Chapitre 2: Le serment de l'espion

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Severus n'avait pas bougé et il avait l'air abattu. Ses longs cheveux noirs graisseux cachaient son visage, si bien que Lily ne distinguait plus ses yeux noirs comme des onyx. La sorcière ne savait plus à qui se fier, à qui elle pouvait faire confiance. Severus était pourtant son plus vieil ami dans la communauté des sorciers, mais il avait choisi une voie ténébreuse, et il l'avait trahie en répétant une prophétie, sans avoir conscience de ce qu'il faisait. Dans un sens, elle était reconnaissante d'être encore en vie et de pouvoir serrer son enfant dans ses bras, mais son mari était mort. Tous leurs projets, leur avenir, leurs souhaits avaient été engloutis en quelques secondes.

- Lily, murmura Severus.

- Je n'ai pas envie de te parler, soupira la rousse.

- Ce n'est pas ça, se défendit le mangemort. Je vais te montrer où toi et ton enfant pouvez dormir.

Lily se leva et se laissa guider par Severus. Ils montèrent un escalier branlant et poussiéreux qui menait à un couloir étroit, aux murs défraichis.

- Tu peux dormir dans cette chambre, indiqua Severus en ouvrant une porte, tout au fond du couloir.

La chambre n'était pas bien grande, mais disposait d'un lit double en fer avec des draps d'un autre temps, de mauvaise facture. Ils ne semblaient même pas être propres. Tout comme l'escalier, la chambre n'avait pas été nettoyée depuis des lustres.

- C'était la chambre de mes parents, précisa Severus. Je vais faire le ménage, ajouta-t-il, honteux.

Il leva sa baguette et lança plusieurs sortilèges de nettoyage. La poussière et les toiles d'araignée disparurent, tandis que les draps retrouvèrent un semblant de blancheur.

- Je... je n'ai pas de berceau, bafouilla-t-il.

- Harry dormira avec moi, trancha Lily.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit... N'hésite pas.

Lily lui adressa un regard courroucé qui suffit à lui faire comprendre qu'elle l'avait assez vu. Il déposa néanmoins une fiole sur la table de nuit et quitta la pièce. La sorcière déposa délicatement le bébé sur le lit et le borda avec les draps. Elle considéra avec mépris la fiole, censée lui apporter un sommeil sans rêve, et se refusa d'en avaler son contenu. Elle ne faisait pas confiance à Severus, contrairement à Dumbledore. Comment pouvait-elle être certaine qu'il n'allait pas appeler ses amis mangemorts pour terminer le travail ? Dumbledore disait qu'il avait changé de camp. Severus n'avait même pas nié quand elle avait judicieusement deviné qu'il avait imploré son maître d'épargner la vie de Lily. Il s'était bien moqué du reste, de James, de Harry, de son chagrin.

Elle regarda son fils dormir, alors que des larmes coulaient sur ses joues. Elle se demandait quand elle pourrait retourner chez elle, et si les membres de l'Ordre prenaient soin du corps de son époux. Elle avait laissé James seul, dans leur maison complètement dévastée. D'une main fébrile, elle essuya les larmes qui perlaient sur ses joues. Comment allait-elle pouvoir s'occuper de leur bébé sans James ? Comment allait-elle pouvoir protéger son fils de périls mortels sans son époux ? Elle s'en sentait incapable.

Durant une heure, elle fixa le plafond et ne chercha nullement le sommeil. Elle craignait de revoir le visage de Voldemort, d'entendre la voix de James se briser dans un hurlement juste avant sa mort... Et elle craignait qu'un partisan de Voldemort surgisse dans l'ombre pour tuer son petit. Jamais plus elle ne se séparerait de sa baguette, et elle prit brutalement conscience que Severus l'avait gardée. Elle venait encore une fois de commettre cette stupide erreur. Elle embrassa son fils sur le front et entreprit de chercher sa baguette au rez-de-chaussée. Lily avait entendu l'espion de Dumbledore descendre les marches. Sa chambre se trouvait peut-être là, bien que le couloir comptât deux autres portes.

Et si...Where stories live. Discover now