~Estelle~

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Moi : t'as pas un chargeur ? J'ai plus de batterie là

Driss : prise, télé

Fallait faire plus court comme phrase carrément. Fin bref je branche mon téléphone et je retourne m'assoir.
J'avais retirer mes chaussures et attacha mes cheveux en chignon depuis le temps.

Driss : y'a à manger dans la cuisine si tu veux

Moi : non c'est bon merci

J'ai réussi à garder le silence quelques temps mais voilà quoi en plus de ça j'étais fatiguée là.

Moi : je m'ennuie

Driss : et ensuite ?

Moi : bah je sais pas je m'ennuie

Driss : génial

Moi : pourquoi tu devais rentrer si c'est pour venir jouer à fifa au final ?

Driss : je devais aller voir ma meuf et en quoi ça t'intéresse ça te regarde pas frère

Moi : ça m'intéresse pas je t'ai dit que je m'ennuyais non ?

Driss : je vois pas ce que je pourrais y fa

Il se fait interrompre par la sonnerie de la porte.

Moi : t'attendais quelqu'un ?

Driss : même pas c'est peut être des voisins

Moi : je vais ouvrir ?

Driss : azy bien vu

Je m'avance vers l'entrée, il est quand même 4h du matin je doute que ce soit un voisin. En tout cas quand je regarde dans le judas je vois une meuf. Très jolie meuf.

Moi : oui ?

Elle : t'es qui toi ?

Driss : ESTELLE C'EST QUI ?

J'ai à peine le temps de caler une parole qu'elle me bouscule et se dirige vers Driss l'air déterminé. Je calcule pas plus que ça je retourne m'assoir.
Quand il la voit il lâche la manette et je m'empresse de la prendre, je vais pas galérer pendant qu'ils règlent leur souci.

Elle : Donc tu me dis que tu rentres parce que t'es fatigué et t'invites une pute chez toi ? T'es sérieux toi ?

Moi : évite aussi je suis pas ta copine

J'ai même pas pris la peine de la regarder pour dire ça, j'étais trop concentrée sur ma partie.

Driss : Commence pas Imani

Imani : commence pas quoi ? Tu réagirais comment si je rentrais pour aller capter un gars ? T'es malade ou quoi ?

Driss : ça y'es y'a rien de bizarre c'est la nièce des jumeaux frère

Imani : tu te fous de ma gueule, dit que c'est ta cousine pendant qu'on y est

Moi : même pas c'est vrai hein et puis moi je vous laisse ça devient hyper gênant

Je les laisse entre eux et en attendant je me balade dans l'appartement. Il m'a rien dit donc normalement ça devrai pas le déranger.
Arrivée au bout du couloir y'avais une sorte de meuble avec tout un tas de livre.
Après observation c'était pas des livres mais des albums photos.
Je les regardait attentivement y'avais énormément de photos de famille.
Tout plein de souvenirs immortalisés et tous réunis dans un album.
Je reconnaissais mes grands parents et les deux garçons qui l'accompagnent dans la majorité des photos doivent être les jumeaux. On croirait les voir grandir à chaque fois que je changeais d'album.
À un moment donné, je me suis retrouvée en face d'une photo qui m'a troublé. J'arrivais pas à détourner les yeux, elle semblait me pousser à la regarder encore et encore. Plus je l'observais, plus je me voyais en cette femme. Cette femme qui portait un bébé.
J'ai peur d'exprimer ma pensée, j'ai peur de confirmer mes doutes, j'ai peur de me dire que cette femme est

Driss : Ta mère...

Je me retourne brusquement, il m'avais surprise.

Driss : C'est ta mère et toi sur cette photo et c'est ton père qui l'a prise.

Je m'étais toujours jurée de ne pas pleurer en public mais ça devenait compliquer de me contenir. Le visage de ma mère avait complètement disparu de mes souvenirs. Je n'avais le droit  aucune photo d'elle et les souvenirs datant de mes 4 ans s'étaient estompés. Alors j'étais profondément bouleversée.
J'étais dans mes pensées quand je l'ai senti me prendre l'album des mains et tourner les pages.

Driss : ici c'est ton père et ta mère pendant la grossesse de ta mère. On était des amis de la famille donc on était tout le temps ensemble mais je pense que t'as du l'oublier depuis le temps

Je faisais tout pour me retenir mais je sentais que des larmes allait finir par s'échapper.
Soudain je sentis un sentiment de frustration m'habiter. Ces photographies respirent le bonheur, je suis consciente que toute leur vie a pu être semée d'embûche mais là ? La seule chose que je constate c'est que j'ai été privé de toute cette joie par égoïsme. Et mon cœur se brise à nouveau. Si ils savaient comme je saigne putain

Moi : je veux plus voir ça

Je pose l'album puis je retourne m'assoir dans le salon

Driss : tu vois t'étais presque mignonne mais là tu te re rend détestable

Moi : laisse moi tranquille

Driss : t'as 20 ans frère, il s'agirait d'arrêter de te comporter comme une gamine

Moi : m'en fou

Driss : pff gamine

Moi : bref elle est passée ou ta meuf ?

Driss : ça te regarde ?

Moi : simple question de curiosité ?

Driss : elle est rentrée sinon tu la verrai non ?

Moi : j'espère que tu lui a bien expliqué hein

Driss : et qu'est que ça peut te faire ?

Moi : bah je veux pas qu'elle se méprenne

Driss : hmm

Il reprend sa manette et je récupère mon téléphone. Je faisais comme si je le manipulais mais je réfléchissais plus qu'autre chose.
On se calculait donc pas pendant une dizaine de minutes.

Driss : au fait

Moi : oui ?

Driss : tu devrais être moins dur avec ta famille ça a pas été facile pour eux non plus tu sais

Moi :  c'est pas ma famille hein

Driss : comment ça ? Qu'est ce que tu fais chez eux alors si c'est pas ta famille

Moi : mais toi à ma place deux secondes.
Ça fait même pas 12h qu'on a repris contact donc j'appelle ça encore des inconnus moi

Driss : donc être nourri, logée, blanchie par des inconnus ça te dérange pas

Moi : a t'entendre je profite d'eux et j'aime pas ça du tout.

Driss : à ta place je leur aurai pardonné

Moi : ouais bah tu l'es pas et puis laisse tomber j'ai pas envie de parler de ça avec toi

Je me suis mise dos à lui et je suis retournée sur mon téléphone. Après un certain moment j'ai senti que je m'étais endormie sur son canapé