Une vie basique

Chapitre 7

— mercredi 14 février —

Je me suis mis sur mon trente-et-un pour aujourd'hui. J'ai prévenu ma mère et Hange sur ce que j'allais faire. Je suis assez content et stressé en même temps. Moi qui ai de l'anxiété sociale, c'est comme affronter un titan ce que je vais faire. Je lui acheté des chocolats parce qu'ils offrent tous ça dans les films. Ma mère me dépose, m'embrasse fort et me souhaite bon courage. Étant donné que je reste tout de même anxieux, je me suis dit qu'écrire ce que je ressens pour lui serais mieux que d'avouer en face parce que je sais pas décrire ce que je ressens. J'ai du mal à parler de mes émotions et sentiments. J'entre dans le bâtiment, la boule au ventre et attend Hange devant mon casier comme d'hab. Elle arrive et me saute dessus toute contente et excitée pour moi. Je préfère attendre la recrée pour lui avouer.

Lorsque nous entrons dans la salle de classe, je l'aperçois et ne peux plus enlever mon regard de lui. Il remarque mon regard sur lui et me sourit en me demandant comment je vais. Nous discutons un peu et en voyant comment il me regarde, mon stress s'évapore peu à peu. Je sens qu'on a quelque chose, pas juste une simple amitié.

Le cours passe très lentement et vient la recrée. Mike et Erwin sont ensemble et Hange est avec moi près de mon casier. Je sors les chocolats, me reparfume un peu. Je recommence à paniquer et Hange me rassure. Elle me tire et me pousse vers Erwin. Ça y est, on y est. C'est maintenant. Plus que quelques pas à faire et je serais en face de lui pour lui demander. Je respire profondément et m'avance vers lui.

Au même moment, Jessica s'avance et me dépasse en me poussant un peu. Elle enlève le téléphone des mains d'Erwin et lui embrasse la joue. Erwin la regarde, choqué, puis elle lui demande s'il veut bien sortir avec elle. J'assiste à la scène, choqué aussi et boulversé. J'étais à deux doigts de faire la même, enfin avec moins d'aisance et sans l'embrasser sur la joue. Je coupe ma respiration en attendant sa réponse en espérant au fond de moi qu'il refuse. Mais pourquoi il le ferait, elle est magnifique et ils se tournent autour depuis longtemps. Et puis elle a l'air clairement meilleure que moi, elle a l'air facile à vivre et confiante, alors que moi c'est tout l'inverse. Et puis de toutes façons il est pas gay, il me trouverait juste bizarre. Je me retourne et Hange me regarde, d'un air désolée.

Je me dirige vers l'extérieur dans un endroit peu exposé, avec une mine dépitée, juste pour rester un peu seul. Mais sur mon chemin, je croise les connards de d'habitude qui remarquent que je vais mal.

- Hé, est ce que ça va Levi ? Me dit l'un, il semble vraiment sincère cette fois.

Ces potes m'entourent. Je ne répond pas. Il remarque les chocolats et la lettre.

- Oh, est ce que tu t'es pris un râteau ? Ça m'étonne pas, un fils de pute qui se fait aimer par quelqu'un c'est rare, surtout avec ta gueule.

Finalement je m'étais trompé, il est toujours aussi con. L'un de ses potes attrape ma lettre et la lui donne. Je tente de la récupérer mais je suis trop petit et il la tient en hauteur. Fais chier putain !!
Je tente de le frapper pour la récupérer mais ses deux potes me plaquent contre le mur et me tiennent. Il ouvre la lettre alors que je le supplie de ne pas la lire. Mais il ne m'écoute pas, bien sûr.

Il commence à lire la lettre à haute voix devant tout le monde.

Cher Erwin,
Je ne savais pas comment te le dire puisque je ne suis pas très fort pour exprimer mes sentiments. Mais je voulais simplement te faire savoir comment je vais à tes côtés. Je te trouve incroyable et assez séduisant. En réalité je sais pas ce que je ressens pour toi, je suppose de l'amour. Quand je suis avec toi, je me sens bien, le regard que tu portes sur moi m'aide à rester ici auprès de vous. J'ai envie de sourire quand je suis avec toi, de rigoler. Je me sens si bien avec toi.

Je ne sais pas si tu ressens la même chose pour moi, je sais même pas si tu es gay ou bi. Mais je tenais juste à te le dire, peu importe la réponse.

Je t'aime, Erwin.

- T'es gay ?! En plus d'être un sale fils de prostituée, d'être une sous-merde, t'es une tapette ? Mais c'est qu'on a le gros lot là.

Je sens que je vais finir par pleurer s'il continue. J'ai toujours été très sensible, c'est une chose que je déteste chez moi. Le mec me frappe en plein visage et après, lui et ses potes se barrent en prenant la lettre. J'ai très peur de ce qu'ils vont faire.

- On va aller montrer à ton amoureux comment tu te sens ! Ils rigolent.

Merde ! Non faut pas ! Je leur cours après en les suppliant de pas lui montrer cette putain de lettre. Ils arrivent près d'Erwin qui est en train d'embrasser Jessica.

- Dommage pour toi, on dirait que ton petit copain est pas pd, contrairement à toi sale merde.

Puis il lâche la lettre alors que je la récupère. Erwin qui me regardait dans l'incompréhension, me demande ce qu'il se passe. Jessica me regarde comme si je venais de gâcher ce moment si doux pour elle, que j'aurais adoré partager avec lui. Je m'excuse et me dirige vers les toilettes. Je déchire la lettre et la jette à la poubelle puis je me met à pleurer. Ils ont raison, je suis juste une merde qui mérite même pas d'être aimé. Il m'aurait sûrement trouvé bizarre de toutes façons.

Le reste des cours passe et je ne parle plus à personne. Je veux juste rentrer chez moi. Être seul. Midi arrive et je fonce chez moi sans dire au revoir à mes amis et encore moins à Erwin. En rentrant ma mère me demande comment ça s'est passé, je lui répond juste que j'ai besoin d'être seul ce qui lui fait comprendre la situation. Je m'enferme dans ma chambre sans prendre le temps de manger et pleure sur mon sort. J'en ai marre. Je me fais harceler à cause de conneries depuis le CM1 et quand je pensais enfin pouvoir peut-être être en couple et sentir l'amour de quelqu'un, je me suis trompé encore et j'ai été blessé. Encore une fois. Je finis par m'endormir après avoir pleurer pendant au moins 45min. Ma famille me laisse tranquille dans l'après-midi, comprenant que je ne veux juste pas parler. Je leur suis reconnaissant.