Lettre II

275 94 66
                                    

Je viens de sortir de chez ma psychologue. Elle m'a officiellement diagnostiqué une dépression. Elle me propose d'aller voir un psychiatre pour qu'il puisse me donner des médicaments pour soulager la douleur. J'ai peur de tomber dedans et de ne jamais m'en sortir...

Hier soir, j'ai encore rêvé de toi. On était à Las Vegas, tu m'achetais des jetons pour que je joue à la machine à sous, puis plus rien. Quand je me suis réveillée, j'ai dû encore me rendre compte que ce n'était qu'un rêve et que tu n'étais plus là. Ça me fait vraiment mal de m'accrocher et de me prendre à chaque fois la réalité en pleine gueule au réveil. Je pense à toi, je rêve de toi, je me réveille en pensant à ce que je viens de vivre, puis j'y pense toute la journée et je finis par encore rêver de toi. En fait, tu occupes mes pensées en permanence mais j'ai peur qu'en essayant de penser à autre chose je ne puisse plus te voir dans mes rêves.

J'ai avoué à la psychologue que je me sentais seule en ce moment et que je n'avais personne avec qui en parler. Elle a insisté sur le fait qu'il allait falloir que je m'entoure. Elle m'a même proposé de rencontrer une vieille dame du quartier qu'elle connait et qui pourrait peut-être m'aider. Je vais y réfléchir mais je crois que je ne me sens pas encore prête à voir de nouvelles personnes. Le problème, c'est que je suis très fragile et que tout me fait peur en ce moment. Aller jeter la poubelle est devenu une épreuve, je ne te parle même pas d'aller faires les courses...

En fait, je ne sais pas quoi penser. Je suis perdue. Si je vais mieux, tu disparaîtras petit à petit et si je ne vais pas mieux, je vais finir par disparaître moi-même. Je me demande comment faire pour donner un sens à ma vie, donner un sens à ce qu'on avait commencé à construire. Le problème c'est que je me sens terriblement mal. Je me sens tellement mal par rapport à toi, par rapport à cette histoire, par rapport à moi. J'ai l'impression d'être une horrible personne, de ne mériter que le pire.

J'ai peur aussi parce que j'ai commencé à me faire du mal. Je n'avais jamais compris pourquoi les gens en venaient à s'en prendre à eux-mêmes. Ça me semble tellement logique maintenant... Je sais que ce n'est pas bien mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est comme si j'avais besoin de me punir. En fait, quand je me fais du mal, je n'arrête pas de me dire que c'est ridicule comparé à ce qu'on t'a fait. 

Je suis consciente que je suis dans une phase difficile et que je commence sérieusement à perdre les pédales. Je te promets que je vais faire des efforts et que je vais essayer de me battre. Il faut que je le fasse, au moins pour toi. 

Je t'aime.

NadiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant