Chapitre 17 1/6 Grélheb

3 1 0
                                    

Comme le roi le lui avait demandé, Grélheb se leva avant l’aube. Il se prépara et rejoignit l’extérieur de la tente. Ses hommes étaient tous réveillés, sans exception. Tous allaient accéder à sa requête, comme il l’avait espéré. Même s’il savait qu’il n’avait pas d’autre choix, son honneur avait tout de même pris un coup. L’héritier considéré comme roi pour ses hommes, pas capable de s’auto suffire, s’obligeant à demander de l’aide ailleurs, ce qui pouvait le rendre illégitime, et heureusement, ce ne fut pas le cas, ce qui était très rassurant. Ses hommes s’étaient montrés très compréhensifs et lui montraient qu’ils avaient toujours confiance en lui et qu’ils ne reniaient pas son choix.

Quand il s’approcha de la tente de sa sœur, cette dernière sortit en trombe, vêtue d’un chemisier blanc et de chausses grises, portant l’arc qu’elle avait reçu la veille autour de sa taille avec une épée rangée dans son fourreau.

—Que fais-tu réveillée à cette heure-ci et parée de cette façon ? la questionna-t-il.

—Je vais me joindre à toi et à tes hommes pour l’entraînement.

Grélheb s’attendait à cette réponse, malheureusement, il aurait préféré le contraire. Elle avait déjà été en danger face au prince Eron et pouvait l’être de nouveau. Elle savait quoi faire à ce moment-là, mais sa chance pouvait tourner à tout moment.

Le jeune prince voulait à tout prix la préserver, et pour ce faire, il devait l’empêcher de s’entraîner. En étant incapable de vaincre des loups, elle serait inutile sur le champ de bataille. De plus, quand il serait devenu plus fort, il avait déjà prévu ce qu’il ferait d’elle en l’éloignant de tout danger le mieux que possible.

—Griselda, tu sais très bien que tu n’as pas ta place. Tu es une femme...

—Et alors ! le coupa-t-elle sèchement. Ça n’a pas empêché à père de décider que j’en avais le droit, tout comme toi ! Tu n’attends tout de même pas que je vous attende sur le côté, à vous encourager comme toutes ces dames qui n’ont rien à faire de leur temps ? Ne compte pas sur moi que je me comporte comme ces potiches. Contrairement à elle, j’ai un combat à mener. Il faut que je sois de taille à affronter les loups.

Cette fois, il se devait de lui justifier les plans planifiés pour elle. Il avait eu toute la nuit pour y réfléchir.

—Justement, tu n’iras pas dans cette bataille, ni dans aucune, d’ailleurs, lança-t-il.

—Qu’est-ce que tu racontes ? Je vais me battre à tes côtés et récupérer ce qui te revient de droit.

—Quand nous partirons, nous rejoindrons Fort-Hiver, annoncé-t-il sur un ton autoritaire. Tu épouseras le lord Edmond Camington, comme il en est convenu. Après ton mariage, ta place sera là-bas pendant que je reprendrai Blancherive.

— Tu n’es pas sérieux ?

—Je ne l’ai jamais autant été. J’ai promis à père que je veillerai sur toi, je te rappelle. Et jamais je ne trahie mes promesses. J’ai failli à mon devoir une fois, je ne le ferai pas une seconde fois.

—Grélheb, je t’en prie ! commença-t-elle à le supplier. Je ne pourrai pas rester les bras croisés, pendant que nos hommes combattent et risquent leurs vies à chaque instant. Laisse-moi décider de mon destin.

—Ma décision est prise, je n’y reviendrai pas là-dessus. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, j’ai mes hommes à rejoindre.

Il commença à partir en direction de ses hommes.

—Tu n’as aucun droit sur moi ! objecta-t-elle sévèrement.

—Je suis ton suzerain et il est de ton devoir de m’écouter !

La danse des Loups Tome 1 La dernière danse du cerf blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant