CHAPITRE II : La Mare aux Larmes

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Si la voix était belle et bien celle d'une fille, Cal ne s'imaginait pas pour autant qu'elle appartenait à sa sœur

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Si la voix était belle et bien celle d'une fille, Cal ne s'imaginait pas pour autant qu'elle appartenait à sa sœur. Ce n'était pas qu'il ne désirait pas la revoir dans cette forêt autant mystérieuse que sinistre où rodaient des prédateurs et où les arbres prenaient vie... mais à bien y réfléchir, c'était une raison valable. Déjà, le souffle menaçant des Loups, auparavant prêts à lui sauter à la gorge, s'éloignait de lui. Il avait donc ouvert un œil après l'autre et avait quelque peu sursauté à la vue de celle qui le jaugeait d'un air méfiant.

La fille avait la peau sombre comme la nuit. De longs cheveux ébènes s'y confondaient volontiers. Elle portait une coiffe de plumes et de peau animale qui se terminait en une paire de cornes creuses et pointues. Des perles et des amulettes étaient accrochées à son cou. Parmi elles, une pierre de cristal blanc sur laquelle se reflétait la lune. Cal était saisit par son indubitable beauté, mais l'effroi de la situation surplombait définitivement tout autre sentiment. Les yeux de cette créature étaient d'un gris perçant, presque métallique, aiguisé, acéré. Ils faisaient d'ailleurs écho à la lame qui allait fendre l'air à quelques millimètres de l'oreille du garçon pour se réfugier dans l'écorce de l'arbre qui le bâillonnait. La fille l'avait dévisagé sans mot dire pendant que ses Loups grognaient derrière elle. Cal grimaçait devant le rouge qui étirait ses lèvres comme dans un sourire jusqu'aux oreilles avant de frissonner à la pensée du corps sans vie de la victime de cet instinct animal. Grand-mère pourquoi avez-vous de si grandes dents ?

La fille se rapprochait un peu plus. « Humain, » avait-elle pesté. « Tu pues à des kilomètres. » Elle avait récupéré sa dague en tirant dessus et l'avait utilisée pour soulever les vêtements du garçon avec mépris. Elle avait constaté ses blessures (son coude suturé, sa lèvre inférieure fendue, les hématomes à ses bras) sans les relever. Elle avait ensuite fait signe à ses Loups de se reculer, ce qu'ils avaient fait non sans plainte. Cal ne servirait pas de dîner après tout, même s'il était encore plaqué à un arbre comme une crêpe au fond d'une poêle. C'était alors que le blond avait remarqué qu'elle-même chevauchait une bête. La cavalière était plus petite que ce dont elle avait l'air, peut-être était-elle légèrement plus grande qu'Alice. Le garçon se disait qu'elle n'avait aucune change de se mouvoir dans cette forêt outre qu'à dos de Loup.

De nouveau, la lame l'avait effleuré et Cal avait sursauté. Mais cette fois, il était capable de produire une plainte. Ses lèvres étaient enfin libres. « Ton nom. » lui avait intimé la fille en se reculant. « Cal » avait-il aussitôt répondu.

Sous le sourire rouge de son interlocutrice, Cal pouvait apercevoir un rictus. « Moi Louve. » Elle était descendue de sa monture et avait essuyé le sang au coin de ses lèvres du revers de la main. « Loups détestent odeur d'humain, mais ils ne tueront pas. » avait-elle déclaré en caressant affectueusement son animal. « Pas aujourd'hui. » avait-elle cependant ajouté. Cal n'avait pu s'empêcher de scruter ses ongles longs comme des griffes de fauve et ses canines pointues qui inspiraient soit le respect soit la terreur. « Pars de ma forêt. » avait-elle conclu en se détournant dans un souffle. La substance qui enveloppait le corps du garçon s'effaçait alors jusqu'à le relâcher complètement. Pourtant, celui-ci restait paralysé comme un bonhomme en pain d'épices. Il avait ensuite reculé à la menace des Loups mais s'était vite tourné vers celle qui semblait être leur maîtresse. « Hé ! » l'avait-il appelée. Le nom de Louve lui correspondait amplement, mais il était encore étrange de le prononcer. La découvrir assise sur une branche d'arbre avait achevé de le stupéfier. Elle se déplaçait si vite ! « Comment sortir d'ici ? » demandait-il en se raclant la gorge, mal à l'aise.

Alice au Pays de l'AilleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant