Chapitre 10 - Vale Joakime Wayle

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Diane m'attend les bras croisés dans le canapé du salon. Si j'avais dix-sept ans, peut-être que mes jambes trembleraient, or la seul choses que je lui trouve d'impressionnant est son regard assassin.

— Tu comptes partir tout seul à la recherche d'un Wendigo ?

— Je ne serai pas tout seul, tu oublies Panpan qui se cache dans son terrier.

Elle se lève et m'attrape par le cou. Ma tête se fracasse contre le mur, ne me faisant que l'effet d'une pichenette.

— Ne joue pas au plus malin. S'il t'arrive quoi que ce soit...

— Il ne m'arrivera rien. Toi et ta petite famille n'allez avoir aucun souci et jamais le Grand Maître ne vous rendra visite et ne mettra en péril l'idylle que tu as avec Ambre. Je vais m'occuper du rôdeur, comme je le fais avec tous les nuisibles depuis plus de deux siècles. Fais moi confiance, s'il te plait.

Sa mâchoire se détend mais sa prise ne desserre pas.

— Tu ne me dis pas tout, je sens que tu caches quelque chose. Pourquoi tu tiens tant à t'en occuper tout seul ?

Je fronce les sourcils. La première pensée qui me vient est pour June. Je la chasse aussi rapidement pendant qu'un large sourire apparaît sur le visage de Diane.

— Oh... Tu veux protéger quelqu'un...

— Oui, en l'occurrence les fesses de ta femme.

Une claque s'abat sur ma joue.

— J'espère qu'iel en vaut le coup.

Enfin, sa main qui me servait de collier quitte mon cou. Je lisse ma veste, qu'elle a froissée dans sa grande bonté, en la fusillant du regard.

— Tu appelles si besoin.

— Va te faire foutre, Diane.

Elle lève son majeur et je rejoins ma meilleure amie. La nuit sombre et froide.

☽☾

Je retrouve la carcasse de la biche sans difficulté. Il faut impérativement que je m'en débarrasse avant que la bande de Nicolas ne s'amuse à en parler aux autorités. Si un avis de recherche pour une bête géante arrive dans le journal ou sur le web, mon enquête aura plus d'un bâton dans les roues.

Les traces de pas sont encore ancrées dans la terre. Un miracle qu'il n'ait pas plu.

Suivant les empreintes, je reste attentif à ce qui m'entoure. Un hululement brise le silence en même temps que le bruissement des feuilles encore accrochées aux arbres.

Un grognement retient mon attention. Mes sens encore plus en alerte, je me tourne vers la source qui veut me menacer.

Deux yeux dorés brillent entre deux troncs. Lentement un museau apparaît, suivit d'une énorme tête de loup. En un coup d'œil je comprends qu'un esprit moins sauvage se cache derrière cette forme.

Un loup-garou.

Son poil brun semble beaucoup trop soyeux pour une première transformation. Les babines retroussées et le grognement maîtrisé, tout est là pour tenter de me faire fuir. Le regard brillant d'intelligence, je sais qu'il n'est pas en proie à une folie de rage.

Les mains dans les poches de mon jean, je toise le toutou, attendant qu'il se décide à ne plus agir comme un demeuré.

Il balance son poids sur ses pattes arrières alors que je lève un sourcil.

— Sérieusement ? Le coup de "je vais t'attaquer" ? Allons petit toutou, tu es bien plus malin non ?

Avec une rapidité presque déconcertante, il se jette sur moi. Les pattes avant sur mes épaules, j'ai sous-estimé le poids de mon adversaire.

Flower Moon's ChroniclesWhere stories live. Discover now