La Captive de Numenvain ~Tome 1

Chapitre 4

Talia mangea à sa faim et remercia Uliel pour le repas.

— Je suis navré Talia de la manière dont les choses se sont passées hier. Les elfes sont plus accueillant généralement. Mais nous...

— Des elfes ? le coupa Talia surprise. Vous... vous êtes des elfes ?

La bouche de Talia resta ouverte, dans un O de stupéfaction.

— Eh bien, oui, pourquoi ?

— Je pensais que l'existence des elfes était une légende. J'ai entendu des histoires à votre sujet, des contes que l'on raconte aux enfants, mais j'ai toujours pensé que ce n'était que des histoires... expliqua-t-elle avec émerveillement en observant avec attention les traits fin du visage d'Uliel.

— Hmm... Donc... commença-t-il avant de réfléchir. Il y a de ça plusieurs siècles en arrière, nos peuples vivaient en harmonie. Les elfes et les humains se complétaient si je puis dire cela ainsi. Mais les hommes ont commencé à vouloir obtenir certains de nos secrets. Ils aspiraient à l'immortalité que nous avons et souhaitaient l'acquérir. Mais ce n'est pas une incantation que l'on récite. Même nous, nous ne savons pourquoi la nature nous a ainsi créés. Petit à petit les humains sont devenus méfiants envers nous et ont nourri de la rancœur. Nous vivions immortels et eux mourraient de maladie, de vieillesse. Bientôt ils nous accusèrent de tous leur maux. Nous avions le pouvoir de les sauver et nous ne voulions pas partager notre secret, alors ils ont tenté de nous contraindre. Et ce fut le début d'une guerre qui dura longtemps... conta-t-il d'un regard soudain teinté de tristesse.

Le récit faisait écho dans le cœur de Talia. Elle aussi on l'avait accusé de tous les maux de son village, parce qu'elle était différente, puis on l'avait chassé... et enfin, on l'avait aussi contrainte...

— Le démon d'Alterheim... prononça doucement Talia.

— Démon ? Oui, on peut voir cela comme ça, pour les humains nous étions devenus des démons. J'imagine que les contes dont vous parlez doivent nous dépeindre comme des êtres abjects, égoïstes et j'en passe...

— Non, bien au contraire, informa la jeune femme. Les histoires que me racontait ma mère sur les peuples elfiques étaient toujours merveilleuses. Cela parlait de contrés lointaines magnifiques ou les elfes vivaient en totale harmonie avec la nature et les animaux. Ils respectaient tout ce qui était vivant et protégeaient ceux qui en avaient besoin. Elle me décrivait pour m'endormir des rivières scintillantes, des hommes et des femmes au visage angélique et au teint laiteux, heureux de leur liberté. Quand la lune descend sur l'arbre éternel, celui-ci s'éclaire alors de mille cristaux scintillants représentant les âmes des défunts elfes morts au combat.

Talia avait prononcé sa dernière phrase en elfique sans s'en rendre compte.

— Vous parlez la langue elfique ? questionna Uliel surpris.

— Pardon ? releva la jeune femme surprise.

— Ce que vous venez de dire est de l'elfique !

— Je ne sais pas, c'est une phrase que me disait ma mère mais je n'ai jamais compris sa signification. Elle veut dire quelque chose pour vous ?

Uliel observa la jeune femme, suspicieux. Est-ce que le Roi avait raison de se méfier d'elle ? Il allait pour le moment garder cette information pour lui.

— Votre mère avait peut-être connu des elfes ! Même si je doute de cette probabilité car nous vivons caché des humains depuis bien longtemps maintenant.

— Ce sont des histoires qui se sont transmises dans ma famille, j'imagine, je ne sais pas.

— Qu'avez-vous fui pour vous retrouver sur nos Terres ?