𝐈 | 𝐒𝐨𝐫𝐫𝐨𝐰

914 83 252
                                    

𝐏𝐨𝐧𝐭 𝐝'𝐈𝐜𝐡𝐞𝐨𝐧-𝐄𝐬𝐭
𝐋𝐮𝐧𝐝𝐢 𝟑 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟕 𝐡 𝟒𝟐
𝐷𝑜𝑢𝑧𝑒 𝑚𝑜𝑖𝑠 𝑒𝑡 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑡𝑜̂𝑡

Accoudé sur la rambarde du pont, Taehyung fixait le fleuve sans le voir. De part et d'autre de celui-ci, s'élevaient des gratte-ciel aussi imposants les uns que les autres, masquant par moments le soleil qui amorçait sa lente ascension. L'eau, étonnamment limpide, glissait avec grâce sur son lit aux doux reflets ondoyants, hypnotisant le jeune homme.

En ce début de mois de septembre, l'air était encore chaud et le soleil promettait une belle journée. Ce jour-là, il s'était vêtu d'un pantalon droit à pince accompagné de ses mocassins compensés en cuir qu'il adorait. Il portait une chemise presque moulante, ouverte sur les premiers boutons, laissant deviner son corps musculeux et ses clavicules saillantes.

Le tout, en noir.

À côté pendait un sac en bandoulière, neuf également. À l'intérieur, une trousse, un classeur, son ordinateur portable. Neufs.

D'un geste ennuyé, il regarda sa nouvelle montre en argent. 7 h 45. Il avait encore un quart d'heure devant lui. Pas question d'arriver en avance le premier jour de classe. Il posa son menton dans sa main et se replongea dans la contemplation du fleuve.

Calme. Sans heurts. Paisible.

Tout ce qu'il aurait voulu être.

Ce jour-là, si ce n'était pas la rentrée des classes, était sa dernière année dans l'université prestigieuse d'Incheon-Est, « Incheon Business, Marketing & Communication School ». Il y entamait son master en marketing et gestion commerciale.

Il n'en avait pas l'air ainsi, mais sa famille avait été - et restait - l'une des plus fortunées de la Corée, à Incheon. Il y avait vécu jusqu'à ses cinq ans. À la suite de la mort de son père, sa mère l'avait emmené dans son village natal.

Dépeuplé : trois cents habitants.

Désertique : paumé à des kilomètres d'une petite ville digne de ce nom.

À partir du collège, il avait dû aller en internat, à cinquante kilomètres de chez lui. La vie y était plus calme, peut-être trop, à son goût. Certainement la raison pour laquelle il cherchait sans cesse à se défouler sur des personnes, à utiliser ses week-ends pour crapahuter dans une grande ville de la région : Séoul. Ils y avaient fait les quatre cents coups, lui et sa meilleure amie...


Mais c'était avant.


Sa mère avait éprouvé le besoin de lui changer les idées après l'accident. Ne pouvant décemment pas rester dans leur petit village, ils étaient revenus s'installer à Incheon, où son oncle paternel avait repris les affaires de la famille.

« L'argent se porte bien ». Voilà tout ce qu'ils en avaient tiré.

Lorsqu'on croisait Taehyung, ce n'étaient pas ses vêtements friqués ni même son langage dédaigneux qui sautaient aux yeux.

C'était surtout son incroyable beauté.

Ses cheveux délicatement ondulés d'un noir profond, qui balayaient sensuellement son front à chaque brise, cachant jalousement ses prunelles.

Ses pommettes hautes et sa peau hâlée. Sa mâchoire carrée. Son nez fin et droit.

Sa bouche délicate aux lèvres charnues, un appel même à la luxure, derrière laquelle se cachait une rangée de dents régulières et d'un éclat éblouissant.

Λ́𝐆𝐆𝐄𝐋𝐎𝐒 ᵏᵛOù les histoires vivent. Découvrez maintenant