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Keisuke mit plus de deux heures avant de s'endormir. Il avait d'abord fallu qu'ils regardent une série sans aucun intérêt sur leur ordinateur, qu'ils câlinent Peke J une bonne vingtaine de minutes, puis que Kazutora lise une histoire à Keisuke, avant qu'il ne finisse par s'endormir. À présent, il dormait paisiblement dans son lit, ses bras serrés autour de sa taille, son visage enfouit dans son cou, et ses joues humides contre sa peau. Kazutora caressait doucement ses cheveux pour le bercer, comme Keisuke le faisait lorsque c'était lui qui s'endormait en larmes dans ses bras. Il avait posé sa tête sur la sienne et le serrait aussi contre lui, mais il n'arrivait pas à dormir. Son regard était perdu dans le vide, rivé sur le mur blanc en face de lui. Il connaissait par cœur ce décor, il avait passé tellement dans cette chambre, dans ce lit...
   Il se souvenait encore de toutes les fois où il avait dormi ici, blotti dans les bras de son meilleur ami, à pleurer sans pouvoir s'arrêter. D'habitude, c'était lui qui pleurait contre Keisuke et qui s'endormait en premier, et c'était Keisuke qui tentait de le consoler. Kazutora se souvenait encore de sa main qui passait dans ses cheveux avec douceur, de ses doigts qui enroulaient ses mèches noires, avant de les ramener délicatement derrière ses oreilles. Il se souvenait de ses murmures pour le rassurer, de son pouce qui passait sur sa joue, et de ses lèvres qui embrassaient son front. Keisuke l'avait bercé tant de fois dans ce lit qu'il avait presque l'impression d'être dans sa propre chambre. Et depuis qu'il lui avait dit qu'ils étaient ensemble... Les souvenirs de Kazutora revenaient lentement. Ils n'étaient jamais partis, ils étaient seulement imprécis, étranges. Kazutora s'était déjà vu embrasser Keisuke, mais il avait toujours refusé de penser que c'était vraiment arrivé. Il pensait que c'étaient juste des rêves étranges... Ou alors qu'il avait aimé Keisuke dans son adolescence, mais que ça n'avait pas été réciproque...
   Mais maintenant que cette partie de sa vie était débloquée dans son esprit, tout lui revenait peu à peu, les meilleurs souvenirs comme les pires. Les images de leurs nuits d'amour se mélangeaient avec celles de leurs nuits noires. Il se revoyait embrasser son meilleur ami avec passion, et il se revoyait en larmes, en train de se couper la peau. Il n'arrivait plus à faire le tri tant ses souvenirs revenaient vite, et tous les sentiments qui les accompagnaient lui donnaient le vertige. Il était complètement perdu, et le pire dans tout cela, c'était qu'il se rendait encore plus compte de tout le mal qu'il avait fait autour de lui. En oubliant son adolescence, il avait aussi oublié toutes les larmes qu'avait versées Keisuke pour lui... Et à présent, il en versait de nouvelles par sa faute...
Kazutora cligna lentement des yeux et arrêta de caresser son meilleur ami. Il se leva et s'extirpa difficilement de ses bras chaleureux, en faisant de son mieux pour être aussi discret que possible. Il s'assura qu'il était profondément endormi, avant de passer délicatement au-dessus de son corps et de quitter le lit. Keisuke grogna dans son sommeil, il se retourna en tirant son oreiller dans ses bras, et se retourna sur le côté. Soulagé qu'il ne remarque rien, Kazutora partit en silence de la chambre et s'avança à pas de velours dans le couloir. Il n'était pas éclairé, mais une lumière s'échappait du salon et découpait l'obscurité. Ryoko devait être encore éveillée, la connaissant elle devait sûrement être dans le salon, à regarder un feuilleton au hasard pour se vider l'esprit.
   Kazutora s'avança lentement et chercha sa silhouette dans la lumière du salon. Elle était allongée dans le canapé, une tasse de lait fumante était posée sur la table, et un feuilleton défilait sur la télévision. Elle avait l'air de s'endormir. Toute cette histoire devait l'épuiser elle aussi, ce ne devait pas être évident de voir son fils aller mal, surtout qu'elle était très proche de Keisuke... C'était de sa faute tout ça, Kazutora n'apportait que des problèmes à leur famille...
   Le jeune homme baissa les yeux et se détourna du salon. Mieux valait qu'il laisse Ryoko se reposer, il ne pouvait pas de partir se plaindre dans ses bras. Il ne devrait même pas être ici, sa présence était inutile, elle n'attirait que la tristesse de ceux qu'il aimait. Il serait beaucoup mieux chez lui, chez ses parents, avec personnes pour souffrir autour de lui. Il valait mieux que lui aille mal, plutôt que tous ceux qu'il aimait.
   Kazutora partit à pas feutrés dans la salle de bain, il ferma la porte derrière lui, s'adossa contre, et se laissa glisser au sol avec lenteur.
   Il se sentait horriblement oppressé. Il avait mal au cœur, du mal à respirer, et il sentait de nouveau des larmes bloquées derrière ses yeux. Il ne connaissait que trop bien cette sensation, il l'avait tant ressenti qu'elle faisait partie de lui à présent. C'était douloureux, une sensation de mal-être qui ne le quittait jamais vraiment. Bien qu'en ce moment, il la sentait beaucoup moins, parce qu'il arrivait à être heureux, mais maintenant qu'il faisait de nouveau du mal à Keisuke...
   Tous ses sentiments revenaient au galop dans sa poitrine et le martelaient de coups. Cette sensation de mal-être ne l'avait jamais quittée au fond, elle était toujours là, tapie au creux de son cœur, dans l'ombre de son bonheur. Elle était comme une vielle amie, lorsqu'il allait mal, il la rejoignait silencieusement, s'asseyait à ses côtés, et ils restaient ainsi tous les deux. Elle était toujours là, au tournant de ses heureuses pensées. Assise dans le coin d'un mur, à tenir ses genoux contre son torse, comme une petite fille perdue au bord d'une route.
   Oui, cette sensation de mal-être était comme une vieille amie pour lui. Kazutora s'attachait à cette petite fille sans pouvoir s'en empêcher. Et doucement, il finissait par s'habituer à elle, à l'aimer, à vouloir sa compagnie. C'était peut-être cela qui faisait d'elle un danger. Mais Kazutora le savait, et il faisait de son mieux pour la quitter et ne plus y penser. Mais quoiqu'il arrivait, il savait que lorsqu'il allait mal, elle lui gardait toujours une place à ses côtés, dans l'obscurité de ses pensées. Et parfois, sans pouvoir s'en empêcher, il retournait vers elle.
   Il la sentait près de lui en ce moment même, il pouvait même l'imaginer assise près de lui, contre la porte de la salle de bain. Le jeune homme tourna lentement la tête, et comme il s'y attendait, il croisa le regard sombre de son mal-être.
   Kazutora se mordit les lèvres et leva les yeux au plafond, les mains tremblantes. Il était de plus en plus oppressé, son cœur battait trop vite. Il savait très bien ce qui suivait ce genre de moment, ça lui était arrivé trop de fois pour qu'il l'oublie. Il connaissait très bien cette peur qui l'envahissait, ce mal qui nouait ses entrailles, ces décharges qui affolaient son cœur, et sa peau qui commençait à le démanger...
   Ce qui suivait ces signes de détresse était toujours la même chose. Lorsque ses pensées tournaient trop, que son cœur le tuait à petit feu, et que la compagnie de sa vieille amie n'était plus assez, Kazutora s'enfermait. Il prenait une lame, baissait les tissus qui le couvraient, et dessinait de nouvelles lignes sur sa peau. Mais il ne l'avait plus fait depuis longtemps, il avait promis d'arrêter... Même s'il avait trouvé des moyens plus invisibles pour se faire du mal. Se rendre malade en se jouant du temps froid qui couvrait la ville. S'épuiser en restant éveiller toute la nuit. Dérégler ses douches pour que l'eau brûle son corps. Se mordre les lèvres, s'arracher la peau des doigts, se percer le corps, se forcer aux baisers et aux caresses. Tout était bon à prendre tant que c'était discret.
   Le jeune homme prit une grande inspiration et leva le poignet. Il attrapa l'élastique qui pendait autour, le tira, puis il le lâcha, et l'élastique claqua contre sa peau. Kazutora baissa la tête et soupira. Il tira de nouveau sur l'élastique. Il l'éloigna un peu plus cette fois puis il le lâcha, et l'élastique claqua contre sa peau. Il recommença aussi, sans faire attention à la trace rouge qui était apparue sur sa peau. Il continua de faire claquer l'élastique contre sa peau, le regard perdu dans le vide. L'élastique claquait de plus en plus fort, il claquait, encore et encore, il s'éloignait de plus en plus de sa peau, avant de revenir la fouetter brutalement. Il laissait de nombreuses marques de feu, des demi-cercles rouges qui se chevauchaient et le brûlaient, mais Kazutora continuait d'ignorer la douleur. Il avait mal, mais ce n'était pas suffisant, et ça ne l'aidait pas à se calmer.
Allez... Pourquoi est-ce que son cœur battait aussi vite et que ses lèvres tremblaient ainsi ? Pourquoi est-ce qu'il sentait des larmes bloquées derrière ses iris et le démanger ? Il connaissait trop bien toutes ces sensations, il connaissait par cœur ce sentiment de désespoir qui l'envahissait... La petite fille près de lui avait posé la tête sur son épaule, sa froideur l'envahissait, comme du givre blanc grimperait lentement sur une fenêtre de cristal, et il savait très bien ce qui suivait cela...
Il essayait de résister à son envie de se faire du mal, et claquer son élastique contre sa peau devait le calmer, mais il n'y arrivait pas. Il avait réussi à s'arrêter, il ne s'était rien fait depuis des années, pourquoi est-ce qu'il ressentait soudain l'envie de se déchirer la peau ? Pourquoi avait-il de nouveau l'impression d'être bloqué à ses quatorze ans, enfermé dans sa salle de bain ? Pourquoi est-ce que toutes ces pensées noires revenaient-elles dans son esprit ?
Kazutora se figea soudain. Sans qu'il ne le remarque, il avait commencé à fixer le meuble à lavabo devant lui. Et dessus était posé un petit gobelet. Une lame brillait dedans.
Kazutora se releva lentement et s'approcha du meuble. Il attrapa le rasoir sans réfléchir et retira la lame. Elle était toute petite, fine, brillante. Il posa son pouce dessus et caressa la partie coupante, avant de soudain appuyer dessus. Une vive douleur apparut et du sang se mit à perler. Kazutora serra la mâchoire et se coupa alors la pulpe de son index, faisant couleur son sang. Il prit une grande inspiration pour se calmer, mais il enfonça de nouveau la lame dans son doigt et une nouvelle coupure zébra sa peau. Il recommença sur deux nouveaux doigts, traçant ses coupures sur ses veines qui apparaissaient, avant d'entailler sa paume. C'était douloureux... et à la fois tellement agréable... Comment la douleur pouvait-elle être synonyme de réconfort ?
— Kazu, appela une voix derrière lui.
Le jeune homme sursauta et tourna vivement la tête. Ryoko se tenait sur le seuil de la salle de bain, la main encore sur la poignée de la porte, et son regard allant de Kazutora à la lame qu'il tenait.
— Kazutora qu'est-ce que tu fais, s'exclama-t-elle en se précipitant vers lui.
Kazutora ouvrit la bouche pour répondre mais il ne sut pas quoi dire. Non... Non, qu'est-ce qu'il venait de faire... Il avait promis qu'il arrêtait...
— Il faut pas que tu te fasses ça, dit Ryoko en lui prenant la lame avec empressement. Je croyais que tu le faisais plus ?! Kazutora, pourquoi t'as fait ça ?!
Kazutora la regarda avec panique, avant de baisser les yeux sur la lame et sur ses doigts plein de sang. Il n'y avait que quelques coupures, mais c'était déjà trop. Il s'était de nouveau coupé... Le jeune homme releva les yeux vers Ryoko et la regarda avec désespoir, les lèvres tremblantes. Qu'est-ce que dirait Keisuke en voyant ses coupures... Il allait encore pleurer par sa faute, Kazutora avait encore tout gâché...
— ... Je détruis tout sur mon passage..., murmura alors Kazutora en fondant en larmes.
— Oh mais non mon cœur, c'est pas vrai du tout, dit Ryoko en attirant son visage contre elle. Tu détruis rien mon chéri, rien du tout...
— Si, je fais du mal à tout le monde, dit Kazutora en hoquetant.
— Pas du tout, tu ne fais du mal à personne mon Zouzou...
— Si, j-je gâche t-toujours tout, et j-je fais toujours du mal à Keisuke... Il est tout le temps triste par ma faute, et maintenant je lui ai c-cassé son couple, e-et je peux même pas lui dire que j-je suis là pour lui puisque je s-suis pas là, parce q-que moi je peux pas quitter Senju, a-alors je p-peux même pas l'aider... Je l-lui attire toujours des problèmes, e-et ça fait des années que c-c'est comme ça... J'a-attire des problèmes à tout le monde, N-Nahoya avait raison, je s-suis toxique e-et une traînée, e-et je b-blesse tout le monde, et p-personne devrait rester avec moi-
— Kazu calme-toi, respire d'accord, dit Ryoko en prenant son visage entre ses mains. Tout va bien mon chéri, essaye de te calmer.
Kazutora renifla et laissa Ryoko essuyer doucement ses larmes. Ryoko n'avait pas l'air affolée par la situation, ou alors elle ne le montrait pas. Son visage était calme, ses gestes n'étaient pas empressés, alors que si c'était Keisuke qui était venu, il serait sûrement en pleine panique et déjà en larmes devant Kazutora. Mais Ryoko était calme, peut-être était-ce son instinct maternel qui prenait le dessus. Elle rinça rapidement la lame pleine de sang qu'elle tenait, puis elle la jeta à la poubelle. Elle nettoya ensuite les doigts entaillés de Kazutora, elle les essuya délicatement, puis elle appliqua une crème dessus. Elle posa enfin de petits pansements sur ses coupures et prit Kazutora par la main. Ryoko l'entraîna hors de la salle de bain et le conduisit dans sa chambre, elle ferma silencieusement la porte derrière eux, puis elle le fit s'asseoir sur son lit. Elle releva ses oreillers pour qu'ils puissent s'adosser contre et vint s'asseoir près de Kazutora, et elle attira sa tête contre sa poitrine.
— Kazu, je sais que c'est très dur pour toi tout ce qu'il se passe, mais ce n'est pas de ta faute. Tu n'es pas une mauvaise personne, et tu n'es pas toxique du tout. Tu n'es pas une boule de négativité qui fait du mal partout ou elle passe. Tu n'es pas une force destructrice, et tu n'es pas une bombe à retardement qui menace d'exploser. Kazu, arrête de croire que tu es le mal incarné, parce que c'est pas du tout le cas, dit calmement Ryoko en caressant ses cheveux.
— Mais je fais toujours du mal à Keisuke..., dit Kazutora à travers ses larmes.
— C'est ta douleur qui lui fait du mal, c'est pas toi. T'es son petit ange, tu le rends toujours heureux.
— J'en ai pas l'impression...
— Parce que t'acceptes pas l'amour des autres. Tu sais Keisuke il est pas très malin, il réfléchit pas trop avant d'agir. Il a fait l'erreur de ne rien te dire sur votre passé, et il a fait l'erreur de ne rien dire à Chifuyu sur sa dépendance. Mais c'est sa responsabilité, c'est pas de ta faute. T'y peux rien si aujourd'hui il est dans cette situation, t'as jamais demandé à ce que ça se passe mal avec Chifuyu, et t'as jamais demandé à vivre tout ce que t'as vécu. Tu n'as pas choisi d'être malade, et tu n'as pas choisi que Keisuke le soit. Tu comprends ?
— Mais pourquoi il m'a rien dit, demanda Kazutora en hoquetant.
— Parce qu'il est un peu bête, dit Ryoko en souriant. Et puis, c'est pas toujours évident de dire à son meilleur ami qu'on l'aimait à la folie.
Kazutora battit des paupières et laissa tomber de nouvelles larmes sur ses joues. Ryoko les essuya immédiatement, elle posa sa tête sur la sienne et poussa un petit soupir.
— Tu sais il a eu beaucoup de mal à tourner la page avec toi, et je crois qu'au fond il ne l'a pas totalement tourné.
— Mais il aime Chifuyu...
— Bien sûr, ça j'en doute pas. Mais avec toi c'est spécial tu sais, vous avez toujours eu une relation particulière. Toi tu es l'homme de sa vie. C'est pas le genre de relation qu'on a avec tout le monde, même avec son partenaire. Ça ne veut pas dire qu'il n'aime pas Chifuyu, ça veut juste dire que toi aussi tu es là... D'une autre manière tu es là. Et je pense que te voir partir avec d'autres personnes, ça l'a perturbé. Avant il t'avait vraiment pour lui tout seul, tu vivais ici et t'allais plus en cours, alors tu ne voyais presque que lui. Mais quand tu as repris les cours, il a de nouveau dû te partager... Et puis tu as mis fin à votre relation pour le protéger, et il a eu très mal. Vous êtes partis à la fac ensemble, et en grandissant tu as rejeté tous tes souvenirs au fond de toi pour te protéger. Et ce n'est pas de ta faute, c'est un mécanisme de protection, il y a beaucoup de personnes qui oublient leur enfance pour se protéger de leurs traumatismes.
— Mais j'ai oublié Keisuke, murmura Kazutora d'une voix tremblante.
— Tu l'as seulement caché au fond de ton petit cœur.
— J'ai dû lui faire tellement de mal...
— C'est pas de ta faute Kazu. L'amour c'est pas facile tous les jours..., soupira Ryoko. Mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il faut y renoncer, et Keisuke t'aime à la folie, alors laisse-le t'aimer.
— Tu penses que je lui ai fait du mal en partant avec Senju ?
— Non, il était heureux pour toi. Je pense juste que ça lui a rappelé que lui, tu l'avais empêché de t'aimer. Le connaissant il a dû se demander « pourquoi elle et pas moi ? ».
— Parce que je veux guérir maintenant, alors j'accepte l'amour des autres... Avant j'étais pas comme ça...
— Je sais. Et Keisuke le sait aussi. T'inquiète pas, il va arriver à faire le tri dans ses sentiments, et bientôt tout ira mieux. Il a juste besoin d'apprendre à aimer, et de faire un choix entre toi et Chifuyu.
Kazutora ne sut pas quoi répondre et garda le silence. Il avait repoussé Keisuke et en même temps ils s'étaient aimés, tout ça pour qu'au final, Kazutora le force à partir, oublie toute leur histoire, et lui brise le cœur. C'était de sa faute si Keisuke allait aussi mal aujourd'hui, s'il n'avait pas agi ainsi, peut-être que... peut-être qu'ils seraient toujours ensemble... Kazutora était complètement perdu. Qu'est-ce qu'il devait faire pour aider Keisuke ? Est-ce qu'il devait s'éloigner de lui pour le laisser respirer ? Ou est-ce qu'il devait rester à ses côtés et faire une thérapie avec lui ? Et à quel point devait-il lui dire ce qu'il ressentait pour lui ? Kazutora ne voulait pas influencer ses choix, il ne voulait pas l'induire en erreur et qu'il confonde leurs sentiments... Et il ne voulait blesser personne...
— Kazu, reprit Ryoko en continuant de caresser ses cheveux, pourquoi est-ce que tu as dit que tu étais une traînée ?
Kazutora renifla et haussa les épaules.
— Parce que c'est vrai...
   — Pas du tout mon chéri. Recevoir une insulte ne veut pas dire qu'on la mérite, imagine que quelqu'un te dise que tu n'es qu'un psychopathe, est-ce que ça veut dire que tu l'es pour autant ?
— Non... Mais moi je couche avec tout le monde...
— Je suis sûre que c'est faux. Tu veux m'en parler ? Je le répéterais à personne.
— J'ai... J'ai couché avec deux garçons... E-En même temps, avoua Kazutora avec gêne.
   — Tu étais d'accord pour le faire ?
   — Oui... Mais j'ai l'impression que ça fait de moi une mauvaise personne...
— Mais c'est rien ça mon cœur, il y en a plein qui le font !
— Je sais... mais... mais j'ai l'impression que quand c'est moi qui fais ce genre de chose... c'est pas bien...
— Tu fais ce que tu veux de ton corps, et personne n'a le droit de te reprocher tes relations ! Pourquoi est-ce que ce garçon a dit ça ? Il te dit souvent ce genre de chose ?
— Non. C'était la seule fois, mentit Kazutora. Il était énervé et c'est parti tout seul...
— Kazu. Tu sais que tu peux me le dire si tu as un problème ? Tu peux tout me dire, assura Ryoko en le serrant contre elle.
— Oui je sais...
— Toi aussi t'es mon bébé, si tu as le moindre problème avec quelqu'un, tu sais que je t'aiderais.
— J'ai pas de problèmes, tout va bien.
— Tu es vraiment sûr ? Je peux aller lui parler tu sais ?
Trois coups frappèrent à la porte et Ryoko s'interrompit. Elle tourna la tête vers la porte en même temps que Kazutora, et Keisuke entra dans la pièce, à moitié endormi.
— Qu'est-ce que vous faites, dit-il en se frottant les yeux.
— On papotait, tu veux venir avec nous ?
Keisuke s'avança en somnolant vers eux et grimpa sur le lit.
— Pourquoi tu pleures Zou, demanda-t-il d'une petite voix.
— Pour rien, ça va t'inquiète pas, dit Kazutora en reniflant.
Keisuke ne répondit pas. Il se pencha vers lui et embrassa doucement ses larmes, il passa ses pouces sur ses joues pour les essuyer, puis il se releva et embrassa la joue de sa mère. Il s'installa ensuite contre elle et posa sa tête sur son épaule, avant de prendre la main de Kazutora pour la tenir.
— Vous voyez que vous êtes encore des bébés, dit Ryoko en caressant la tête de son fils.
— Je suis pas un bébé, je viens juste parce que je veux dormir avec mon doudou et que tu me l'as volé, répliqua Keisuke.
— Heureusement que j'avais pas prévu de dormir avec quelqu'un dis donc... Heureusement que je n'ai pas ramené Yüna !
— Très drôle. En plus, je suis sûr que t'es contente qu'on soit là.
— Il manque Peke J pour que toute la famille soit là.
— Et papa.
— Si tu veux je te prête le mien, dit Kazutora en levant les yeux vers son meilleur ami.
— Je préfère son fils, dit Keisuke en lui touchant le bout du nez.
Kazutora ouvrit la bouche et essaya de lui croquer le doigt, mais Keisuke retira à temps son doigt. Il se redressa et se pencha soudain sur lui pour lui mordre le nez.
— Je t'ai mangé ton nez.
— Arrête c'est pas cool.
— T'as plus de nez.
— Si il est toujours là.
— Nan il est dans mon ventre. T'as plus de nez t'es-
Kazutora leva soudain sa main et fit mine d'attraper le nez de son meilleur ami. Il coinça ensuite son pouce entre son index et son majeur de la même main et l'agita devant lui.
— Moi aussi j'ai ton nez regarde.
— T'as pas le droit ! Rends-le !
— Nan il est à moi maintenant.
— T'es un voleur ! Maman il m'a volé mon nez !
— Ryoko il m'a mangé mon nez !
— J'vais te manger tout court, dit Keisuke en chatouillant Kazutora.
— Arrête, dit le jeune homme en riant. Je te rendrais pas ton nez, t'as pris le mien !
— Zou t'es une petite terreur, je vais te croquer !
— Arrête, gémit Kazutora en essayant de fuir.
Keisuke se releva et passa par-dessus sa mère pour sauter sur Kazutora. Il l'écrasa de tout son poids et lui chatouilla d'une main le ventre, avant d'essayer de lui attraper son poignet pour... lui reprendre son nez ? Kazutora éclata de rire et se débattit du mieux qu'il put, le regard encore brillant de larmes.
— Arrête ou je le mange !
— C'est moi je vais te manger !
— Ah ! On m'agresse- Keisuke t'es un tyran !
— Les enfants, les enfants ! On se calme, dit Ryoko en les séparant pour mettre fin à leur bagarre. Il est tard, vous devez dormir !
— Maman je t'ai pris ton nez, s'écria Keisuke en prenant le nez de sa mère.
— Kei tu ne peux pas prendre le nez des autres.
— Si la preuve. Mais je vais vous le rendre sinon vous êtes des Voldemort, et puis je pourrais plus vous faire de bisous sur le nez.
— Tiens je te rends aussi ton nez, dit Kazutora en faisant mine de lui rendre.
— Parfait, maintenant que tout le monde a son nez, au lit. Allez je suis fatiguée moi, dit Ryoko en se glissant sous sa couette. Retournez dans votre chambre, moi je veux dormir.
   — Bonne nuit, dit Keisuke en prenant sa mère dans ses bras.
— Bonne nuit mon chéri. Et tu fais attention à Kazu.
— J'y fais toujours attention, dit Keisuke en se relevant.
Kazutora se pencha à son tour vers Ryoko et l'embrassa pour lui souhaiter bonne nuit, puis il se releva et sortit du lit.
— Et soyez sage, ajouta Ryoko alors qu'ils arrivaient près de la porte de la chambre.
— On est toujours sage, dit Keisuke.
— Bien sûr. Et Kei n'oublie pas qu'on ne chevauche pas un homme en couple, lança sa mère en éteignant la lumière.
   — Couple libre, rappela Keisuke en fermant sèchement la porte de la chambre.
   Il prit Kazutora par la main et l'entraîna dans sa propre chambre, et les deux jeunes hommes s'installèrent dans leur lit. Ils se blottirent de nouveau l'un contre l'autre, comme ils avaient l'habitude de faire lorsqu'ils dormaient ensemble.
   Keisuke tira Kazutora vers lui pour se lover dans ses bras, il logea sa tête au creux de son cou, et les deux jeunes hommes restèrent dans cette position un moment sans rien dire. Kazutora se sentait toujours bien dans ses bras, et il ne ressentait jamais le besoin de parler pour communiquer avec lui, mais... Pour une fois, il sentait qu'il devrait dire quelque chose. Keisuke avait besoin qu'il lui parle, et Kazutora voulait tellement lui parler, mais les mots restaient bloquer dans sa gorge. De toute façon aucune parole ne pourrait soulager Keisuke. Il aurait beau lui dire ce qu'il voulait, il continuerait de le blesser encore et encore...
— Kazu, t'as pas peur de dormir avec moi, demanda Keisuke avant que Kazutora n'ait le temps de trouver les mots justes pour lui parler.
— Pourquoi j'aurais peur ?
— T'as pas peur que je t'embrasse pendant que tu dors ?
— Non. Tu respectes trop mon consentement pour ça, et tu voudrais pas prendre le risque de me causer des problèmes... Et puis... Si tu le faisais quand même, ça me ferait faire un joli rêve...
— Juste un rêve... t'es une chipie Kazu.
— C'est toi la chipie, répliqua Kazutora en caressant les cheveux de son meilleur ami.
— Je suis super sage, toi t'es une terreur.
   — Tu m'as volé mon nez tout à l'heure.
   — Oui mais toi tu me voles mes vêtements.
   Kazutora baissa légèrement la tête et amena ses lèvres près de l'oreille de Keisuke.
   — Tu m'as volé ma virginité, murmura-t-il dans un souffle.
   Keisuke releva la tête et le regarda avec des yeux brillants.
   — Tu me l'as offerte sur un plateau d'argent, répliqua-t-il avec amusement.
   — T'as pas tort... Keisuke je... Je suis désolé de te faire tout ça...
— Et qu'est-ce que tu me fais ?
— Je te fais souffrir. Je te fais toujours souffrir, depuis des années... Ta rupture, ta dépendance, ton anxiété... Tout ça c'est de ma faute... Si j'avais pas essayé de me suicider devant toi je-
— C'est pas de ta faute Kazutora, coupa Keisuke en prenant ses mains. T'as toujours essayé de me préserver de ta souffrance, et j'ai choisi de m'accrocher à toi. J'ai choisi de porter ta souffrance avec toi, parce que je t'aime, et je savais très bien que moi aussi j'irai mal. Mais je l'ai fait, et je regrette pas. Si aujourd'hui j'avais le choix de refaire ou non mon passé et de te laisser, je te choisirai de nouveau. Je te choisirai toujours et je le regretterai jamais, et je veux pas que tu t'en veuilles pour mes choix. Je vais m'en sortir, je sais que je dis l'inverse depuis des jours, mais je vais y arriver, et je vais me guérir. Ok ?
— Mais tu peux pas guérir si tu continues de m'aimer, dit Kazutora en sentant des larmes couler sur son nez et sa tempe.
— Arrêter de faire de la dépendance c'est pas arrêter d'aimer. Et je m'en sortirais avec toi à mes côtés.
— Mais...
— Kazutora, tu me feras jamais partir loin de toi, ça sert à rien d'essayer. Je fais le choix de rester à tes côtés, et je le ferais même si rester avec toi voudrait dire vivre en enfer. Même en enfer, vivre avec toi serait comme vivre un conte de fées, dit doucement Keisuke en souriant.
Kazutora battit des paupières pour chasser ses larmes sans réussir à répondre, et baissa légèrement les yeux sur le visage de son ami.
— Toi aussi tu dessines des étoiles sur mes cicatrices, finit par dire Keisuke en embrassant doucement le tatouage qu'il avait au poignet.
— Mais c'est moi qui t'ai fait des cicatrices...
— C'est ta douleur qui les a faites. Arrête de t'en vouloir Kazu, c'est quand je vois des larmes dans tes yeux que je vais le plus mal.
— Tu deviens poète quand tu me parles, dit Kazutora en enfouissant son visage dans ses mains.
— Plus on grandit et plus je suis à court d'expression pour te dire que je tiens à toi, alors il faut que j'innove, dit Keisuke avec un sourire. Je me dis que plus je suis poétique, plus tu comprendras que je tiens vraiment à toi.
— Y'a bien un jour où tu trouveras plus rien à dire, dit Kazutora en essuyant ses larmes.
— Alors là je le prends mal ! Je trouverais toujours des choses à te dire, j'ai tout une liste de phrases pour toi. La prochaine disquette que je te ferais sera sur Raiponce !
— Qu'est-ce que c'est ?
— Tu veux vraiment l'entendre maintenant ?
— Oui, je suis curieux.
— Attends... Si tu devais naître d'une larme d'un astre, tu naîtrais d'une larme d'étoile. Parce que les étoiles nous guident et c'est la nuit qu'elles brillent le plus. Elles ne brillent que pour ceux qui les cherchent et qui sont prêts à les contempler... Un peu comme toi...
Kazutora regarda longuement son meilleur ami, le cœur emballé par un rythme rapide.
— Tu viens de l'inventer, demanda-t-il d'une voix tremblante.
— Oui... Ah non, tu vas pas re-pleurer Zou, s'exclama Keisuke en voyant ses yeux se remplir de larmes.
— Mais je suis super sensible, dit Kazutora en fondant en larmes. T-tu me dis ça comme s-si de r-rien était, m-mais moi j'ai le c-cœur fragile...
— Oh bébé... Mais faut pas pleurer pour ça, tu dois sourire !
Kazutora ne répondit rien et enfouit son visage dans ses mains pour cacher ses larmes. Keisuke le prit alors dans ses bras pour le consoler, il baissa ses mains pour doucement embrasser ses larmes, avant de lui faire un sourire rassurant.
— Viens-là toi...
Il glissa soudain sa main entre ses jambes pour l'attraper par la cuisse, il tira son corps contre le sien et souleva l'une de ses cuisses pour la faire passer au-dessus de ses hanches, avant de poser sa main sous ses fesses et de le maintenir contre lui. Kazutora rougit légèrement, mais il le laissa l'entourer de ses bras et posa délicatement ses mains sur son torse.
— Kazutora je veux plus voir de larmes sur ton visage. Je veux juste te voir sourire.
— Je vais arrêter de pleurer, promit Kazutora avec un reniflement.
— Tant mieux, parce que la seule chose que je veux, c'est voir tes yeux briller de joie.
   Kazutora sourit en baissant les yeux et ne répondit rien. Pour lui, ses yeux brilleraient toujours de joie, il était le seul à pouvoir faire autant briller ses yeux. Mais Keisuke ne devait pas se rendre compte d'à quel point il le rendait heureux et le faisait se sentir vivant. Il était le seul à le faire se sentir aussi bien, le seul à pouvoir faire naître des étoiles dans son regard. Il ne devait pas le remarquer... Il valait mieux que Kazutora ne lui dise pas, s'il lui dévoilait trop ce qu'il ressentait, il mélangerait ses sentiments aux siens et ça ne ferait qu'empirer leurs problèmes. D'ailleurs... peut-être qu'être aussi proche de lui n'était pas non plus une bonne idée...
— Kei tu veux qu'on dorme comme ça, demanda Kazutora sans bouger.
— Hmm, ça me rappelle avant...
— On est pas... Trop proche ?
— Moi je voudrais être encore plus proche de toi...
Kazutora releva les yeux vers Keisuke et rougit de nouveau, alors que Keisuke lui-même se mettait à rougir.
— Ça te dérange, demanda Keisuke sans se reculer.
— ... Non...J'aime bien être contre toi mais... je veux pas que ça t'embrouille...
Keisuke ne répondit pas tout de suite.
   Il baissa les yeux, sa main posée sur sa cuisse se resserra quelques secondes, avant qu'elle ne se mette à doucement bouger pour le caresser. Elle montait et descendait avec lenteur le long de sa peau, faisant bouger le tissu de son bas contre sa peau, elle descendait jusque dans le pli de son genou, avant de remonter lentement, presque timidement, juste en-dessous de ses fesses. Elle s'arrêtait juste à leur commencement, les frôlant imperceptiblement, et alors ses doigts glissaient vers l'intérieur de sa cuisse d'une manière provocante.
   Ces simples gestes faisaient frissonner Kazutora, il sentait son corps être traversé d'une vague de chaleur juste au passage de la main de Keisuke sur lui, et ses iris tremblants ne pouvaient plus se détacher du visage de Keisuke. Et plus il le regardait, plus sa main remontait le long de sa cuisse, provoquant d'étranges frissons tout le long de sa peau, et ses doigts finissaient par grimper sur ses fesses. Ils les touchaient à peine, seulement de la pulpe des doigts, comme si Keisuke n'osait pas le toucher directement.
   Keisuke dut sentir que son regard était rivé sur lui, car il releva les yeux vers Kazutora un court instant, comme pour constater à quel point son toucher le perturbait, puis il baissa les yeux. Ses yeux se posèrent sur ses lèvres, et avant même qu'il n'ait le temps de s'en rendre compte, Kazutora l'imita.
   — Kazu..., murmura Keisuke alors que sa main s'immobilisait juste en-dessous de ses fesses. J'ai envie de t'embrasser...
   — Kei tu peux pas faire ça... C'est de Chifuyu dont t'es amoureux...
   — Non... C'est tes lèvres que je veux..., dit Keisuke en rapprochant son visage du sien. Laisse-moi t'embrasser...
   — Ça va t'embrouiller encore plus, dit Kazutora sans réussir à reculer.
   — Pourquoi est-ce que tu veux pas ? T'as peur qu'on puisse plus s'arrêter ?
   Kazutora ne sut pas quoi répondre. Ce n'était pas qu'il avait peur de ne pas pouvoir s'arrêter, même s'il savait que si ses lèvres se retrouvaient en contact avec celles de Keisuke, elles ne s'en décolleraient plus avant un moment... Mais il avait plutôt peur d'y prendre goût. Il avait déjà embrassé plusieurs fois Keisuke, et à chaque fois, il avait vraiment du mal à se détacher de lui...
   — Kazutora, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne penses plus qu'à Senju, dit Keisuke en replaçant doucement une mèche de cheveux derrière son visage.
Le jeune homme releva les yeux et soutint le regard de son meilleur ami, mais aucun mot de sorti. Il était incapable de lui répondre, et l'image de Senju avait disparu de son esprit, il ne pouvait plus y penser. L'image de Keisuke flottait jusque dans les limbes de son esprit, il ne pouvait plus songer à personne d'autre que lui. Mais il ne pouvait pas... Keisuke ne pouvait pas l'embrasser... C'était sa dépendance qui parlait, ce n'était pas lui... Kazutora ne voulait pas être égoïste et faire ce que lui seul voulait, il ne voulait pas profiter de sa détresse. Keisuke avait juste besoin de faire le tri dans ses sentiments, c'était normal qu'il veuille embrasser Kazutora pour essayer de trouver un repère...
Kazutora se força à se reculer et essaya de se retirer de Keisuke, mais son meilleur ami le retint contre lui.
— Kei on peut pas faire ça maintenant, dit Kazutora avec impuissance.
— Kazutora je sais que t'en as autant envie que moi.
   — Tu... tu dois penser à toi...
   — Mais c'est à toi que je pense. Je veux t'embrasser... Sentir tes lèvres et ta langue... Je veux embrasser chaque partie de ton corps et te caresser... Kazutora je veux te toucher... je veux voir à quel point ton corps peut devenir chaud... à quel point il peut... se tendre de plaisir... Je veux savoir si tu as le même goût que dans mes rêves...
   Kazutora rougit et baissa les yeux sur les lèvres de son meilleur ami. Même dans la pénombre de la chambre, les lèvres de Keisuke semblaient plus rouges que d'habitude. Légèrement entrouvertes, humides, elles laissaient échapper un souffle chaud qui happait la bouche de Kazutora. Comme une main capturerait son visage et le tirerait vers celui de Keisuke, son souffle l'attirait et l'emprisonnait. Kazutora se rapprocha de Keisuke, comme hypnotisé, et avant qu'il n'ait le temps de s'en rendre compte, ses lèvres se posèrent sur celles de son meilleur ami.
   Comme s'il craignait qu'il ne s'écarte immédiatement, Keisuke captura ses lèvres entre les siennes et passa sa main derrière sa nuque, appuyant son visage contre le sien. Leurs lèvres se colorèrent au gré de leurs baisers, leurs joues s'empourprèrent de plaisir, et bientôt, leur souffle ne devint plus qu'une courte respiration saccadée. Le cœur de Kazutora s'était tant emballé qu'il manquait de rompre sa poitrine, et son corps assoiffé de plaisir se lova contre celui de Keisuke sans qu'il ne puisse le contrôler. Keisuke finit par le prendre par la taille, avant de glisser sa cuisse entre les siennes, et de lentement se frotter à lui.
Il le saisit fermement par les hanches et le fit rouler sur le côté, sans que Kazutora n'oppose de résistance. Il était trop envoûté par Keisuke pour réagir, les vapes de son esprit s'étaient colorées de pourpre et l'empêchaient de penser, et son corps appelait désespérément celui de Keisuke. Il le laissa alors le plaquer sur le lit et s'allonger sur lui, alors que ses baisers tombaient dans son cou. Kazutora mit du temps avant de se rendre compte que Keisuke avait relevé son t-shirt et s'apprêtait à venir embrasser sa poitrine nue. Mais lorsqu'il le comprit, il se figea dans les bras de son ami et tenta de l'arrêter.
   — A-Attends, dit-il précipitamment. Attends stop ! Stop !
— Ça va trop vite, demanda Keisuke en se relevant, afin de ne plus emprisonner son corps.
   — On doit s'arrêter là... on peut pas...
   — Tu sais que j'ai le droit ? Je peux faire ce que je veux, je suis plus avec Chifuyu.
   — J-Je sais... mais tu dois prendre du temps pour toi, pour comprendre ce que tu ressens, et... Coucher avec moi... Ça va t'embrouiller et...
— Ça m'embrouillera pas, assura Keisuke.
— Ça va t'influencer et je veux vraiment que tu prennes du temps pour toi, murmura Kazutora en baissant son t-shirt. Juste pour toi...
— Mais j'ai envie de toi... Et ça j'en suis sûr...
Kazutora détourna le regard avec gêne. Il changea de position, de manière à ce que son ami ne soit plus entre ses jambes, et roula sur le côté. Il se tourna dos à Keisuke et serra ses cuisses l'une contre l'autre, sans savoir quoi lui répondre.
— Qu'est-ce qu'il se passe, demanda Keisuke en se penchant au-dessus de lui pour voir son visage. T'as pas envie de moi ? Tu peux le dire tu sais.
— Si j'en ai envie...
— Alors quoi ? T'as peur ?
— Je peux pas coucher avec toi...
— Pourquoi ?
— Je... Je suis incapable de... de coucher avec quelqu'un... En ce moment, je peux pas, je...
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai l'impression d'être une traînée et que mon corps appartient à tout le monde, avoua Kazutora, les joues brûlantes de honte.
Keisuke ne répondit pas tout de suite.
Cela faisait un moment que Kazutora était incapable d'avoir un vrai rapport sexuel, il se forçait parfois, mais il n'utilisait pas tout son corps... Même seul il n'y arrivait pas. Peut-être que cela remontait à la première remarque de Nahoya, il ne savait plus... Pourtant il en avait envie, il ressentait toujours du plaisir, surtout en ce moment... Mais il n'y arrivait pas. Les mots de Nahoya tournaient dans son esprit et l'empêchaient de réfléchir, et à cela s'ajoutaient toutes les blagues que ses amis faisaient souvent sur lui, en disant que ça ne les dérangerait pas d'avoir un rapport avec lui. Kazutora ne les prenait pas mal, il savait que c'était pour rire, c'était leur moyen de lui dire qu'il était attirant et non répugnant. Ces blagues ne me blessaient pas, mais en ce moment, avec Nahoya, et Chifuyu, elles le gênaient plus qu'autre chose. C'était comme lui donner raison...
Kazutora était habitué aux remarques pourtant, il en recevait toujours de la part de son père, mais venant de la part de Nahoya, c'était différent. C'était blessant, humiliant... Il avait l'impression qu'il n'était plus qu'un jouet, une poupée à prendre à sa guise. Il avait l'impression d'avoir été touché à travers les mots de Nahoya, comme si sa simple parole l'avait violée. Il sentait des mains sur lui qui n'avaient pourtant jamais touché son corps, il se sentait humilié...
Keisuke se rallongea finalement à ses côtés, et il l'entoura doucement de ses bras.
— Kazutora, ton corps et ton plaisir n'appartiennent à personne d'autres que toi, murmura-t-il à son oreille. T'es pas un jouet, ni une traînée. T'es humain, t'es juste toi, et t'as le droit de faire ce que tu veux avec ton corps.
— J'ai l'impression de finir dans le lit de tout le monde, murmura Kazutora sans bouger.
— C'est qu'une impression, et même si c'était vrai, t'as le droit. Et puis, tu sais mon lit c'est le premier dans lequel t'as été.
— Mais ça te dégoûte pas de m'embrasser ou de me toucher ?
— Non pas du tout, Kazu peu importe qui t'a embrassé, qui t'a touché, le nombre de suçons ou de cicatrices tu peux avoir. Ça n'a aucune importance, moi tout ce que je vois, c'est un corps magnifique qui appartient à la personne que j'aime le plus sur terre, déclara Keisuke en embrassant son épaule. Et si tu veux pas avoir de rapport pour l'instant, c'est pas grave.
— Ça te dérange pas ?
— Non, t'avoir embrassé ça me rend déjà très heureux.
   — Ok..., dit Kazutora en esquissant un geste pour se tourner vers lui.
   — Non reste comme ça, dit Keisuke en le retenant. Si je revois tes lèvres je vais pas résister...
   Kazutora rougit et resta alors immobile. Lui aussi, s'il revoyait les lèvres de son ami, il risquait de ne pas y résister...
— Zou..., murmura de nouveau Keisuke à son oreille. Je peux toucher tes cicatrices ?
Kazutora garda le silence et prit la main de son ami. Il hésita un instant, le cœur battant, avant d'entrelacer leurs doigts et de lentement faire descendre leur main sur son ventre. Ses joues le brûlèrent et son ventre papillonna lorsque la pulpe des doigts de son ami effleura sa peau tirée sur ses muscles. Il ferma les yeux pour résister à cette sensation de plaisir qui naissait en lui, et fit entrer leur main dans son pantalon. Keisuke se pressa contre lui et son souffle chaud se rapprocha de sa nuque, mais il ne tenta rien. Ses doigts se posèrent alors sur les cicatrices de Kazutora, et le jeune homme retira sa main pour laisser le contrôle à son ami.
Keisuke le touchait doucement, c'était agréable, délicat... Et en même temps, c'était si... plaisant... Son toucher n'avait rien d'innocent, ses mouvements volatiles cherchaient à éveiller ses sens, ses doigts couraient entre ses cicatrices et s'approchaient dangereusement de son intimité, ça n'avait rien de chaste...
— Kazu... Pourquoi c'est toujours aussi chaud entre tes jambes..., chuchota Keisuke en se pressant davantage contre lui.
— C'est de ta faute...
Les doigts de Keisuke remontèrent lentement, effleurant de leur pulpe la délicate peau tirée de ses cicatrices. Ils se glissèrent sous le léger tissu de son caleçon, s'approchant dangereusement de son intimité, et s'amusèrent à longer ses longues marques de douleurs. Leur passage volatile suffisait à brûler la peau de Kazutora, la chaleur qui émanait d'entre ses jambes montait jusqu'à ses joues, et faisait papillonner son ventre sur son passage. Il était de plus en plus difficile de résister à son meilleur ami, il allait avoir l'air vraiment ridicule s'il lui cédait aussi facilement...
— Kazu..., chuchota Keisuke en continuant de balader ses doigts sur lui. C'était quand la dernière fois que t'as fait l'amour.
— Y'a un moment..., répondit Kazutora, les joues rouges
— Et c'était comment ?
— Q-Quoi ?
— T'étais dans quelle position ?
— À genoux, et je tenais les jambes de Senju...
— Et t'as pris du plaisir, poursuivit Keisuke en se collant à lui.
— Un peu...
   — Seulement, demanda Keisuke d'un air qui laissait deviner le sourire qui s'était dessiné sur son visage. Qu'est-ce qui te donne du plaisir en général ?
   — Kei...
   — Les baisers... ?
   Keisuke posa ses lèvres au creux de son cou et l'embrassa doucement.
   — Les caresses... ?
   Sa main contourna habilement son intimité et remonta sur son ventre, relevant en même temps son t-shirt.
   — Ou quelque chose de plus... sensuel ?
   Sa langue effleura son épaule et l'humidifia, et Kazutora frissonna de plaisir. Keisuke le remarqua tout de suite, il en profita pour le tourner sur le dos afin de voir son visage, et parsema son cou de baisers avec envie. Kazutora se mordit la lèvre pour essayer de retenir les gémissements qui tremblaient dans sa gorge, impatients de franchir la barrière de ses lèvres et de se faire entendre. Si Keisuke continuait, il n'allait pas résister longtemps... Mais il était incapable de le repousser, et il n'en avait aucune envie...
   — Je vais effacer tous les baisers que porte ton corps, murmura Keisuke tout près de son oreille. Tu en as envie ?
   — Oui...
   Keisuke se pencha un peu plus sur lui. Il remonta son t-shirt en continuant de caresser son ventre, et finit par le retrousser au-dessus de sa poitrine, la faisant apparaître sous ses yeux brillants. Même dans l'obscurité de la pièce, Kazutora voyait un éclat de luxure scintiller dans les yeux de son meilleur ami, et il était certain que Keisuke voyait parfaitement sa poitrine nue.
   Keisuke commença d'abord par toucher sa poitrine comme s'il la découvrait, ses pouces passèrent sur la partie inférieure, doucement bombée pour se démarquer du torse, avant d'en faire le tour et de passer au-dessus. Ses lèvres ne tardèrent pas à se poser sur sa poitrine, et Kazutora prit une grande inspiration en détournant les yeux. Voilà, il ne pouvait définitivement plus faire marche arrière. Son corps s'était cambré sans qu'il ne s'en rende compte, sa poitrine était levée vers le plafond et contractée par le plaisir, et un délicieux feu crépitait entre ses jambes. Il transpirait tant il avait chaud, l'air de la chambre était soudain devenu oppressant et lourd, il fondait sur Kazutora et coulait sur son corps comme un voile de vapeur tomberait sur lui et l'envelopperait. Et dire que quelques minutes plus tôt, il disait ne pas vouloir se faire toucher...
   Keisuke n'avait eu aucun problème à le faire changer d'avis, il pourrait faire ce qu'il voulait de lui. Il suffisait de l'un de ses baisers pour que Kazutora se retrouve arqué de plaisir dans ses bras.
   La langue de Keisuke se posa une fois de plus sur lui, elle caressa le dessous de sa poitrine avant de remonter jusqu'à son centre, et Keisuke finit par embrasser la pointe durcie de sa poitrine. Kazutora tourna la tête sur le côté et chercha son air en gonflant ses poumons, sa main se perdit dans les cheveux de son ami, et il ne put que le laisser déguster son corps à sa guise. Keisuke se fit un plaisir de malmener sa poitrine et à retrouver son corps, ses mains allaient et venaient sur son torse, jusqu'à descendre entre ses jambes et d'empoigner ses cuisses relevées.
— Kei..., gémit Kazutora en sentant son meilleur ami le mordre.
Keisuke sourit contre lui et continua de baiser sa poitrine. Il l'embrassait comme s'il s'agissait d'un met raffiné, Kazutora pouvait presque imaginer le goût sucré de sa peau se répandre dans sa bouche, fondre sur ses papilles. Keisuke savourait sa poitrine, ses lèvres se déposaient inlassablement sur sa peau sensible, et marquaient chaque partie de sa poitrine. Kazutora avait l'impression qu'il le dévorait, il l'embrassait avec un mélange de douceur et d'avidité, comme si son corps était un bien divin.
   Quand il eut fini de baiser sa poitrine, il se baissa légèrement contre lui et se mit à embrasser son ventre, en descendant progressivement vers son intimité. D'une main il continua de toucher sa poitrine, la serrant contre sa paume, et de l'autre, il baissa légèrement l'élastique de son bas et laissa ses lèvres s'approcher de son entrejambe. Mais il ne vint pas à la rencontre de son intimité. Il remonta plutôt sur son ventre en faisant passer sa langue dessus, et se releva jusqu'à son visage.
Kazutora, qui avait les yeux à moitié fermés par le plaisir, tourna lentement la tête.
— On dirait que tu as de la fièvre tellement tu es chaud, dit Keisuke tout près de son visage.
— Ah... Je... Je...
— J'ai jamais oublié le goût de ta peau, je pourrais mourir pour y goûter encore... J'ai tellement envie de toi...
   — Kei...
   — Mais je sais que tu veux pas le faire, et j'ai dit que je respecterais ton choix, déclara Keisuke en baissant son t-shirt pour cacher sa poitrine.
   — Kei... attends...
   — Oui ?
   — Continue de m'embrasser... Je me sens bien comme ça...  Juste pour cette nuit...
   Keisuke sourit et passa son pouce sur sa joue rouge, lui offrant une douce caresse.
   — Juste pour cette nuit alors, répéta-il était se penchant vers lui.

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Je sais, je m'arrête au meilleur moment, et vous ne saurez pas s'ils couchent ensemble ou non 🤭
Je suis fière de ce chapitre, celui d'avant était clairement nul, mais lui je l'aime bien, j'espère qu'il vous plaît aussi. 🌚.

D'ailleurs vous savez qu'on a dépassé la moitié de la fic depuis un moment ? Je pourrez pas dire combien de chapitres ils restent mais... On est plus proche de la fin que du début 😬
En vrai je sais que c'est pas encore fini, mais je suis déjà triste parce que j'adore cette histoire, c'est un projet qui représente tellement d'investissement et de temps de travail. Même si les personnages ne m'appartiennent pas, c'est vraiment tout un univers que j'ai créé, j'ai un peu l'impression d'avoir créé mon propre monde, et du coup ça me rend triste d'y mettre un terme 😢 Je suis émue 😭

Bref, repartons sur une note plus joyeuse !
J'ai commencé à écrire Insta Bungo Stray Dogs. Je me suis dit que je pouvais pas garder les pouvoirs dans cette histoire, ni les histoires de mafia et de terroristes. Parce que bon, s'ils veulent tous se tuer ça va être compliqué-
Et comme j'avais pas d'idées, je me suis dit que j'allais repartir de zéro et y aller au feeling. Donc, la plupart des personnages ne se connaîtront pas au départ. Dazai créera le groupe, et il ajoutera des personnes au hasard, en choisissant uniquement des personnes qui sont allées dans la même fac de lettre que lui. Ça ne veut pas forcément dire qu'ils y sont restés, juste qu'ils sont passés par là à un moment. Un peu comme une réunion d'anciens élèves quelques années après leur départ. Et c'est comme ça qu'ils se rencontreront

J'étais pas très fan de mon chapitre donc je l'ai fait lire a des betas lecteurs, et apparemment c'est bien, alors je vais continuer et voir ce que ça donne 🤷🏻‍♀️

Sur ce, je vous dis à lundi 🫡
(Admirez mon magnifique fanart en média 🤭)

Insta Tokyo Revengers 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant