Chapitre 2

86 18 16
                                    

18 ans plus tard.

Talia sursauta, réveillée par ses propres cris. Elle s'était assoupie et avait encore revu son maître enfoncer sa lame dans la poitrine de sa mère. Cette image restait gravée dans son esprit depuis ce fameux soir où elle l'avait vu pour la dernière fois alors qu'elle n'était qu'une enfant. Ce cauchemar ne cessait de venir la hanter dès qu'elle fermait les paupières. Elle essuya du revers de la main la sueur qui coulait sur son front et fit de même pour ses larmes. Elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort ni celui de sa défunte mère. Le temps était compté. 

Talia regarda autour d'elle, toujours appuyée contre un frêne en essayant de distinguer quelque chose dans la pénombre, mais rien. Il faisait trop noir maintenant dans cette forêt pour pouvoir s'y repérer. Elle avait errée des heures et des heures entre les arbres denses sans retrouver son chemin. Elle ne s'était jamais perdue, auparavant. Toujours marcher droit devant soi, toujours droit devant soi, c'est ce que sa mère lui répétait toujours. « si tu es perdue, marche droit devant, tu finiras toujours par trouver un chemin qui te mènera quelque part ». Elle avait bien tenté de suivre ce conseil, mais cela ne semblait pas fonctionner ici. Cette forêt était étrange. Alors qu'elle était pourtant sûre d'avoir marché droit devant elle, elle avait eu la sensation de tourner en rond. La sueur coulait également le long de son dos, humidifiant désagréablement ses vêtements et elle avait soif. En s'enfuyant, elle n'avait pas pris le temps de prendre quoi que ce soit pour se nourrir ni pour boire. Elle avait espéré trouver un ruisseau avant la tombée de nuit, mais rien, pas l'ombre d'une goutte d'eau, à croire que cette forêt était morte car elle n'entendait même pas le bruit d'un animal ou d'un insecte. Désespérée, elle avait fini par s'asseoir contre un arbre pour se reposer.

Elle tentait de se remettre des émotions que son cauchemar venait de lui faire remonter à la surface et prit une grande respiration quand elle se stoppa, en alerte.

Des craquements légers se firent soudain entendre, réveillant les sens de la jeune femme. Le bruit était infime presque inaudible mais pas pour l'ouïe aiguisée de Talia qui dans la pénombre de sa cave avait l'habitude d'écouter le moindre bruit de son maître. Elle se tendit contre le tronc, scrutant la pénombre sans rien n'y distinguer. Soudain, elle sentit la lame froide d'une dague sur sa gorge et trois hommes au teint blafard pointaient des flèches droit devant elle.

Qui êtes-vous ? Et que faites-vous sur nos terres ?

Talia ne comprenait pas les paroles de l'homme derrière elle. Terrorisée, elle ne put prononcer le moindre mot.

Je répète, qui êtes-vous ?

— Je... je ne comprends pas ! bredouilla-t-elle.

— Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? prononça l'homme cette fois dans la langue de la jeune femme.

— Je... je ne me nomme Talia. Je me suis perdue dans la forêt et comme la nuit tombait je me suis arrêtée ici !

L'homme qu'elle n'arrivait pas à distinguer dans la pénombre prononça quelque chose à l'attention d'autres dans une langue qu'elle n'avait jamais entendue. La lame quitta son cou mais deux des hommes devant elle l'empoignèrent par les bras pour la relever alors que le troisième pointait toujours sa flèche dans sa direction.

— Ne me faites pas de mal, s'il vous plait, prononça-t-elle des tremolos dans la voix.

L'homme parla de nouveau dans sa langue.

— Vous ne devriez pas être ici ! Vous allez devoir nous expliquer comment vous avez pu entrer sur notre territoire.

— Je... je vous l'ai dit, je me suis perdue, je...

La Captive de Numenvain ~Tome 1Where stories live. Discover now