Chapitre 34

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Lorsque Juan se réveilla, ses bras étaient vides, et un courant d'air frais glissait le long de son dos. Rémi avait essayé de s'extirper du lit discrètement, sans succès. Ils étaient les derniers à se lever, et l'Alpha aurait voulu que son Oméga se repose plus longtemps. Mais le jeune père ne l'entendait pas de cette oreille, et il n'était pas question qu'il abandonne son amoureux. Il sortit donc du lit et rejoignit l'Alpha en deux enjambées pour l'enlacer. Les bras puissants se refermèrent sur lui et un visage piquant mussa dans son cou. Il relâcha une bouffée de phéromones, discrète, pour lui dire son amour et son soutien, entremêlée de celles, apaisantes, que Rémi connaissait si bien depuis la veille.

— Merci mon chaton. Je vais en avoir besoin.

Et pas plus tard qu'à l'instant où il franchit la porte de la chambre pour rejoindre le salon. Thomas se jeta dans ses bras, le visage ravagé d'angoisse, et Anna le regardait d'un air implorant. Il aurait voulu leur annoncer une bonne nouvelle. Il n'en avait pas. Samir lui avait envoyé des messages régulièrement dans la matinée, simplement pour l'informer que l'état de leur amoureux commun était stable, et que les médecins baisseraient les dosages de ses médicaments dans l'après-midi.

Cela ne fonctionna pas. Dès que les effets du coma artificiel s'estompèrent, le cœur de Christopher s'emballa, sa respiration devint plus difficile et il fallut le rendormir. Rémi passa la nuit auprès de lui, diffusant en continu des phéromones pour lui, des phéromones qui lui disaient son amour, sa peur de le perdre, le besoin qu'il avait de lui et qui essayaient de lui communiquer toute la force dont il pouvait avoir besoin. Samir prit le relais au matin, après avoir passé une nuit affreuse chez lui. Il avait pourtant fait une chose que jamais il n'aurait pensé faire : s'autoprescrire des anxiolytiques afin de pouvoir s'endormir. Il savait qu'il aurait besoin de toutes ses capacités le lendemain et qu'il ne dormirait pas sans cela. Il en avait même proposé à Rémi, mais ce dernier avait décliné. Peut-être que dormir dans les phéromones de son amoureux, et de leurs amis, suffisait à l'apaiser. Samir vivait seul, et il adorait sa solitude. Normalement.

Toute la journée, il resta près de son amant, l'informant par son odeur de tout ce qu'il ne pouvait lui dire. Il lui parla aussi, bien entendu, même s'il avait de sérieux doutes sur les possibilités d'être entendu.

Lorsque Rémi revint, il était épuisé, et affamé. Son ami était accompagné de Juan, qui glissa dans le sac du médecin des boites de conservation alimentaire.

— Claire et Karl sont arrivés aujourd'hui et Karl a entreprit de nourrir tout le monde. J'espère que tu aimes le chili con carne et la mousse au chocolat. Tu es certain de ne pas vouloir dormir à la maison ? On peut te faire installer un lit, tu le sais hein ?

— Je sais. Merci Juanito. Je préfère rester seul. Jasmine va passer boire un verre quand elle aura fini sa journée.

L'Oméga acquiesça et son Alpha passa un bras autour de sa taille. Samir leur sourit.

— Tu vas rester toute la nuit ?

— Non, juste le début de soirée.

— Ça rassure Anna et Thomas. En plus de me faire plaisir. Ils ont peur de me laisser seul.

Samir sourit à son ami et reprit, en pointant le dossier médical au bout du lit :

— Ils vont tenter de baisser à nouveau les dosages demain matin après le changement d'équipe. J'arriverais tôt. Essaie de dormir un peu quand même cette nuit, si tu veux rester avec nous le temps de son réveil, d'accord ?

L'Alpha opina et le médecin se dirigea vers la porte, que Juan retint pour qu'elle ne se referme pas sur lui alors qu'il poussait les roues de son fauteuil vers l'ascenseur. Puis l'Oméga rejoignit son amoureux, qui s'était installé dans le large siège tiré près du lit où gisait Christopher. Il se lova sur les genoux de son Alpha, et extirpa une tablette numérique de son sac. Ils avaient prévu de regarder ensemble un film que Christopher adorait, comme si ce dernier pouvait le suivre avec eux. Pendant deux heures, les yeux de Rémi naviguèrent de l'écran au visage tuméfié de l'homme qu'il aimait, alors que son menton reposait sur l'épaule de son Oméga et qu'il se gavait de ses phéromones apaisantes.

RévolutionWhere stories live. Discover now