Chapitre 17 - Gaël

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Marie, en grande prêtresse de l'organisation, nous attribue nos quartiers :

— Gaël, tu prendras la chambre à côté de celle d'Alix, au second étage.

— Pourquoi je ne peux pas être au premier avec les autres ?

— Parce que c'est comme ça. Arrête d'ergoter, me rétorque Marie.

— Je n'ergote pas, bon sang !

L'équipe vient de s'installer à proximité du circuit de Magny-Cours dans une baraque immense qui se retrouve pleine à craquer. Les mécanos et ingénieurs, eux, sont installés à l'hôtel. J'ai envie de taper du pied, tel un gamin capricieux. J'aurais pu partager la chambre de Mack qui est largement assez grande, mais non, je me retrouve à côté de Miss Monde et nous allons devoir utiliser la même salle de bain qui se trouve entre nos deux piaules.

C'est comme si tout se liguait contre moi. Cela fait une semaine que j'arrive à ne la côtoyer que pour le boulot. J'oublie son corps, ses courbes si tentantes et je me concentre sur le côté professionnel. J'en chie, mais on m'a demandé de ne plus la titiller, je m'y plie et les seuls mots qui sortent de ma bouche ne concernent que ses performances.

Je grimpe au deuxième et balance mon sac dans la chambre, pressé de me rafraîchir. Je me désape et pénètre dans la salle de bain d'un pas conquérant.

— J'en étais sûr, putain !

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? glapit Miss Monde.

Nue sous la douche, elle tente tant bien que mal de cacher ses atouts avec ses mains. Son regard reste scotché sur mon corps denué de vêtements, tout comme le mien qui n'arrive pas à se détacher de ce qu'elle peine à dissimuler. Je l'imite et mets prestement mes mains devant mon sexe pour tenter de contrer l'enthousiasme de ma queue. Avec un peu de chance, elle est tellement en pétard qu'elle ne remarquera pas que je commence à bander.

— Arrête de me reluquer et sors de là ! crie-t-elle encore.

— Dit celle qui se rince les yeux depuis que je suis entré.

— T'es tout nu !

— Oui et ? Tu pouvais pas demander avant de te précipiter ici ? Il ne t'est pas venu à l'idée que j'avais envie d'une douche aussi ? je m'agace.

— Et pourquoi toi avant moi ?

Je n'ai rien à répondre. Ou alors « Parce que je suis un mec ». C'est clair qu'elle apprécierait la répartie.

— Sors d'ici, espèce de voyeur !

J'obtempère bien que je sois tenté de lui proposer une solution qui nous permettrait de profiter de la douche l'un et l'autre, mais je ne suis pas certain qu'elle accepterait que je la rejoigne et que je la partage avec elle.

J'attends, comme un con, assis sur mon pieu, qu'elle finisse.

— C'est libre, hurle-t-elle avant que j'entende la porte de sa chambre claquer.

Je file sous la douche, me lave et au moment de me rincer, je rugis de dépit quand de l'eau froide s'abat sur ma nuque. Je grelotte, mais je poursuis en maudissant Miss « je garde toute l'eau chaude pour moi ». La maison est grande, les chambres nombreuses, mais la réserve d'eau chaude ne semble pas suffisante.

C'est d'une humeur de dogue que je rejoins le reste de l'équipe dans le salon où un apéro dînatoire a été préparé. Je m'affale dans un des canapés, à côté de Mack et en face de Miss Chieuse qui me regarde, cachant difficilement son amusement.

— T'as l'air d'une humeur massacrante, mon pote.

— Essaie de te rincer avec de l'eau glacée et on en reparle.

Mack se marre et il n'est pas le seul, mais je ne relève pas. Je reste loin d'elle. Je sais que j'aurai ma vengeance demain sur la piste. Les derniers essais du Castellet étaient meilleurs, mais ils étaient encore loin de ce qu'on attend d'elle.

Je dors super mal. La savoir dans la chambre d'à côté m'agace et me tient éveillé une bonne partie de la nuit. Je l'imagine en train de se retourner entre ses draps et j'ai les plus grandes difficultés à garder mon calme.

Je n'arrive pas à fermer les yeux. J'ai soif. Je n'allume pas, mais me lève pour aller à la salle de bain et boire au robinet. J'entre et je n'ai pas fait un pas que je me heurte à un corps que je suppose être celui de ma voisine.

Je sens le tapis, sous nos pieds, se dérober. Je me retiens au meuble du lavabo tout en enroulant mon bras libre autour de sa taille pour éviter qu'elle s'écrase lamentablement sur le carrelage.

— Mais tu peux pas faire attention. C'est dingue ça ! crie-t-elle.

— Tu te fous de moi, là ? Je viens d'éviter que tu te casses la figure. Au lieu de me gueuler dessus, tu pourrais peut-être me remercier ? Ça se fait en règle générale.

— Si tu avais fait un minimum attention, tu n'aurais pas eu à me retenir. D'ailleurs, tu peux me lâcher maintenant.

C'est au moment où elle me le demande que je prends conscience de son corps collé contre le mien. J'étais venu boire un peu d'eau pour me calmer et c'est tout le contraire qui arrive. Je sens sa chaleur, sa poitrine écrasée contre la mienne, ses mains agrippées à mes épaules.

Miss Monde doit penser que je ne la lâche pas assez vite, car elle recommence à m'invectiver. La lumière qui provient de sa chambre dont la porte est restée ouverte l'éclaire. Elle porte un shorty et un débardeur et elle râle, grogne et j'ai envie qu'elle se taise. Et, sur le moment, je ne vois qu'une seule solution. Je cède à la tentation et je colle mes lèvres contre les siennes. Je devrais m'arrêter et partir, mais j'en suis incapable. Je veux plus. Elle ne proteste pas, ne fait pas mine de se dérober, alors je la serre davantage contre moi. Notre proximité de plus en plus intime s'accompagne d'un baiser qui devient, lui aussi plus intense, plus urgent, plus exigeant. Je suis tellement absorbé que je ne réagis pas quand elle rompt notre étreinte et pas beaucoup plus quand elle me balance une calotte.

— Tu me prends pour qui, Mervans ? Une de tes grues ? Un nom de plus qui viendra s'ajouter à ta longue liste de conquêtes ?

— Tu n'as pas eu l'air de détester ça, espèce d'hypocrite.

— Connard ! Franchement, je ne sais pas ce que toutes ces meufs te trouvent. Tu es peut-être canon, doué pour le pilotage, mais tes baisers sont juste passables.

— Mais bien sûr. Si tu te le répètes plusieurs fois, tu arriveras peut-être à t'en convaincre ; ça t'aidera à oublier qu'avant de me coller une baffe tu semblais plutôt apprécier.

Cette fois-ci, c'est moi qui ai le dernier mot. Elle fait demi-tour et rentre dans sa piaule, furax.

Elle ne m'adresse pas un seul regard de toute la journée du lendemain. Les essais commencent sur les chapeaux de roue. Les chronos de Miss Monde sont meilleurs, mais elle prend trop de risques.

Quand elle ne roule pas, elle reste dans son coin, scotchée sur son portable.

Mack, Antonio et Franck lui demandent de faire davantage attention, mais elle semble sourde à leurs recommandations. Elle pilote comme si elle voulait fuir quelque chose. J'ai envie de la mettre en garde, mais je ne suis pas certain qu'elle le prendra bien, pas après ce qui s'est passé entre nous cette nuit.

Demain, les deux motos rouleront de concert, on va devoir se tirer la bourre, servir de lièvre chacun notre tour et forcer la cadence. J'espère simplement que tout ira bien et que notre coéquipière laissera de côté la rage qui semble l'habiter.


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Premier rapprochement entre Alix et Gaël... Mais aucun des deux ne veut l'admettre !  Il semblerait qu'Alix soit perturbée... Par Gaël ou par autre chose de plus grave ?

Track's attractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant