Chapitre 12

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Grégory me réveille alors que les lumières sont encore éteintes. Je me lève et il me laisse le temps de m'éveiller avant de m'exposer son plan. Nous récupérons les os brisés et mon ami en teste l'efficacité. Puis, nous attendons que les lumières se rallument et aussitôt, je me mets à compter. Arrivée jusqu'à cent, Greg s'effondre soudain et je me précipite vers lui, affolée. Il est couché sur le dos, l'air vraiment mal en point. Ses yeux mi-clos ne m'inspirent vraiment pas confiance.

— A L'AIDE ! S'IL VOUS PLAIT !

Je crie au secours pendant un moment qui me parait être une éternité. Des larmes coulent sur mes joues rougies tandis que je serre la main de mon ami. Quand enfin le chariot de nourriture se fait entendre, je me mets à crier de plus belle, jusqu'à ce que Stéphane et « Brutus » entrent dans la cellule.

— Oh non, râle Stéphane, pas aujourd'hui !

— Il fallait bien que ça arrive un jour, pousse-toi gamine.

Il me tire en arrière et s'approche de Greg pour vérifier ses fonctions vitales. Je me relève et m'approche de Stéphane qui est en train de contacter ses supérieurs.

— Vous croyez qu'il va s'en sortir ?

— J'en sais r...

— AHHHH !

Greg, en bon acteur, s'est redressé en quatrième vitesse et a planté son morceau d'os dans le cou de « Brutus ». Je balance mon bras vers la jugulaire de Stéphane mais celui-ci bloque mon bras valide et me donne un puissant coup de poing dans le ventre. Je tombe au sol, pliée en deux, la respiration coupée. Mon ami vole à mon secours et règle son compte à l'infirmier. Heureusement que nous avions deux moitiés d'os chacun. Grégory saisit mon bras valide et me force à me relever.

— Dépêche-toi : ils ne vont pas tarder à arriver.

Nous sortons de la cellule en trottant pour nous ménager : les scientifiques ont été alertés qu'il y avait un « mort » dans la cellule, pas que leurs deux cobayes se sont fait la belle. Je me souviens du chemin par lequel je suis passée pour entrer ici et cela nous rends bien service parce que ça m'étonnerait que la mémoire de Greg soit aussi fraîche qu'a son arrivée, il y a dix ans ! Nous ne sommes plus qu'à une ou deux centaines de mètres de la sortie quand une alarme stridente retentit. Toutes les lumières du complexe virent au rouge et des cris se font entendre devant et derrière nous. Nous sprintons vers la double porte au bout du couloir et Greg la maintien fermée derrière nous. Nous sommes dans une pièce carrée où sont pendus plusieurs blouses blanches et uniformes médicaux. Il y a des casiers en fer avec des noms. J'en sélectionne un au hasard et vole un manteau long, puis fouille dans le sac à main de la femme à qui il appartient. Je prends les clés de sa voiture et son portefeuille, puis je lance une veste et en pantalon à Greg. Il les attrape mais ne les enfile pas.

— Grégory ?

— Je ne pars pas avec toi, petite.

Mon cerveau disjoncte.

— QWÂ ?

Mon ami secoue gravement la tête.

— Je suis vieux, Anaya. Mon heure aurait dû arriver depuis longtemps, maintenant. Je n'ai plus rien : plus de foyer, ni de famille. Toi, tu as encore tes parents et tu es jeune ! Pars, Anaya. Va vivre ta vie.

Mon cœur se serre alors qu'il me redit les mêmes mots qu'il m'avait dits la première fois que j'ai tenté de fuir. Grégory bloque la porte avec un balais et m'aide à enfiler mon manteau. Sa main fripée se glisse sous mon menton et me relève la tête avec douceur.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Where stories live. Discover now