La Captive de Numenvain ~Tome 1

Chapitre 9

Le deuxième jour venait de toucher à sa fin et Uliel avait raccompagné à contre cœur Talia à sa cellule pour la nuit. Il avait apprécié cette journée. L'humaine était divertissante, curieuse, presque enfantine. Elle avait une capacité de mémorisation assez étonnante et pourrait très rapidement apprendre l'elfique si on lui en laissait l'opportunité.

Il remonta lentement vers la salle du trône de Turuihel avec de l'appréhension. Avait-il récolté assez d'informations pour que le Roi décide de la garder à Numenvain, autrement que dans une prison ?

— Votre altesse, prononça-t-il en s'inclinant.

Le Roi était lasse ce soir, la fatigue tirait ses traits et le vieillissait quelque peu, bien qu'il ait toujours l'apparence d'un humain d'une trentaine d'année.

— Qu'as-tu appris d'elle Uliel ? demanda-t-il d'une voix qui trahissait sa souffrance.

— À Alterheim, son village d'origine les enfants la trouvaient étrange, et ont commencé à être méchant avec elle.

— Pourquoi étrange ? Qu'avait-elle de différent des autres enfants ?

— Ses yeux émeraude sont étranges pour les humains. Trop vifs, trop étincelants. Ils l'ont sur nommé le démon d'Alterheim. Certaines choses se passaient dans le village et on l'accusait d'en être à l'origine. Ce qui n'était au départ qu'une rumeur d'enfants s'est propagé auprès des adultes et ils ont fini par la bannir de son village avec sa mère.

— Hmm, souffla uniquement le Roi en tapotant du bout des doigts l'accoudoir de son trône, marquant ainsi son impatience à obtenir quelque chose de concret. Donc pas de lien avec des elfes...

— Il semblerait que non. Néanmoins, on ne peut pas nier des similitudes avec ce que notre peuple a vécu avec les humains !

Le Roi se redressa avec difficultés.

— Ne compare pas ce qui n'est pas comparable ! gronda-t-il. Et je doute qu'on bannisse d'un village une famille pour des racontars de gamins stupides. Elle ne t'a pas dit la vérité ! N'as-tu rien appris d'autre ?

— Elle a subit des mauvais traitements, cela crève les yeux et elle a peur. Deux jours... c'est trop peu pour obtenir sa totale confiance. Qu'allez-vous faire d'elle ? demanda Uliel, inquiet.

— Je vais y réfléchir demain matin ! Laisse-moi maintenant !

— Souhaitez-vous que j'appelle le guérisseur votre altesse ?

— J'ai dit laisse-moi ! Ne t'inquiète pas pour moi.

— Bien, je vous souhaite une bonne nuit votre altesse.

Uliel se retira, pensif. Talia n'était restée qu'en surface bien qu'il ait fait son possible pour la mettre en confiance. Il n'avait rien de suffisant pour le Roi. Ce pourrait-il qu'elle ne soit pas totalement humaine ? Cela expliquerait beaucoup de choses, mais il allait falloir déterminer ce qu'elle était réellement rapidement.

Le lendemain matin, Turuihel se sentait mieux. Il se leva tôt et se rendit aux geôles. Une fois devant la cellule de l'étrangère, il demanda au garde de lui laisser la clé et de les laisser seuls jusqu'à nouvel ordre.

Talia dormait encore, recroquevillée sur elle-même sur sa couche, comme les deux soirs précédents. Turuihel profita de son sommeil pour la contempler plus en détail et il attendit patiemment qu'elle se réveille. Elle ne lui inspirait pas grand-chose. Pourquoi Uliel lui accordait autant de...compassion. Cela restait un mystère. Mais il allait devoir démêler le vrai du faux maintenant.