Révolution

Chapitre 30

Mars s'étirait en longueur et ils étaient tous plus occupés que jamais. Ils avaient signé pour acheter en commun, montant rapidement une société coopérative pour faciliter leur fonctionnement. Chacun aménageait son logement comme il l'entendait, et dans le même temps ils se retrouvaient régulièrement pour débattre de ce qu'ils souhaitaient pour les pièces communes. Juan, épaulé par Julie bien entendu, avait obtenu gain de cause pour sa grande salle de bain commune avec baignoire à remous, ce qui n'empêchait pas chaque logement de disposer d'une salle d'eau. Au premier étage, où vivraient trois adultes et quatre enfants, une salle de bain serait aussi créée, pour reproduire le fonctionnement qu'ils avaient déjà et séparer celle des enfants de celles des adultes.

Si rien ne venait contrecarrer leurs projets, ils pourraient déménager à la fin de l'été, juste à temps pour la rentrée. Markus, Juan et Jasper commençaient déjà à réfléchir à leur nouvelle organisation car les Omégas retourneraient tous les deux au travail, Markus car il piaffait d'impatience après plus de deux ans sans vraiment se plonger dans ses recherches et Juan parce que Jolan aurait un an et que ses finances ne lui permettaient pas de rester éloigné du travail trop longtemps. Il ne voulait pas dépendre de ses amis, même si ces derniers le lui avaient proposé. Il reprendrait donc le travail à temps partiel et aurait un salaire complet, comme le proposait la loi, jusqu'aux trois ans de son fils.

Juan avait retrouvé Rémi à son travail, comme il le faisait plusieurs fois par semaine à présent que les enfants de ce dernier étaient tous deux au courant de leur relation. Ils passaient un moment ensemble, dînaient parfois au restaurant ou rentraient chez l'Alpha, où ils passaient la soirée en compagnie des adolescents.

Ce soir-là, ils se baladaient dans Paris main dans la main, savourant les premières chaleurs du printemps dans un parc, avant de rentrer chez Rémi en faisant un détour par le traiteur japonais. On était vendredi, aussi Juan avait-il prévu de passer la nuit chez son amoureux, et si Anna avait déclaré qu'elle serait absente, Thomas lui avait déjà organisé la soirée jeux au retour de son père.

Lorsque son téléphone sonna, l'Alpha décrocha sans même regarder d'où provenait l'appel. Il devait de toute façon tous les prendre, car il était d'astreinte pour encore deux heures, bien qu'ayant quitté son bureau.

— Monsieur Respond ?

—C'est moi.

— Ici le service des Urgences de la Pitié Salpêtrière. Vous êtes la personne à contacter de Monsieur Christopher Léhmio.

— Oui, en effet.

Les mains de l'Alpha s'étaient mises à trembler et Juan le vit pâlir. Il se rapprocha de lui et diffusa des phéromones apaisantes. En tendant l'oreille, il comprit que Christopher avait eu un accident, mais ce n'est que lorsque le téléphone chuta qu'il réalisa à quel point Rémi était choqué. Il ramassa l'objet et le plaqua à son oreille. La communication n'avait pas été coupée et il put parler à la personne au bout du fil, sans cesser de diffuser des phéromones pour son Alpha et en le conduisant déjà vers l'arrêt de taxi le plus proche. Il raccrocha après quelques mots échangés avec l'opératrice et poussa son amoureux dans la première voiture disponible, grimpant à sa suite. Il indiqua au chauffeur leur destination et se tourna vers Rémi.

— Cariño. Ça va aller, d'accord ? Ils prennent soin de lui, ils nous attendent. Je ne te laisse pas. Je préviens Jasper et Markus.

Son amant hocha la tête et murmura un remerciement. Juan avait déjà le téléphone collé à l'oreille, le maintenant de l'épaule tandis que ses mains s'évertuaient à dénouer un peu son écharpe de portage et ouvrir sa chemise pour permettre à son fils d'accéder à un sein pour s'apaiser. Le nourrisson subissait de plein fouet l'angoisse des adultes et il réclamait depuis son réveil une tétée pour se rassurer.