchir. Le stress qui l'envahissait était si violent qu'il le paralysait, il le frappait presque, et Seishu avait l'impression d'être sur le point de faire un arrêt cardiaque. Son cœur semblait crier à l'aide et battait à toute vitesse contre ses côtes, chaque battement produisait une onde de vibration sonore qui traversait son corps, ils lui faisaient mal, c'était bien trop douloureux. Son cœur semblait se faire aspirer par un trou noir, et Seishu sentait que son cœur mourrait de peur, qu'il était affolé et qu'il tremblait de terreur. Sa respiration s'était coupée, dans sa gorge il y avait comme un trou, et une corde semblait s'être violemment nouée autour pour l'étouffer. Un froid soudain recouvrait son corps, et pourtant quelques minutes plutôt, il transpirait presque à cause de la colère. Mais là, il était gelé, il ne s'était jamais senti aussi mal.
Le jeune homme porta machinalement sa main à sa poitrine, il entrouvrit la bouche et chercha à respirer, mais sa bouche était devenue sèche, l'air lui grattait presque la gorge.
— Inui, doucement, tout va bien maintenant, Hajime est en sécurité, dit Rindo en s'agenouillant près de lui.
— Respire Seishu, tout va bien ok, dit Draken en passant sa main dans son dos. Calme-toi, ça va aller.
— Je peux pas, réussit à dire Seishu, à bout de souffle.
— C'est une crise de panique, dit Rindo avec inquiétude.
— Mikey en fait aussi, je sais ce qu'il faut faire, dit Draken avec calme. Seishu allonge-toi, fais-moi confiance.
Le jeune homme ne réussit pas à bouger, alors son meilleur ami le fit doucement basculer en arrière et l'allongea au sol. Il releva son menton, sûrement pour l'aider à respirer, et lui prit la main sans laisser paraître le moindre signe de panique. Seishu le laissa faire sans comprendre, il fixa le plafond en haletant difficilement, en ouvrant la bouche pour faire entrer le plus d'air possible. C'était la première fois qu'il ne réussissait plus à respirer correctement, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
   — Respire doucement, murmura Draken en posant sa main sur son cœur. Je vais compter jusqu'à cinq, et tu prendras une longue inspiration sur ces cinq temps. Ensuite, je recompterai jusqu'à cinq et tu expireras, et on recommencera. Tu es prêt ?
   Seishu hocha rapidement la tête, et son ami se mit à compter. Seishu ferma les yeux et se força à respirer lentement, mais seul un infime filet d'air parvenait à pénétrer ses poumons. Une main s'était refermée dessus et les oppressait, l'air ne pouvait plus rentrer dedans et sa poitrine ne se gonflait presque pas. Le jeune homme suffoquait, et pourtant, il s'obligeait à suivre le rythme de son ami. Il gardait les yeux étroitement fermés et broyait sa main, la respiration tremblante.
Ne pas comprendre ce qui lui arrivait l'effrayait encore plus, il ne comprenait pas pourquoi son corps réagissait ainsi, pourquoi est-ce qu'une peur écrasante s'abattait sur lui et déréglait tous ses sens. Il était incapable de savoir ce qu'il ressentait, incapable de savoir si c'était de la terreur, de l'angoisse ou une colère bouillonnante. Une carapace de glace enfermait son cœur et propageait un froid polaire dans son corps, et pourtant, à l'intérieur même de cette carapace, son cœur battait à tout rompre et brûlait de fureur.
Quelqu'un s'en était pris à Hajime. Plusieurs personnes l'harcelaient depuis des semaines et il n'avait rien vu. Comment est-ce qu'il n'avait pu rien voir ?! Comment avait-il pu être aveugle à ce point ?! Il savait qu'Hajime allait mal, il l'avait vu, il avait vu ses larmes et ses tremblements, il avait vu sa peur et... et il n'avait rien fait. Même Baji lui avait dit, il lui avait dit que c'était déjà arrivé qu'Hajime se fasse insulter par des élèves de sa classe sur Instagram, et pourtant, il n'avait pas protégé son petit ami. Il n'avait rien fait. Il l'avait laissé tomber, il l'avait laissé endurer tout cela seul, et il n'avait pas été là pour lui. Et maintenant... Hajime s'était fait agresser... Et c'était lui qui faisait une crise d'angoisse ?! Lui qui suffoquait, lui qui tétanisait, lui qui perdait le contrôle, alors qu'Hajime s'était fait agressé ?
   Seishu lâcha la main de son meilleur ami et pressa ses paumes contre ses yeux. Des larmes brûlaient ses paupières, son cœur battait toujours la chamade, et son souffle était toujours saccadé, mais ses esprits revenaient peu à peu et il sentait que son stress descendait d'un cran.
   — Tu te sens mieux, demanda Draken avec inquiétude.
   — Hmm... Rindo... où est-ce qu'elle l'a touché, demanda lentement Seishu.
   — ... E-Entre les jambes..., dit Rindo d'une voix tremblante.
   Seishu ne bougea pas tout de suite, et appuya un peu plus fort sur ses yeux pour s'empêcher d'exploser.
   — Elle l'a violé ?
   — Non... On l'a arrêté m-mais... elle a posé sa main s-sur lui et... et... elle l'a touché...
   Seishu prit une grande inspiration et retira ses mains pour fixer le plafond au-dessus de lui. Le froid glacial de l'angoisse laissait peu à peu place à la fièvre de la colère, et il sentait déjà ses joues s'échauffer, son sang bouillir dans ses veines, et son cœur entamer une nouvelle course.
   — Et tu t'es dit que garder ça pour toi, c'était une bonne idée, demanda Seishu en se relevant.
   — N-Non, s'exclama Rindo en secouant vivement la tête. Pas du tout, j-je voulais t'en parler mais Koko m'avait interdit...
   — Seishu fais attention, dit Draken en l'aidant à se mettre en position assise. T'es encore fragile, t'as fait une crise d'angoisse là...
   — Tu ferais mieux de boire un peu, dit Rindo en lui tendant une bouteille.
   Seishu saisit sa bouteille et la jeta soudain sur le côté, l'envoyant frapper le mur avec violence, ce qui fait sursauter ses amis.
   — Pourquoi tu m'as pas prévenu, cria-t-il d'une voix tremblante.
   — M-Mais c'est Koko, il... il v-voulait pas e-et..., bégaya Rindo en se reculant machinalement.
   — Ça fait des semaines qu'il se fait harceler et toi t'es au courant, et tu me dis rien, s'écria Seishu avec fureur. Tu te fous de moi j'espère ?!
   — Non, je t'assure que je voulais te le dire mais je... j'avais pas le droit et..., tenta de s'expliquer Rindo alors que des larmes tombaient sur ses joues.
   — Mais je m'en fou que t'avais pas le droit ! Ça fait des mois qu'il va mal, et toi tu savais tout et tu disais rien, tu te rends compte ?! Putain Rindo si tu m'avais tout de suite dit ce qu'il se passait, on en serait pas là et il se serait pas fait agressé, cria Seishu en sentant des larmes de colère et de peur tomber à son tour sur ses joues. C'est ton meilleur ami, t'avais une chose à faire pour le protéger, c'était en parler !
   — M-Mais je le protège, s'écria Rindo à travers ses sanglots. J-J'ai prévenu la police, je travaille t-tous les jours sur son dossier, je... Je l'aide, j-je le soutiens et q-quand il s'est fait agressé j'étais là, m-mais... M-mais il voulait pas que je te le dise, j-j'ai essayé de lui parler et... et de lui dire qu'il pouvait pas te cacher ç-ça ! J-je lui ai dis, m-mais il voulait pas e-et moi je... je peux pas tout géré e-en même temps, je-
   — Mais t'avais juste à venir me le dire, c'était la seule chose à faire, cria Seishu en se mettant debout. Putain j'y crois pas !
   — Seishu arrête, il n'y est pour rien, défendit Draken en fronçant les sourcils.
   — S'il m'aurait tout de suite dit ce qu'il se passait, Hajime se serait jamais fait agressé ! Rindo t'avais une chose à faire et tu l'as pas faite, t'avais une putain de chose à faire, ne pas le garder pour toi, et tu l'as faite ! Et maintenant Hajime s'est fait agressé, quelqu'un l'a touché et... et... Merde, fulmina Seishu en frappant le bureau de Rindo, faisant rouler au sol les stylos posés dessus.
   — Rindo n'est pas responsable de la situation enfin, ce n'est de la faute de personne, et c'est pas en t'énervant que ça va tout arranger.
   Seishu ne répondit pas, et fixa avec rage les murs transparents devant lui. Ses poings appuyés sur le bureau tremblaient, ses jointures ressortaient et sa peau était tiré sur ses tendons. Une veine de colère battait sa tempe, et la rage brouillait sa vision. Seishu n'avait jamais ressenti une telle colère, tout son corps émulsionnait et ses membres étaient agités par la fureur qui coulait dans ses veines. Et en même temps, une terrible peur écrasait son cœur et l'empêchait de respirer. L'effroi mêlé à l'épouvante l'empêchait de réfléchir, il était à la fois paralysé et déchaîné, tout se mélangeait dans son esprit. Il avait envie de tuer Rindo, de couper minutieusement en morceaux tous ceux qui s'en prenaient à son petit ami, et de serrer Hajime dans ses bras jusqu'à ce que tout disparaisse autour d'eux, et qu'il n'existe plus rien d'autre qu'eux.
   Mais il devait se calmer pour le moment. Savoir que Hajime s'était fait agressé le rendait malade, il n'arrivait pas à croire que cela avait vraiment pu arriver. Il s'était toujours juré de protéger Hajime, et au final, il en avait été incapable, et la pire chose qui pouvait arriver était arrivée. Il souffrait silencieusement depuis des mois, chaque jour il devait essuyer des injures, des critiques, des remarques, des messages, peut-être même des photos et des vidéos déplacées, et Seishu n'avait rien vu. Chaque jour, des personnes qui l'avaient connu grâce aux toiles de Seishu, devaient lui parler pour l'insulter, le rabaisser, lui faire du mal. Chaque jour, il devait se lever avec l'estomac noué, les mains moites et la gorge serrée. Chaque jour, il devait regarder son téléphone avec appréhension, faire lentement défiler ses messages avec la peur grandissante de tomber sur un mot qui le blesserait. Chaque jour, il devait sortir et regarder autour de lui, fixer chaque personne qu'il croisait et se demander si elle aussi, elle participait à cet harcèlement silencieux qui le hantait. Chaque jour, il devait rentrer à la maison et mentir, effacer ses peurs derrière de minces sourires, écouter Seishu lui raconter sa journée, lui parler de sa classe, de ses amis. Et chaque soir, il devait s'endormir dans la tourmente, les yeux brillants de larmes, les entrailles tordues par la peur, en se demandant encore et encore si le lendemain serait aussi horrible que la journée qu'il venait de passer.
   Et Seishu n'avait rien vu. Il n'avait rien vu du tout.
   Il n'arrivait pas à y croire... Hajime était tout pour lui, il était son monde, sa raison d'être, son bonheur, il était tout. Il était son cœur et son âme, la force qui le faisait se lever chaque jour, qui l'aidait à réaliser ses rêves, qui le poussait vers le haut. Hajime était bien plus qu'un petit ami, il était bien plus que son compagnon. Il était l'homme de sa vie, la personne que Seishu aimait le plus sur terre. Il était son étoile sur terre, il était comme une créature divine descendue du ciel pour embellir sa vie, il était sa muse, sa source d'inspiration. Un seul de ses sourires l'illuminait, et une seule de ses larmes l'anéantissait. Seishu l'aimait tellement qu'il serait prêt à n'importe quelle folie pour lui... Et savoir que des personnes s'en prenaient à lui... Il ne pouvait pas le supporter.
   Seishu releva la tête au moment même où la porte du bureau s'ouvrait.
   — Je suis revenue parce que j'entendais des cris alors... Mais enfin qu'est-ce qui se passe ici ?!
   Seishu tourna la tête en essuyant ses larmes, et vit que la cliente de Rindo, ou plutôt, sa mère, était de retour dans le bureau.
   — C'est rien ne vous inquiétez pas, dit Draken pour la rassurer.
   Yuki l'ignora, comme si personne n'avait parlé, et s'approcha de Seishu avec détermination.
   — Sortez tout de suite d'ici, vous n'avez rien à faire là et vous vous en prenez à mon avocat, je vais appeler la police, menaça-t-elle avec agacement.
   — Non, il n'a rien fait, dit Rindo d'une voix étranglée, en se dépêchant d'essuyer ses larmes.
   — Vous voulez que j'appelle la sécurité, demanda sa mère en s'accroupissant près de lui pour passer sa main dans son dos. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il s'en est pris à vous ?
   Seishu soupira de frustration et se retint de lever les yeux au ciel. Certes, cette situation pouvait prêter à confusion, avec Rindo qui sanglotait toujours au sol, et Seishu qui s'était relevé et qui fulminait... Mais de là à dire qu'il l'avait agressé, elle exagérait. Et puis qu'est-ce qui lui prenait ? Elle l'avait abandonné non ?
   — Non ça va, dit Rindo en secouant la tête. Tout va bien...
   — Ça n'en a pas l'air ! Vous êtes sûr que tout va bien ?
   — De toute façon je m'en vais, je dois aller voir Hajime, dit Seishu en faisant volte-face. Draken j'ai besoin de ta moto.
   — Ok mais fais attention, dit Draken en lui tendant ses clés.
   — Seishu je... je suis désolé... je voulais vraiment te le dire..., dit Rindo en se relevant.
   Seishu saisit les clés de son ami, il ignora Rindo, et s'en alla sans lui lancer le moindre regard. Il était trop en colère pour lui parler, Rindo avait été incapable de protéger Hajime, alors Seishu ne voulait plus entendre parler de lui pour l'instant. Il savait tout depuis le début, s'il lui avait dit, Seishu aurait pu en parler avec ses camarades de classe, il aurait pu les arrêter et mettre fin à ce harcèlement, et Hajime n'aurait jamais été agressé... S'il avait su tout cela, il aurait pu protéger Hajime... Il aurait pu tout changer.

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