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6

6 heures

6 putain d'heures qu'on attends

En entendant le bruit du coup de feu je n'ai à aucun moment pensé qu'il nous était destiné, mais je me suis trompé ; Ayoub a reçu la balle dans le mollet.
Dès que je l'ai entendu gémir de douleur j'ai compris, Hassan aussi a compris et il a tout de suite essayé de le tenir éveillé en lui donnant des claques, je pleurais, je criai de toutes mes forces mais ça ne servait à rien, il avait fermé ses yeux tout doucement devant moi.

Hassan l'a vite mis dans la voiture, je suis montée derrière à côté d'Ayoub et Hassan a conduit jusqu'à l'hôpital le plus proche en grillant les feux rouges, en dépassant les vitesses autorisées ect...

Je priai, j'essayai de le réveiller en lui donnant des claques mais en vain, je n'arrêtais pas de vérifier son poux.
Son cœur battait toujours mais de moins en moins fluidement, de moins en moins vite, de plus en plus lentement.

Quand nous sommes arrivés devant l'hôpital, Hassan s'est dépêché de sortir Ayoub et moi je suis restée là, incapable de bouger.

Au bout de 30 minutes Hassan est revenu en me disant qu'ils l'avaient directement pris en charge ce qui m'a énormément soulagée ; il m'a donné des habits de rechange qui était dans le coffre, j'ai enfilé l'ensemble de jogging beaucoup trop grand pour moi en n'essayant de ne pas me focaliser sur la douleur que j'ai car ça ne ferais que l'emplifier, pendant ce temps Hassan a appelé ma mère pour la prévenir que j'étais en sécurité avec lui et ce qui était arrivé à Ayoub en bref puis je suis sortie de la voiture pour rentrer dans l'hôpital.
Hassan ne m'a pas posé de questions et c'est mieux comme ça...

Ma mère et mes frères sont vite arrivés à l'hôpital mais dès que je les ai vu au loin je suis partie m'enfermer dans les toilettes.

Tout simplement parce que tout est de ma faute ! Si il ne serait pas venu me chercher il n'aurait jamais reçu cette balle qui peut le faire mourir à tout moment.
J'ai pas envie qu'on vienne me voir en me disant qu'on est content que je sois là alors que c'est à cause de moi que Ayoub est entre la vie et la mort.
Et vous pouvez pas me dire que c'est pas de ma faute parce que c'est pas moi qui a tiré parce que si c'est quand même de ma faute, il méritait même pas d'être frôlé, j'aurais dû la recevoir cette balle et en mourir.

Tout ce que j'ai vécu pendant ces jours m'ont détruite, ça m'a tué autant physiquement que mentalement.
J'ai honte, j'ai honte de m'être fait violé, d'avoir perdue ma virginité, de pas avoir su me défendre.

La poignet de la porte des toilettes bouge plusieurs fois puis j'entends la voix d'une femme crier

Ma mère

Je me lève difficilement, je déverrouille la porte et je l'ouvre doucement

Je croise directement son regard, elle ouvre grand les yeux sûrement à cause des bleues, des traces et des cicatrices sur mon visage, de l'état de mon corps parce que même si je porte un jogging plus grand que moi on peut très bien voir comment j'ai maigris ; puis elle me prends dans ses bras.

Oummi- Ma fille *pleure* Je suis désolé, j'ai rien pu faire... Je priai tous les soirs pour te revoir vivante... *pleure* Je m'en veux tellement w'Allah tu peux pas savoir... Je... Je s-

Je relève sa tête et mets ma main devant sa bouche pour l'inciter à se taire.

- Ça va Oummi... Ça va... Je suis là maintenant !

J'ai mal, ça me fait mal de la voir comme ça ; je ne vais pas bien mais je peux pas lui montrer, je veux pas.

Oummi- Qu'est ce qu'il t'ont fait ?

Yasmine - S'aimer aurait été trop facile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant