Chapitre 15 - Priam

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Les mots de Kiran tournent en boucle dans ma tête. Est ce que je lui fais confiance? Malheureusement, oui, je lui fais confiance. J'ai envie de lui répondre que oui je lui fais confiance. Cependant la doctrine de mon grand-père revient au galop dans mon esprit et me rappelle de mauvais souvenirs. Comme le nombre de fois où j'ai pu faire confiance à des personnes que je ne connaissait pas assez (pendant nos entraînements) et ils m'ont pratiquement tous conduis à la mort et la souffrance.
Ma cicatrice vient peut-être d'un de ces trucs là. Mon cerveau bouillonne de réflexion. J'ouvre la bouche plus vite qu'il ne réfléchit. Trois lettres sortent de mes lèvres. Je les regrette déjà quand les bras de Kiran quittent mon corps. Sa chaleur n'est plus là. Il ne prononce pas un mot en se retournant mais je sais qu'il est déçu. Je le suis aussi.

Putain, quelle conne tu fais Déliha. Tu as peur certes mais il pourrait t'apprendre. Il pourrait te montrer ce que ça fait d'être aimé. Parce que oui... ce n'est plus qu'une stupide question d'amour. J'ai enfin compris et merde, j'ai tellement peur. Je ne sais pas ce que ça fait d'être aimé ou du moins j'ai oublié et effacé parce qu'il n'y a que ma maman qui m'aimait pour de vrai. Je sais que les garçons m'aiment mais pas d'un amour....comme ça. Je ne sais pas comment l'expliquer. Les garçons m'aiment d'un amour fraternel. Du genre, je peux me prendre une balle pour toi mais tu peux rêver que je te passe mon verre d'eau. L'amour que Kiran veut m'offrir est bien différent de celui-ci. Je le sens et ça me fais peur. Je dois lui parler mais je veux mettre mes idées aux claires. Je pourrais lui parler que de cette façon.

Kiran s'est déplacé jusqu'au lit. Je le rattrape facilement. Ma main se pose sur son poignet. Il me regard avec des yeux interloqués mais blessés à la fois par ce mot qu'il a entendu. Il ne se retire pas de ma prise tant mieux je ne veux pas me battre. Je fais ce que je voulais faire. Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un baiser rapide et enfantin sur ses lèvres charnues. Je libère son poignet de ma prise et sors de la chambre sans me retourner. Des milliers de questions sont en train de lui traverser l'esprit. En referment la porte, je prononce juste quelques mots.

- Je promets de répondre à tes questions prince. Mais, plus tard.

Je ne sais pas s'il m'a entendu mais je file dans ma chambre. Je défait le peignoir et enfile rapidement des fringues. Ce qui consiste en un jean et mon tee-shirt de sport qui traîne. Je me retrouve dehors avec mon casque à la main. Il est tard mais j'ai besoin de parler à une personne bien précise. Tout le monde pense que c'est Fin, parce qu'il est mon frère et que c'est plus simple de se confier à lui sur ce que je ressens. Mais non, je ne vais pas parler à Fin, je vais voir Morgan.

Morgan a une histoire difficile. Ses parents sont morts dans un accident de voiture quelques mois après sa naissance. Depuis, il a été ballotté entre foyer et famille d'accueille. La plupart du temps, les familles où il était envoyé, étaient violentes avec lui. Il ne recevait pas d'amour. Sur le plan sentimental, on est (presque) pareil. Il ne montre pas ses émotions, je ne pourrais pas décrire ce qu'il ressent à moins que je prenne dix minutes pour l'analyser.                                        Bref, c'est lui qui comprendra le mieux ce que j'ai à lui raconter du moins je l'espère. Le trajet entre mon domicile et le sien est rapide. Je gare ma moto nonchalamment sur le parking de l'immeuble où il vit. J'analyse comme toujours ce qu'il se trouve autour de moi. Il n'y a qu'une voiture que je ne reconnais pas. Des nouveaux voisins ou des invités, je suppose. J'appuie sur le bouton de l'interphone pour qu'il puisse m'ouvrir. Je sais qu'il est tard, qu'on est jeudi soir mais  c'est pas grave. Demain est notre dernier jour de cours de la semaine et Morgan ne dort pas beaucoup, pratiquement jamais. La porte s'ouvre. Je grimpe au deuxième étage. Je toque à la porte. On m'ouvre.
Ce n'est pas Morgan qui m'ouvre mais un garçon blond de son âge.

- Heu... Salut, je croyais que c'était Morgan. Je pensais qu'il avait oublié son Badge comme d'habitude. Tu es ?

- Salut, Morgan n'est pas là ?

VandettaWhere stories live. Discover now