Chapitre 2 1/8 Hamlich (corrigé)

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Cela faisait plusieurs jours que Hamlich et sa mère marchaient, en traversant toute la vallée à la recherche d'un endroit sécurisé où ils pourraient recommencer une nouvelle vie. Sur leur chemin, ils croisèrent d'autres villages. La guerre n'avait pas l'air d'être passée par là. En continuant par l'Est, ces derniers demeuraient intacts, la paix y régnait encore.

Durant leur fuite depuis Erendel, la petite famille n'avait pas pris le temps de prendre quoique ce soit pour se payer une chambre dans une auberge, ni même de quoi se nourrir. Ainsi, sans la moindre ressource, se faire une place dans un autre endroit devenait presque mission impossible. Ils continuaient donc leur route tout en passant leurs nuits dans la forêt. Ils se nourrissaient uniquement des proies qu'ils parvenaient à débusquer sous leurs formes animales.

Sur ce même chemin, il leur arrivait de croiser des voyageurs. Certains étaient pieux et donnaient quelques piécettes utiles afin de se restaurer, alors que d'autres n'y prêtaient pas attention. Après tout, la générosité restait une qualité rarissime dans cette société égoïste. D'ailleurs, ces gens ne connaissaient pas la misère comme eux et préféraient les fuir au mieux.

Un jour, Hamlich et sa mère avaient réussi à récolter suffisamment d'argent pour pouvoir entrer dans une auberge. Au moment où ils en virent une, ils entrèrent sans tarder. Cette dernière était bondée de gens, la plupart des clients buvaient de la bière qui, à en croire les visages de ceux-ci, donnait l'illusion d'être excellente.

La mère du garçonnet s'arrêta devant le comptoir, où le tavernier essuyait une chope avec un torchon qui semblait aussi vieux que les lieux.

— Avez-vous de quoi manger et une chambre de disponible ? demanda-t-elle timidement.

— Vous tombez à pic, il ne nous reste qu'une seule chambre.

— Combien prenez-vous ?

— Dix piécettes pour la chambre avec un lit pour deux personnes, répondit-il d'un air froid. Sans compter la nourriture, qui vous mènera à un total de dix-huit piécettes.

Sa mère fouilla dans ses poches. Elle prit l'argent qu'elle possédait et compta dans sa main. Elle n'en avait pas assez pour payer une chambre et de la nourriture pour eux deux.

Le tavernier ne lâcha pas son dû des yeux. Il avait l'air de compter en même temps que sa cliente, ce qui était frustrant.

— Je vois que vous n'en avez pas assez ma petite dame ! reprit-il d'un air moqueur.

— Je vous en prie, soyez clément ! répondit la jeune mère attristée. Nous avons tout perdu et nous marchons depuis plusieurs jours.

— Et pourquoi le devrais-je ? J'ai d'autres clients à satisfaire ! Et baste ça, je n'en ai que faire de vos problèmes. Payez ou partez chercher la charité ailleurs, un point c'est tout !

Hamlich ressentait de la haine envers cet homme. Il le regarda avec ses yeux injectés de sang. S'il n'y avait pas eu tout ce monde dans cette auberge, il lui aurait fait payer.

La jeune mère regarda son fils de nouveau, tout en commençant à tendre les pièces, qui lui restaient.

— Alors, je vous en prie, reprit-elle. Prenez donc cela pour mon fils. S'il vous plaît, je dormirai à l'écurie.

Elle était prête à se priver pour qu'il puisse manger et se reposer convenablement, mais il n'acceptait pas du tout cela. Il se prépara à rétorquer et serra la main de sa mère pour l'empêcher de commettre cette terrible erreur.

— Je partagerai ma chambre avec eux, dit une inconnue venant de nulle part.

Cette dernière portait une capuche qui camouflait son visage. Elle lança une bourse en direction du tavernier, qui l'attrapa au vol.

La danse des Loups Tome 1 La dernière danse du cerf blancWhere stories live. Discover now