3. ELLE

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NDA : je vous informe qu'afin de ne pas déstabiliser de potentiel.le.s lecteur.trice.s avec une immersion directe dans la tête du stalker, j'ai inversé les premiers chapitres. Ainsi, le chapitre 1 se trouve être celui du point de vue de Sybille, et s'en suit le chapitre 2 du point de vue du stalker qui, lui, s'avère être la lettre laissée sur le paillasson de l'héroïne.

Sur ce, bonne lecture !

***

Toc. Toc. Toc.

Les coups frappés à ma porte d'entrée me font bondir. Je me stoppe net dans le hall, une main sur la poitrine pour apaiser mon rythme cardiaque. Mais rien à faire, la peur est tenace. Elle me cloue sur place alors que des scénarios horrifiques se frayent un chemin jusqu'à mon esprit.

Au lieu d'une enveloppe semblable à celle que j'ai reçue vendredi dernier, j'imagine un colis déposé à la hâte par un mystérieux livreur. Le carton renfermerait un cœur humain qui battrait dans une mare de sang, alimenté par une force surnaturelle. L'image est tout de suite remplacée par une silhouette toute vêtue de noir. Elle se tient droite comme un piquet, sur mon palier. Elle appartient à un homme d'une taille impressionnante. Tout filiforme, et pourtant si rigide dans son costume datant d'une autre époque. Il porte un chapeau, plus exactement un haut de forme. C'est la mort.

OK... Note à moi-même : cesser de croire que les synopsis des films d'horreur que je visionne en boucle s'appliquent à ma vie. Bien que les frissons soient de saison, et que j'adore ça, Michael Myers ne me rendra pas visite... Ouf, ai-je envie de dire, manquerait plus qu'un sociopathe, se prenant pour le « croque-mitaine », débarque chez moi pour me tuer avec un couteau de cuisine.

Déjà que je me coltine un admirateur secret, doté du travers du voyeurisme. Rien que ça.

Qui, au XXIe siècle, épanche les élans de son cœur dans un courrier anonyme ? Un putain de pervers qui élucubre mille et un fantasmes à votre sujet et qui s'offre une branlette dans les bois pendant que vous vous offrez une baignade après une sortie matinale, sûrement ?

Alors, oui, je psychote depuis vendredi dernier. J'ai lu et relu la lettre dans l'espoir que l'identité de l'expéditeur apparaisse comme par magie à l'arrière de l'enveloppe. Sauf qu'il n'a laissé aucun indice filtrer que ce soit dans son écriture ou dans le contenu de sa déclaration. ça pourrait être n'importe qui, autant un client du Shining qu'un homme que j'ai croisé une fois dans la rue.

Soit quelqu'un de bien plus proche... comme Finn, Maël ou Noé. Cette éventualité m'a traversé l'esprit. L'un d'entre eux pourrait s'amuser à jouer les malades pour m'effrayer, mais ça serait tordu. Complètement vicieux.

Alors, à l'instar de nombreuses victimes de harcèlement sexuel, j'ai opté pour le silence. Je n'en ai pas parlé aux garçons. J'ai rangé l'enveloppe dans un tiroir de mon bureau, avant de m'empiffrer de glace devant une rediffusion de Misery. Un subterfuge plus que moyen pour se changer les idées. Ce n'est pas le classique le plus adapté pour oublier qu'on fait craquer un inconnu probablement atteint du même trouble que l'infirmière incarnée par Kathy Bates.

Sans doute suis-je folle, mais quand on ignore suffisamment un problème, celui-ci se convertit en une chose insignifiante si bien qu'il finit par disparaître, non ?

Les coups retentissent de nouveau à ma porte, suivis d'une voix qui me tranquillise instantanément :

— Sybille ? C'est moi.

Je fais tourner la clé dans la serrure, puis accueille Maël. Il n'a pas le temps de franchir le seuil que je me jette sur lui. Déstabilisé, il titube alors que mes bras s'enroulent autour de son cou.

Le Diable au cœur (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant