Chapitre 36

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— Chris, nom de dieu !

C'était la cinquième tentative. Ils essayaient d'y croire et n'y croyaient plus. Rémi et Samir étaient seuls avec leur amoureux. Une part d'eux se préparait à un nouvel échec. Et à l'après. Que faudrait-il faire, après ? Que pouvait-on faire, lorsque l'amour de sa vie restait endormi ?

C'était Samir qui avait crié. Rémi était assis près du lit, la main de Christopher dans les siennes, et le front appuyé contre la paume de son amant. Il releva brusquement la tête lorsque le médecin cria. Il paniqua. Et son regard tomba dans celui, brumeux, de son amoureux. Il fondit en larmes.

— Sonne, Rémi, putain !

Il n'en eût pas le temps. Les appareils avaient déjà prévenu l'équipe médicale et la médecin réanimatrice passait la porte, accompagnée d'un infirmier. Rémi s'était levé et avait repoussé du pied le siège qu'il occupait afin que Samir puisse s'approcher aussi. Le regard de leur Alpha peinait à accrocher le leur, et reflétait une lueur paniquée.

— Tout va bien mon chéri. Tu es intubé, tu ne peux pas parler, c'est normal. Tu reviens de loin. Prends ton temps.

Ils reculèrent et laissèrent l'équipe médicale s'occuper de leur amoureux. Il était réveillé. Enfin. Après deux semaines d'angoisse constante. Rémi essuya ses yeux en pestant intérieurement, et Samir essaya de lui sourire, même si son regard à lui aussi était noyé.

Ils se tournèrent en même temps vers le lit lorsqu'ils entendirent Christopher tousser, puis se racler la gorge et réclamer de l'eau. L'infirmière lui en octroya une gorgée et les deux Alphas coincés dans l'angle de la pièce le regardèrent déglutir comme si c'était la chose la plus merveilleuse qu'ils aient jamais vue.

Quelques minutes plus tard, les soignants quittaient la pièce après avoir donné quelques consignes à Samir et Rémi, de nouveau au plus près de leur amoureux. Quatre mains étaient refermées autour d'une seule.

— J'ai eu tellement, tellement peur mon amour...

Rémi enfouit le visage dans les draps blancs alors qu'à côté de lui, Samir avait une réaction presque similaire. Il garda un peu mieux le contrôle de ses émotions, parce que Christopher était encore complètement perdu, et n'avait pas prononcé un mot. Mais sa main bougea entre les leurs, et du bout de ses doigts il caressa leurs visage, chacun à leur tour. Rémi releva la tête.

— Comment... va... Ethan ?

— Oh, bordel.

Rémi éclata d'un rire nerveux. Christopher le regarda avec incompréhension et il se pencha à nouveau pour lui baiser le bout des doigts, puis lui caresser le visage, la joue exempte de bleus alors que Samir s'emparait de nouveau de sa main.

— J'étais certain que c'était la première question que tu poserais, Amour. Savoir pourquoi on chiale toute notre flotte et pourquoi t'as mal partout, c'est secondaire. Il va très bien, il a passé une nuit à l'hosto parce qu'il était choqué, il a vu un psy, il est retourné au foyer et son père n'a plus le droit de s'en approcher. Il a passé deux jours en gardav' mais il a été remis en liberté en attendant son procès. Mais pour le procès, on avait besoin de savoir si...

Il se mordit la lèvre. Il ne voulait pas pleurer encore. Il ne voulait pas faiblir maintenant que Christopher était de retour. Il poussa légèrement son genou vers Samir et son ami prit le relais, expliquant d'une voix douce à leur amoureux tout ce qu'il avait subi ces dernières semaines, leur angoisse à tous et leur soulagement de le savoir de retour parmi les vivants.

— Comment tu te sens ? finit-il par demander après avoir fini de donner les informations qui manquaient à son amoureux.

— Épuisé, à vrai dire.

RévolutionWhere stories live. Discover now