Chapitre 3

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Uliel avait enfermé Talia dans un des cachots. C'était un renfoncement taillé dans le mur des fondations qui ne comportait qu'un banc en pierre, refermé par une grille en fer forgé. Il lui apporta de l'eau et de la nourriture que la jeune femme s'empressa d'avaler sans même chercher à identifier ce qu'elle mangeait sous le regard de son geôlier. Elle était tellement affamée que n'importe quoi aurait pu faire l'affaire. Uliel lui déposa également une couverture. 

Il se posait beaucoup de question sur la jeune femme et sans pouvoir se l'expliquer, il avait de la compassion pour elle. Mais il ne devait pas le montrer, c'était une faiblesse la compassion envers des êtres qui n'étaient pas des elfes. Surtout envers les humains. Les elfes s'étaient longtemps battus contre les humains pour leur survie, ces derniers tentant de les exterminer jusqu'au dernier pendant des siècles. Le Roi avait énormément souffert de cette guerre, il avait perdu sa femme, la belle Amarië. Une reine d'une beauté renversante et d'une gentillesse incomparable. Depuis, le Roi était devenu froid, intransigeant et éprouvait une haine incommensurable envers les humains. La mort de la Reine avait également beaucoup affecté Uliel ainsi que la perte d'autres compagnons, néanmoins il se souvenait de l'époque où les elfes vivaient en harmonie avec les hommes et gardait au fond de son cœur l'espoir qu'un jour cette prospérité entre les peuples ne soit plus uniquement qu'un lointain souvenir.

Talia n'arrivait pas à dormir, malgré la quiétude du lieu. Un silence apaisant régnait ici et cela la changeait de l'auberge toujours pleine de monde où elle avait vécu. Enroulé dans la couverture, elle se remémorait son chemin de la forêt à ici. Elle n'avait jamais vu d'endroit pareil, aussi féerique. Mais elle aurait aimé le découvrir d'une bien autre manière. Les larmes coulèrent le long de ses joues. Elle avait fui une prison pour se retrouver dans une autre. Était-ce donc tout ce que lui réservait le destin ? Souffrir, vivre sous le joug d'autres plus puissants qu'elle. Était-ce une manière de la punir de sa différence ? On l'avait traité de démone, on l'avait chassé avec sa mère de son village... parce qu'elle n'était pas comme les autres. Puis, son maître avait exploité son don jusqu'à l'épuisement. Sans doute allaient-ils faire de même ici lorsqu'ils sauraient.

Elle finit par s'assoupir de fatigue et elle sursauta lorsqu'elle entendit son nom au petit matin. Uliel se tenait devant sa geôle, un paquet entre les mains. Il n'avait plus son armure de guerrier mais portait une tunique bleue ciel sur un pantalon plus foncé en tissus fluide. Ses cheveux étaient tressés comme la veille.

Talia se redressa puisant dans ses dernières forces mentales pour regarder Uliel la tête haute.

— Je suis prête à mourir ! dit-elle d'un ton sûr.

Uliel la contempla étonné.

— Mourir ?! Il n'a jamais été question de vous tuer ! Voilà une bien drôle d'idée, sourit-il enfin.

Talia se décomposa. De quoi avaient-ils conversé hier dans cette langue étrange qu'elle ne comprenait pas, si ce n'était son exécution ? S'ils ne la tuaient pas, ils allaient donc la torturer pour avoir des informations. Des informations qu'elles ne pourraient pas leur donner car elle leur avait dit la vérité. Une boule se forma dans sa gorge et la peur lui noua à nouveau l'estomac. Mourir aurait été une sentence bien trop clémente pour une femme comme elle, la démone Alterheim.

Ouvrez ! ordonna Uliel au garde, et laissez-nous seuls.

Bien ! Prince Uliel.

La porte de la cellule s'ouvrit et Talia recula au fond jusqu'à toucher le mur.

— Je vous ai apporté des vêtements propres et plus... appropriés pour une femme.

Talia regarda brièvement ses vêtements. Ils étaient sales et boueux et ne ressemblaient pas à grand-chose.

La Captive de Numenvain ~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant