VIII | Balaam

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Cet après-midi, le ciel est violet.

Ça doit faire quinze minutes que vous êtes partie, et presque autant que j'écris notre amour.

Il n'y a rien à faire ici sans vous. Dans le sablier, il n'y a plus de grain de sable qui tombe. Rien. Le silence, le noir, aux choix. Vous êtes partie et je ne vis plus. Vous aimer c'est ne pas pouvoir sortir sans vous chercher dans toutes les rues.

Dans le bruit, dans la fumée, entre les rayons de soleil, partout dans le ciel ; j'écris, assis sur un banc, à quel point vous êtes belle. Vous êtes le plus beau des tourments. Et au coin de la rue, je crois vous voir en me retournant. Le jour, je vois des mirages de vous. La nuit, je rêve de nous.

J'attendrai mille vies pour que vous veniez me retrouver.

À court de vous, le temps est figé. Et votre voix. Ô qu'elle me plaît votre voix. Je l'aime à m'en épuiser.

Comment respirer quand vous me laissez seul sans mon oxygène ?

Comment respirer quand, sans vous, j'ai l'impression de me noyer dans la Seine ?

Ô Rose, depuis cette douce nuit d'été je vous ai toujours aimé. D'un amour interdit ou d'un amour passionné. J'ai brûlé en croisant une seconde vos yeux. Plus rien n'a jamais été pareil, vous êtes devenue mon unique vœu.

Et ce soir-là, j'ai compris. Vous étiez et vous resterez la plus belle chose qui m'ait été donnée de voir car, à partir de ce jour-là, mon cœur ne battait déjà plus que pour vous.

Esclave d'un amour dont les chaînes sont plus douces que la soie. Vous écrire c'est être emporté par un ouragan de joie. Il n'y a personne d'autre à qui je pense. Vous êtes ma dernière chance.

Je m'arrache l'âme à vous aduler. L'amour que je vous porte est la plus douce des rages. Personne ne peut la museler. Rien ne peut la réguler

Les nuages me laissent seul, emportant le soleil. Le vent s'invite. Le noir m'encercle.

Mon dernier souffle de vie quand je ne vous vois plus.

Dans le bruit et la fumée, je vous vois partir loin pour ne peut-être plus jamais revenir. Une larme ruisselle sur ma joue mais ma peau brûle ; je pleure notre avenir.

Comme un enfant, je pleure et rien ne peut me consoler.

Je ne pensais plus avoir de larmes mais vous aimer brise les règles et les silences.

Des larmes coulent le long de ma plume. Et peut-être même le long de mes souvenirs. Ce monde est moins rose sans vous. Je n'y remarque que le pire.

Le monde est-il plus beau vu à l'envers ? Je ne sais pas. Mais une chose est certaine : il est moins beau quand je vous perds.

Le ciel au-dessus de moi a accueilli les étoiles. Elles forment de doux dessins. Les astres me chuchotent doucement quelque chose :

Nos âmes sont des résidus d'étoiles. Elles brillent projetées dans l'espace - parmi toutes ces autres étoiles qui éclairent, elles aussi, le noir de leur lumière. Elles brûlent à n'en plus pouvoir. Elles brûlent si fort que tout le monde ne voit plus qu'elles. Elles sont rêve, bouffée d'air et espoir. Les astres voyagent près de tous. Imprégnés de douceur, ce sont les foyers des abîmés. Ils réchauffent les cœurs et les âmes esseulées.

Ce soir, le ciel me fait penser à vous.

L'amour en noir [Poésie]Where stories live. Discover now