Chapitre 8: Insomnie

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Lily se trouvait sublime dans sa somptueuse robe blanche faite en soie et en tulle. Sa volumineuse chevelure rousse avait été relevée en un chignon parsemé de petites fleurs blanches. Elle avait attendu cette journée avec impatience. D'ici quelques minutes, elle dirait oui pour la vie à James. Célébrer un mariage en temps de guerre était un peu incongru, mais on ne pouvait pas la laisser tout prendre. Pour le jour de ses noces, Lily ne voulait pas entendre parler de cette lutte contre les forces obscures. Ce jour devait être lumineux, joyeux et idyllique.

Tous ceux qu'elle aimait avaient fait le déplacement. Lily les apercevait au loin, assis auprès de l'arche. James l'attendait. Il était beau dans son costume de marié et avec ses cheveux noirs en bataille. Sirius, à ses côtés, lui tapotait l'épaule pour le rassurer. Elle l'imaginait parfaitement dire à son futur époux : « Courage mon frère ! C'est juste pour la vie ! Tu aurais pu faire un plus mauvais choix. » Lily inspira lentement, vérifia qu'elle portait bien son bouquet de petites fleurs sauvages et foula à son tour l'allée nuptiale. Oui, tous ceux qu'elle aimait étaient présents, et même Tunie. Sa sœur aînée était assise à côté de leurs parents et lui adressait un doux sourire. Mrs Evans, leur mère, ne portait même pas sa perruque et rayonnait de santé, tandis que leur père était ému.

Lily arriva enfin devant l'arche et James la regardait comme si elle était l'une des sept merveilles du monde, une déesse. Ses yeux bruns étincelaient de bonheur et son sourire était doux, rêveur. Une ombre passa sur son visage et son sourire devint inquiétant. Les fleurs, qui recouvraient l'arche, mirent fin à leur chant et de lourds nuages chassèrent les rayons printaniers du soleil. La mariée se sentit peu à peu gagnée par l'effroi, tandis que James restait figé et la regardait avec envie. Plusieurs silhouettes apparurent dans des spirales de fumée noire, aussi sombre que celle crachée par l'usine de Carbone-les-Mines. Les fleurs de son bouquet se flétrirent et tombèrent au sol. Avec horreur, Lily découvrit les visages de plusieurs mangemorts et de Voldemort.

- Tuez-les tous ! cria le mage noir. Mais laissez la Sang-de-Bourbe en vie ! Elle est la récompense de Severus !

Des éclairs verts jaillirent de toute part et des corps, ceux de ses proches, s'écroulèrent au sol. Impuissante, Lily hurlait. Ses parents et sa sœur mourraient sous ses yeux. James, lui, restait toujours figé, telle une statue, alors que leurs amis se battaient et se faisaient tuer. Elle le secoua, mais il ne bougeait pas, et soudainement ses traits se muèrent en ceux de Severus.

- Tu es à moi, Lily. Tu es à moi, Lily, assura le mangemort avant de l'embrasser de force.

- Non ! Non ! protesta-t-elle.

Lily ouvrit les yeux. Son visage ruisselait de sueur et de larmes. Ce n'était qu'un cauchemar, juste un cauchemar. Elle aurait dû s'en douter. Ce qu'elle avait vu dans son rêve ne ressemblait nullement à son mariage. Fébrilement, elle se saisit du cadre posé sur la table de nuit. Qu'ils étaient beaux ce jour-là ! James et Lily s'étaient mariés dans la précipitation, et seule une petite poignée de convives avait assisté à leurs noces. Sur la photo, elle et James posaient avec Sirius, leur témoin. Ce jour-là, ses cheveux n'étaient même pas coiffés en chignon, et sa robe était une simple robe longue blanche avec des manches vaporeuses. Pétunia et son époux avait refusé de venir, et sa mère portait une perruque. Le cancer avait fini par l'emporter cinq semaines plus tard.

Lily hoquetait dans son lit. Cette journée, si belle, lui semblait à présent très lointaine. Le pays était en guerre, et pourtant elle n'avait jamais pensé se retrouver veuve aussi jeune. James était mort depuis seulement cinq jours, et elle avait l'impression que cela faisait une éternité. Il lui manquait terriblement, et elle ne parvenait pas à intégrer l'idée qu'elle ne le reverrait plus, qu'elle ne dormirait plus avec lui, qu'elle ne l'embrasserait plus... Rêver de lui était à la fois une consolation et un supplice. Dans ses songes, elle pouvait l'entendre lui parler, lui dire des mots d'amour. Mais les réveils étaient toujours pénibles, car ils lui rappelaient sa triste réalité, celle de veuve devant se cacher avec son fils chez un mangemort.

Et si...Where stories live. Discover now