Chapitre 7

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Je suis réveillée par un « bip » strident, annonçant l'ouverture de la porte en plexi. Je me redresse sur un coude et fronce les sourcils. Une femme, accompagnée d'un « faux » infirmier tirant un brancard, entre dans ma cellule. Elle a les cheveux bruns, attachés en queue-de-cheval, les lunettes bleues et une blouse blanche. Le son de ses talons aiguilles me monte à la tête tandis qu'elle s'approche de moi, un bloc note à la main. Elle m'observe avec l'intérêt d'un scientifique pendant une vingtaine de minutes durant lesquelles je m'arrange pour la foudroyer du regard, puis elle ressort en faisant un signe à l'infirmier qui la remplace à l'intérieur. Il m'attrape les bras et les jambes avant que j'aies eu le temps de protester, puis me soulève et m'attache au brancard.

— Qu'est-ce que vous faites ?

Pas de réponse. Je commence à m'affoler et tire sur mes menottes malgré la douleur que cette action m'inflige et me mets à gigoter dans tous les sens. L'infirmier ne me jette même pas un regard et tire le brancard hors de la cellule, ignorant mes cris d'appels au secours.

— Du calme petite...

Je ne comprends pas tout de suite d'où vient cette voix apaisante et paternelle.

— Où est-ce que vous m'emmenez ?

— HÉ !

Je tourne la tête à droite et le vois. Un homme d'environ soixante ans se tient debout contre la porte en plexiglass de sa cellule et me fixe de ses yeux bleu clair. Il ne porte qu'une chemise d'hôpital et ses cheveux et sa barbe sont presque aussi blancs que les murs du couloir.

— Ne te débats pas, petite, dit-il en secouant la tête, ça ne sert à rien.

— Où est-ce qu'ils m'emmènent ?

Il soupire, baisse les yeux puis les relève vers moi.

— Si je te le disais tu ne me croirais pas.

L'infirmier lance un « La ferme » bien senti et m'embarque avec lui pour une partie de labyrinthe dans ces couloirs immaculés. Le voyage dure bien dix minutes, puis j'arrive dans une salle où, en son centre, se trouve une table métallique sur laquelle on me transfère. Une dizaine d'homme et de femmes en blouse blanche, masques et gants bleus s'activent autour de moi comme un phénomène de foire. Mon T-shirt quitte mon torse malgré mes protestations et des électrodes sont placés sur mon buste et sur mon front. La femme de tout à l'heure dit à haute voix ce qu'elle écrit sur son bloc-notes.

— Première entrée. Jour 1. Le sujet présente de nombreuses blessures à la tête et aux poignets. Sa fréquence cardiaque est élevée et le sujet présente des signes évidents de stress.

Ben ma vieille... t'as fait combien d'années d'études pour arriver à ce résultat ?

J'ai beau faire de l'humour, je n'en mène pas large. J'ai bien compris ce qui est en train de se passer : ces gens vont m'analyser. Ils vont tenter de comprendre ce que je ne comprends pas moi-même : d'où vient cette lumière ? Pourquoi sort-elle de mes mains ? Que puis-je en faire ? Et cætera...

— Nous allons commencer par faire une radio de la main droite du sujet.

Et hop, voilà qu'une grosse machine blanche se met à descendre du plafond. Des vibrations assourdissantes emplissent la pièce tandis que deux infirmiers détachent ma main droite pour la poser sur une plaque recouverte d'une matière noire assez douce. L'un d'eux me force à ouvrir les doigts et il me tient le poignet si fermement que je suis certaine d'avoir un bleu à mon retour dans ma cellule. J'entends un « clic » et puis c'est fini. On me rattache solidement et le silence s'installe dans la pièce. Une femme apporte la radio quelques minutes plus tard et ma main (enfin la photo, hein) est affichée sur un tableau transparent que je n'avais pas repéré au début. La brune en blouse blanche tend son bloc-notes et son stylo à un infirmier proche qui s'en empare, puis elle s'approche de la radio.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant