CHAPITRE IV : Les Conseils d'une Chenille

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« Youhou, Penn ! » chantait Sirène en agitant la main

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« Youhou, Penn ! » chantait Sirène en agitant la main. Louve arrivait à la nage, quoique trop tard. « La course est finie ! Tu peux aller te sécher maintenant, bon toutou ! Ça empeste le chien mouillé depuis tout à l'heure ! » Sirène s'était alors mise à rire. Elle avait hélé un serpent-de-mer-taxi et était remontée à la surface sans un dernier regard. Mais avant cela, bien avant que Louve n'arrive, Sirène pressait Cal vers le Train-Express en direction du Royaume de Brume, sa prochaine destination. Les habitants des Royaumes des Eaux et de Brume étaient les seuls voisins à fraterniser, raison pour laquelle ils partageaient volontiers une ligne de train. Si Samouraï et Sirène étaient aussi différents que Chenille et Souris, leur mépris envers Louve les rapprochait cependant.

Pour en revenir à la ligne de train, elle parcourait les eaux et la surface. Ainsi voyageait-on avec des poissons en costumes, des poissons en chapeaux, des poissons en bottes... mais également en compagnie de ces drôles de créatures qui habitaient le Royaume de Brume, là où il ne faisait jamais beau. Là où il pleuvait et il neigeait, puis il grêlait et il faisait brouillard. C'était un temps de chien, quoi ! Si l'on était chanceux, on tombait volontiers sur ouragans ou tempêtes.

Le premier être de Brume que le frère d'Alice avait rencontré était l'une de ces créatures nommées Monstres Cornus. Si elle n'avait pas l'air si triste, Cal aurait pu croire qu'il s'agissait du fameux Ombre dont il fallait tant se méfier. Mais au lieu de ça, le garçon était allé s'asseoir sur le siège d'à côté et avait regardé les larmes couler sur son visage. Il hésitait à lui proposer des mouchoirs, puis il s'était rendu compte qu'il n'en avait pas...et puis d'ailleurs, une créature sans nez, ça ne se mouche pas ! Soudain, un frisson semblait parcourir l'être de Brume et il avait émis un son qui ressemblait à un éternuement. « À vos souhaits, monsieur ! » avait dit Cal. Son voisin avait hoché de la tête en signe de reconnaissance. Mais en se levant pour descendre à son arrêt, Cal avait remarqué que l'éternuement avait fait pousser des champignons sur la créature qui pleurait de plus belles. Cela devait être le Temps, ou peut-être le cafard...

Le garçon allait s'avancer quand une main flasque et vêtue de Brume lui avait tapoté l'épaule et lui avait fait cadeau d'un parapluie rouge. « Merci ! » avait-il dit et il était parti alors que le train hurlait et crachotait de la fumée dans le ciel. Cal avait ouvert le parapluie et s'était avancé à la sortie de la ligne de train en compagnie d'autres passagers. La scène qui se déroulait sur le quai était assez étrange : des familles Monstres Cornus s'enlaçaient pour se saluer et accueillir les voyageurs. D'autres encore portaient des pancartes avec des inscriptions dans une langue que Cal ne comprenait pas. Aussitôt le garçon avait-il mis les pieds à l'air libre qu'une rafale l'avait pris de plein fouet et l'emportait à travers le Royaume. Le parapluie l'aidait à rester relativement fixe dans les airs, ou plutôt, porté par la Brume. Sur son chemin, il avait rencontré d'autres types de créatures de Brume, mais cette fois, elles étaient blanches et se confondaient aux nuages. Les Monstres Neiges étaient très grands et leurs membres étaient élancés comme des sabres. Leur apparence était nonchalante et froide. Ils avaient aussi trois oreilles de chaque côté de la tête et six yeux violets. Ceux-ci n'étaient pas des travailleurs de bureaux, des diplomates en costumes, en chapeaux, et en bottes, mais des agriculteurs : ils travaillaient la terre et récoltaient des champignons toute leur vie, là-haut, dans les montagnes enneigées, et se déplaçaient péniblement au milieu de la tempête de neige.

Alice au Pays de l'AilleursWhere stories live. Discover now