La danse des Loups Tome 1 La dernière danse du cerf blanc

Chapitre 2 5/8 Point de vue Gregor

La nuit tomba sur le camp. Les feux étaient allumés pour les protéger de la froideur de l'hiver. Cet endroit était l'un des plus froids du continent. Ils étaient donc obligés de se vêtir de capes faites de fourrures, et même si cela faisait quelques mois que Gregor était ici, il ne s'était pas encore accoutumé au climat d'Illyria. Les plaines et les forêts de son enfance lui manquaient affreusement.

Son royaume n'était pas la seule chose qu'il avait dû abandonner durant son expédition. Sa famille demeurait toujours à Blancherive, loin des conflits. Alors oui, il lui arrivait de penser à sa femme et à ses enfants. Sa fille Griselda avait cinq ans et son fils Grélheb allait avoir huit ans dans quelques mois. Ils auront sans aucun doute changé à son retour, il en était persuadé.

Il se remémora l'instant où il les avait quittés pour retrouver sa sœur. Malgré le fait qu'ils ne comprenaient pas les véritables raisons de son départ, ils se contentaient uniquement de pleurer, comme si leurs larmes l'empêcheraient de partir. Ils ne voulaient pas qu'il les quitte, surtout Griselda qui se collait à lui au moment où il montait sur son cheval. Il avait été difficile pour lui de s'en défaire, tellement elle s'agrippait à lui avec acharnement, comme si sa vie en dépendait. Sa femme dû intervenir en prenant la petite dans ses bras. À cet instant, Griselda pleurait de plus belle. Il avait profité de ce moment pour lancer sa monture au galop, laissant derrière lui sa famille attristée.  

Comme tout père de famille, il aurait aimé se retrouver à leurs côtés et les retrouver le plus rapidement possible, mais c'était impossible en ce moment. Il devait s'assurer de la sécurité de son neveu, qui n'était qu'un enfant, avant toutes choses. À son âge, il ne pouvait pas mener des hommes au combat, c'était encore trop tôt, et il serait sans cesse en danger s'il restait en Illyria.

Pour éviter que cela se produise, Gregor connaissait un endroit en Neira qui pourrait lui apporter ce qu'il cherchait. La maison Herressand et Hurlevent pouvait l'élire comme domicile, il en était persuadé. Ces bois sauvages leurs plairaient sans aucun doute et leur rappelleraient probablement leur pays natal, même si la Neira était en tout point différent du leur.

Des servantes arrivèrent et donnèrent des bols remplis de ragoût aux voyageurs. Le contenu était à température parfaite pour pouvoir les réchauffer. Et alors que Mathias était assis près du jeune roi, le garçonnet mangeait sans s'arrêter, presque affamé.

Cet enfant avait énormément faim, mais le ragoût ne suffisait pas à le rassasier et à le réchauffer. Il tremblait de froid continuellement. Gregor le prit dans ses bras et le couvrit avec sa cape, alors, l'enfant se serra contre lui, ferma les yeux sans plus attendre et s'endormit.

Gregor sentit sa respiration ralentir. Cet enfant était en train de rejoindre le pays des rêves. L'âme de Mathias avait peut-être dix ans, mais il restait tout de même un petit garçon. Depuis que sa mère était morte, il demeurait triste et se renfermait sur lui-même. C'était comme s'il avait perdu une partie de lui pendant la guerre.

Soudain, alors qu'une servante s'approcha d'eux.

— S'il vous plaît, lui demanda-t-il, veuillez l'emmener à l'intérieur. Il a besoin de dormir.

— Bien majesté.

Cette dernière porta Mathias en faisant attention à ne pas rompre son sommeil. Celui-ci dormait si bien qu'il aurait été difficile de le réveiller. Rien ne semblait pouvoir le perturber, sauf les cauchemars qu'il faisait sans cesse. Son traumatisme était encore tout frais et pouvait durer des jours, voire même des années.

Pendant que la servante gagna le moulin abandonné, la princesse Priya en sortit. Elle regarda un moment le jeune garçon puis continua d'avancer. Depuis son arrivée, le seigneur Hérald de la maison Herressand lui avait donné de quoi se vêtir en fonction de son rang. Elle avait fière allure ce soir-là.