Lettre III

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Cela fait quelques jours que je ne t'ai pas écrit. J'ai beaucoup pensé à toi, à moi, à nous et je tourne en boucle. Je pense qu'il faut que je passe à deux séances chez ma psychologue. Je ne l'aimais pas vraiment mais je commence à l'apprécier. Je crois que c'est une bonne personne. 

D'ailleurs, j'ai finalement décidé de rencontrer la dame dont elle m'avait parlé. Je lui ai avoué  que je t'écris des lettres et elle m'a encouragé à continuer tant que ça ne me faisait pas de mal. Elle s'appelle Geneviève, je ne sais pas quelle âge elle a mais elle est rigolote. Elle a perdu son mari il y a quelques années, bien qu'elle n'a pas l'air très affectée. Je ne sais pas si elle le cache ou si elle s'en moque. En tout cas, on a beaucoup parlé de toi. Je n'ai pas eu le courage de tout lui raconter mais je crois que ça m'a fait du bien de pouvoir discuter avec quelqu'un. 

Quand je suis rentrée à la maison, j'ai craqué... J'ai encore craqué mais c'était plus fort que moi. Je te jure que je vais faire plus attention et que je ne vais pas me laisser aller. Ma psychologue dit qu'il faut du temps, peut-être qu'elle a raison. C'est tellement dur pour moi de voir la vérité en face et de reconnaître que je vais mal. J'ai l'impression d'être si faible.

Parfois je me demande si reprendre le travail ne serait pas une bonne idée. Puis j'enchaîne sur une crise et ça remet tout en doute. Je sais pas vraiment quoi faire. Est-ce que ça aurait vraiment du sens de reprendre mon activité ? J'ai juste peur de décevoir mes clients et que ça finisse par me retomber dessus. 

Sinon, ma mère m'a téléphoné hier. Je lui ai dit que tout allait bien et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Je sens qu'elle sait que quelque chose ne tourne pas rond, elle a dû remarquer que je n'ai pas la même voix que d'habitude. Ça me fait vraiment mal de devoir lui mentir mais je n'ai pas le choix. Un jour, j'aurai sans doute le courage de lui dire mais je préfère la préserver pour l'instant. Je l'admire tellement Tom, si tu savais. Elle ne mérite pas de s'inquiéter pour moi. 

Pour ce qui est de mon père, je te laisse imaginer... Je n'ai toujours aucune nouvelle et je crois que je n'en aurai jamais. Qu'il aille se faire foutre, je n'ai pas que ça à faire. Je n'ai aucune idée de la manière dont il va réagir quand il saura. De toute façon, à ce stade je m'en fous. Ce qui compte, c'est que je m'accroche à quelque chose et que je me batte pour toi. Tu étais quelqu'un de fabuleux et je n'ai pas le droit de déshonorer notre promesse. Il faut que quelqu'un le fasse et ce sera moi. Il me faudra simplement du temps mais je n'oublie pas. Je n'oublierai jamais.

À bientôt mon amour.

NadiaUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum