Chapitre 9 - Gaël

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Comme souvent, dans ce genre d'occasion, Mack râle : — Magne-toi, on va encore arriver en retard !

Il saute déjà dans le taxi que nous a envoyé Marie et qui poireaute depuis dix bonnes minutes.

Je crois que je suis allergique aux horaires. Non, j'en suis sûr, alors que j'imite mon pote en essayant de nouer une cravate récalcitrante.

— Mais t'es un manche, bon sang !

— Ça me gonfle de devoir assister à ce genre de sauterie, je grogne tandis que Mack, en un tour de main, règle mon problème.

— C'est parce que tu croises toujours une de tes anciennes maîtresses qui tente le tout pour le tout afin d'avoir un peu plus de Gaël Mervans.

— Arrête de dire des conneries. Elles sont pas si nombreuses.

Et ce crétin éclate de rire. Je n'ai quand même pas couché avec des centaines de filles ! Enfin, je crois pas. J'aime changer de partenaire assez souvent, mais ce n'est pas au point d'en avoir une nouvelle tous les soirs. Et puis, il a belle mine, lui ! Il aime les femmes aussi et il multiplie les rencontres. Comme moi. Comme nous tous, en fait. Hormis Thomas et Glen, qui sont en couple, aucun d'entre nous n'a de petite amie et il ne faut pas le cacher, quand on annonce qu'on est pilote moto, on a que l'embarras du choix. C'est le style de job qui attire les filles.

On est souvent entouré de nanas sublimes qui n'ont pas froid aux yeux et qui ne veulent que du sexe. Mais si elles peuvent, en plus, apparaître en public à ton bras au moins une fois, c'est le jackpot.

— Arrête de faire la trogne.

— Je fais pas la trogne. Je te rappelle que t'es pas mieux que moi.

— Peut-être, mais je ne prends pas mes maîtresses dans notre milieu. J'ai moins de chance de les recroiser une fois que j'ai mis fin à notre liaison.

Ouais, il a peut-être raison, mais il faut reconnaître que c'est difficile de résister à toutes les opportunités qui se présentent. En plus, si elles font partie de notre milieu, c'est moins de boulot. Pas besoin d'aller chercher trop loin.

Je suis un immonde salopard, j'en suis conscient, mais je m'en tape. Hors de question de me caser et de vivre le genre de relation toxique que j'ai eu sous les yeux dans mon enfance. Si mes parents ont réussi une chose, c'est de me vacciner contre la vie à deux, la guimauve et les nuages roses. J'y crois pas un instant.

Vive la liberté et les coups avec date de péremption !

Nous arrivons au MUCEM alors que la plupart des invités sont déjà entrés.

— On va se faire laminer, bon sang ! grogne Mack.

— Arrête un peu et suis-moi.

Je passe devant et je me faufile en essayant de ne pas bousculer trop de monde. Je gagne la salle immense réservée au gala et je demande à une hôtesse où se trouve la table de notre team. Elle m'indique la rangée qui longe les grandes baies vitrées qui donnent sur la mer. Nous gagnons la troisième table autour de laquelle notre équipe est en train de prendre place.

— T'es chiant, Mack, tu nous fais courir alors qu'ils viennent à peine d'arriver.

— Oui, mais si je ne le fais pas, tu prends ton temps et ça me gonfle encore plus.

— Bellisima! Tu es sublime, Alix !

Argh ! Il me soule à jouer le tombeur italien. « Bellissima » et puis quoi encore ? Antonio se décale et je découvre Alix sanglée dans un fourreau ultra sexy qui met en valeur chacune de ses formes.

— Merde, t'aurais pu nous prévenir que tu cachais tout ça sous tes survêts ou ton bleu, râle Mack pour la forme.

Il lui fait un baise-main et l'invite à prendre place entre Antonio et lui.

Je m'assois en face et je la gratifie d'un simple signe de tête. Il ne manquerait plus que je me mette aussi à lui faire des ronds de jambe, même si je suis bien obligé de reconnaître que sa robe bleue, largement décolletée dans le dos et fendue sur le côté lui va à ravir et met son corps en valeur. Corps dont les images se rappellent à moi d'ailleurs. Je prends mon verre qu'un serveur vient de remplir et je le porte à mes lèvres. Je vais le reposer quand ce que je redoute le plus se produit.

Elle est grande, brune et je me souviens vaguement de son visage. J'espère qu'elle va passer à côté de notre table sans s'occuper de moi, mais il faut croire que j'ai un karma de merde. Non seulement elle ralentit, mais en plus, elle s'arrête à ma hauteur.

— Gaël, je pensais bien te trouver ici, commence-t-elle avant de faire un signe de tête à l'ensemble de la table.

— Salut euh...

— Vivianne.

— Salut Vivianne.

Je prie pour qu'elle dégage, mais elle ne semble pas avoir envie de bouger.

— Vous vous connaissez depuis longtemps ? lance Miss Monde qui paraît s'amuser de mon malaise.

— Oh ! Je ne pourrais pas dire que l'on se connaît. Notre rencontre a été tellement brève...

— Qu'est-ce que tu veux ? je lui demande.

— Absolument rien, simplement te dire qu'heureusement que tes performances sur une moto ne sont pas les mêmes que dans un pieu parce qu'il faudrait sûrement que tu changes de boulot.

Putain, la garce!

Tu m'étonnes que je ne suis pas resté longtemps avec cette furie ! Je crois d'ailleurs que je ne l'ai même pas baisée. En même temps, ça m'apprendra à tenter de me taper une meuf quand je suis bourré.

En attendant, elle gratifie tout le monde d'un petit signe de la main, et très contente d'elle, elle reprend son chemin. Je jette un œil au reste du team et je suis atterré. Si Franck et Marie affichent un air serein. Si Glen, Thomas et leurs moitiés me lancent un regard plein de « ça devait arriver », les autres après avoir tenté de juguler leur hilarité, la laisse déborder et se bidonnent ouvertement à mes dépens.

Bande de traîtres!

Et la pire de tous, c'est Alix à qui cette garce de Vivianne vient de fournir des munitions qui me reviendront dans la tronche quand je m'y attendrai le moins.

Le calme revient, mais pas sans que chacun y aille de sa petite réflexion et ça me gonfle. J'avais déjà pas très envie d'assister à cette kermesse, autant dire que ça ne fait qu'empirer et que je rêve de retourner à mon hôtel pour me mater un film, vautré sur mon lit king size.

Les discours commencent et c'est long. Très long. Très très long. Encore quelques pontes qui doivent faire entendre leur voix et il faudra qu'on monte sur le podium. Chaque team est présenté. Chaque moto avec ses différents équipages. On prend la pose, on fait des photos, ça dure une éternité.

C'est à notre tour.

Nous nous dirigeons vers le podium. Antonio tient la main d'Alix et l'aide à grimper les cinq marches sans oublier de lui lancer quelques regards un peu trop appuyés.

— C'est bon Antonio, c'est pas un bout de barbaque, lui lance Mack. Arrête de la reluquer comme ça.

— Ma, avec des mensurations comme les siennes, elle va faire un malheur, nous balance-t-il.

Remarque que ne semble pas apprécier Miss Monde qui lui jette un regard torve.

— Quoi, qu'est-ce que j'ai dit de mal ?

— En quoi mes mensurations risquent-elles d'influer sur mes résultats, bon sang ? Est-ce que je vous demande la taille de votre queue ?

— Ben, c'est quand même ce que les meufs veulent savoir en règle générale, je lâche après un petit moment de flottement.

— La taille ne fait pas tout, encore faut-il savoir s'en servir ! Et apparemment, tu as des progrès à faire dans ce domaine, Mervans.

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Je crois que la guerre est déclarée entre Gaël et Alix...

Track's attractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant