Chapitre 4

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Je lève la tête, persuadée d'avoir rêvé. Un homme aux cheveux grisonnant et à la barbe de trois jours se tient dans l'allée, l'air de rien. Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que c'est que ce bazar ?

— Qu'est-ce qu'y a petite ? T'es perdue ?

— Oui.

Mais pourquoi je réponds, moi ? Mama m'a dit de ne faire confiance à personne et moi, qu'est-ce que je fais ? Je tape la discute avec le premier inconnu qui m'adresse la parole. Bon, en même temps, s'il est entré, c'est qu'il peut aussi sortir et ça, ça peut être utile.

— C'est dommage, reprend l'homme en fourrant ses mains dans les poches de son jean, mais si tu m'dis où t'habites, je pourrais bien te déposer au passage.

Mouais... ça pue l'entourloupe à dix kilomètres.

— Vous n'avez pas vu les policiers dehors ?

— Quels policiers ?

— Ceux qui sont là pour... Oh non, laissez tomber. Je vais me débrouiller toute seule, merci.

Je me relève et tourne les talons. Mieux vaut partir avant que ça ne dégénère.

— Je sais comment sortir.

Mes jambes se figent en plein mouvement. Queen est sur la défensive, je le vois bien, elle ne fait pas confiance à cet homme. Moi non plus mais je n'ai pas vraiment le choix. D'un autre côté, il n'a pas l'air de quelqu'un qui file des coups de main gratis...

— Par où on passe pour quitter la gare ?

L'homme hausse les épaules et part dans la direction opposée à celle que j'allais prendre. Je reste plantée là sans savoir quoi faire, puis je me décide, attache Queen en laisse et suit l'inconnu dans les couloirs de la gare. Je ne bronche pas mais ne peux pas cacher mon étonnement lorsqu'il ouvre la porte d'un local réservé au personnel qui débouche sur un couloir aux murs de béton. Non... ça ne peut pas être aussi facile.

— Suis-moi gamine.

L'homme passe devant, ce qui me rassure, un peu. Au moins, il ne tentera pas de m'assommer par derrière. Enfin... j'espère. Queen montre les crocs mais elle ne grogne pas, signe qu'elle n'est pas d'accord mais qu'elle va quand même me suivre. C'est un avantage d'avoir son chien avec soi : si je me fais attaquer, elle pourra mordre quelques postérieurs pour me défendre. On traverse le couloir mal éclairé et je repère quelques intersections auxquelles l'inconnu ne prête pas attention. Enfin, après dix longues minutes de silence et de marche, il pousse une porte et la lumière du jour m'aveugle un court instant. Il me désigne la sortie d'une main mais je secoue la tête :

— Après vous.

Il hausse les épaules et sort. Je le suis et pousse la porte à mon tour, une main devant les yeux. La porte claque sourdement derrière moi et je me retourne juste à temps pour voir l'homme me barrer l'accès à la gare.

— Qu'est-ce que...

— PLUS UN GESTE !

Non...

— RETOURNEZ-VOUS LES MAINS EN L'AIR !

Pas ça...

— VOUS AVEZ TROIS SECONDES. UN...

Pitié, non...

— DEUX !

Devant moi s'étant un barrage de policiers et de camions militaires, organisés en demi-cercle autour de moi. J'aurais mieux fait de rester dans la gare. Je lève les mains en signe de reddition (temporaire) et je vois quatre hommes armés de fusils d'assauts avancer vers moi. Je déglutis, mal à l'aise. Sur leurs gilets pare-balle, on peut lire un acronyme bien connu des amateurs de séries policières : GIGN.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Where stories live. Discover now