Chapitre 33

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À la Pitié-Salpêtrière, les minutes s'égrenaient comme des heures. Juan avait fait plusieurs aller-retours pour les ravitailler en café et en barres de céréales. Il avait parlé à Jasper, il savait que tous les enfants dormaient et avait pu rassurer Rémi concernant Thomas. Jasper s'était occupé de transmettre les informations à Anna, qui le rejoindraient le lendemain dans la journée.

Rémi n'avait pas quitté le chevet de Christopher. Il tenait sa main gauche, exempte de blessures. Il ne le quittait du regard que pour observer les différents écrans qui surveillaient l'état du corps de son amoureux. Alors que la nuit s'avançait, l'Oméga ne savait plus comment s'occuper et la fatigue le faisait vaciller. Sa poitrine tendue lui faisait mal, et il avait déjà été la soulager dans la petite salle de bain contigüe à la chambre. Jeter son lait dans le lavabo lui brisait le cœur, et alors que la médecin de garde venait vérifier si tout allait bien en prenant sa garde, elle remarqua la chemise humide de Juan avant lui. Gêné, il se détourna, mais la jeune femme le rassura et promit de lui faire apporter un flacon pour qu'il puisse conserver le précieux liquide. Quelques minutes après son départ, un aide-soignant le lui apportait en s'excusant de ne pas avoir pu mettre la main sur un tire-lait. Il secoua la tête et sourit vaguement. C'était le cadet de ses soucis, s'il pouvait conserver son or blanc pour le verser dans le bain des enfants il serait déjà ravi.

Rémi le regarda alors qu'il se défaisait de sa chemise et il rougit jusqu'à la racine des cheveux avant de s'enfuir vers la salle de bain. Lorsqu'il en revint, l'Alpha avait bougé pour la première fois depuis des heures. Il avait mis sa chemise à sécher et lui tendait son propre pullover. Il lui sourit et l'enfila, enfouissant son nez dans le col pour se gaver de l'odeur de son amoureux. Lequel l'attira contre lui pour l'embrasser brièvement, puis se rassit en le gardant sur ses genoux. Juan se blottit contre lui un instant puis voulut le libérer, mais Rémi le retint.

— Tu dors debout mon amour. Reste là. Je le veille et tu te reposes.

L'Alpha tira sur eux une couverture que l'aide-soignant, prévenant, leur avait apportée en même temps que les flacons pour le lait de l'Oméga. Juan se lova de nouveau contre l'Alpha, le nez au creux de son cou, les jambes passées par-dessus l'accoudoir du fauteuil. Il diffusa des phéromones apaisantes jusqu'à ce que le sommeil le fauche.

C'est ainsi que Samir les trouva au petit jour. Juan dormait profondément et Rémi, le teint crayeux, le maintenant contre lui d'un bras tandis que de ses doigts libres il caressait la main gauche de Christopher. Une des rares parties de son corps à n'être pas abimée. Il tourna un regard éteint vers la porte lorsque celle-ci s'ouvrit. Samir se tenait dans l'encadrement, et il s'était figé. Ses yeux étaient rivés sur le visage tuméfié de son amoureux, sur les bosses que formaient les plâtres sous la couverture, sur son crâne bandé, son œil gonflé, et il ne parlait pas. Lentement, il tourna la tête vers Rémi, et son visage défait était le parfait reflet de celui que l'Alpha devait offrir.

— La médecin ne va pas tarder à repasser, tu auras surement des questions plus précises que les nôtres pour elle.

Samir fit machinalement bouger les roues de son fauteuil et la porte se referma derrière lui dans un léger clic. Il secoua la tête, comme pour s'éveiller d'un cauchemar, et se dirigea vers le pied du lit pour saisir le dossier médical et le parcourir.

— Il a fait un infarctus ?

Le médecin parcourut la totalité du fichier alors que Rémi cherchait encore comment lui répondre. Ce n'est que lorsque son ami leva les yeux vers lui qu'il put murmurer :

— Ils n'ont pas prononcé ce mot-là devant moi, ils ont juste dit « problème cardiaque » et que ça n'était pas forcément lié à son agression.

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