Chapitre 9

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A vue de nez, les examens par radio ont bien duré deux heures. « Brutus » me reconduit dans ma cellule tandis que je somnole, épuisée. Ce qui est étrange d'ailleurs, parce que je n'ai rien fait d'autre que de rester allongée sur une table en attendant qu'une machine de plusieurs tonnes prenne une photo de moi. La lumière dans mes paumes s'est éteinte à la seconde où mon cœur et ma respiration se sont callées sur ses pulsations d'un commun accord. Je sens mon corps inexplicablement vidé de toute énergie. Il faut dire que je n'ai rien avalé, et que ça ne m'aide pas à reprendre des forces. Contrairement à son collègue Stéphane, « Brutus » prend la peine de me déposer sur ma couchette et me recouvre même avec la couverture ! Le genre de chose qui, dans ma situation, donne un peu de baume au cœur. Comme dirait Jamel Debbouze dans Astérix, Mission Cléopâtre :

« Ça fait plaisir. »

Je souris en pensant à la suite de la réplique et je finis par me rejouer le film complet dans ma tête. Un ronflement m'interrompt dans mes pensées et je pouffe de rire en comprenant que Greg fait la sieste. En même temps, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire. Le grincement des roues du chariot de nourriture arrive à mes oreilles encore endolories à cause du bruit des appareils de radio. Je trouve la force de me redresser sur ma couchette, juste au moment où Stéphane me donne mon plateau repas. Je tombe par terre au lieu de me lever, trop épuisée pour marcher, et rampe comme je peux vers ma nourriture. Faire la serpillère est le prix à payer pour obtenir de quoi se remettre sur pied. Au menu du jour : petits pois-carottes, une cuisse de poulet et un yaourt nature. Mes compliments au chef : c'est délicieux. J'ai toujours aimé manger. C'est quelque chose qui a le pouvoir de me réconforter et même si ce repas n'ait absolument rien d'extraordinaire, j'estime qu'avoir un plateau équilibré et cuit à point est un luxe inestimable au vu de la situation dans laquelle je me trouve. Ils ont même pensé à la serviette en papier pour m'essuyer les doigts : qui mange une cuisse de poulet avec des couverts ? Les ronflements irréguliers de Greg manquent de me faire éclater de rire. On dirait qu'il essaie de parler en morse. Je nettoie l'os de mon poulet, décidée à ne pas en laisser une miette. Grégory se met à bâiller bruyamment et je devine qu'il s'étire au bruit qu'il fait.

— Bien dormi ?

— Oh, te revoilà ! Tout va bien ?

— Oui j'ai eu droit à une séance photo avec mon fanclub.

Ma blague le fait éclater de rire. Je ne me pensais pas aussi drôle mais pour le coup, c'est plutôt flatteur. Je souris un peu et entame mon yaourt.

— Tu veux bien me parler du mélange génétique s'il te plait ?

Je l'entends inspirer profondément. Visiblement, il s'installe confortablement, signe que l'histoire risque d'être longue. Je me lève et marche en titubant vers ma couchette en prenant garde de ne pas renverser mon yaourt.

— Le peuple de la lumière possède des capacités étonnantes permettant à un individu de manipuler chaque particule lumineuse et de la modeler à sa guise. En d'autres termes, celui qui a un don comme le nôtre peut en faire ce qu'il souhaite comme créer des armes, des déguisements... ou des portails interspatiaux.

— On se croirait dans StarGate.

— Encore une référence que tu n'es pas censée avoir, fait-il remarquer en riant, mais tu as raison, ça y ressemble beaucoup. Et surtout, ça explique en partie le mélange génétique. Certains membres du peuple de la lumière ont donc voyagé sur Terre et y sont tombés amoureux. L'union de ce peuple et des terriens a engendré des êtres tels que nous.

— Qu'entends-tu par-là ?

— Nous sommes des sangs mêlés. Nous n'appartenons à aucun des deux peuples.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant