Chapitre 15

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Quand je me réveille, une voix chantante et une forte odeur de pain grillé me ramène gaiement à la réalité.

— Bonjour la marmotte ! Bien dormi ?

— Bonjour Sheril.

— Dis donc, lance Orân depuis le fond de la pièce, tu nous as fait un sacré coma !

— Comment ça ? dis-je en mordant dans la tranche de pain grillée que m'a donné Sheril.

— Il est très exactement deux heures de l'après-midi.

WHAT ?

Hé bé... Il y avait longtemps que je n'avais pas dormi aussi bien, ni aussi tard. Sheril examine rapidement mes bandages, pour s'assurer que tout va bien, puis elle m'aide à me lever. Bémol : je ne tiens pas sur mes jambes. Mes forces se sont envolées depuis la nuit où Orân m'a sortie de cette ruelle. Ce dernier nous rejoints à grandes enjambées.

Bon, allez ! Aux grands maux les grands remèdes.

Qu'est-ce que tu vas faire ?

— Te porter.

J'ignore où je trouve la force de bouger mais l'annonce est radicale : je me recule comme un chaton apeuré, dos au mur, les genoux ramenés sous le menton et entourée de mon bras valide. Orân s'esclaffe et tend ses mains devant lui.

Je voulais voir ta réaction. Pas de panique.

Moi, je ne trouve pas ça drôle. J'en ai marre qu'on me touche. Plus jamais je ne laisserais quelqu'un me toucher. Fini, terminé.

— Approche, petite. Je vais t'aider à marcher.

Je me détends un peu et avance timidement vers lui. Je tends la main vers les siennes et pose les pieds par terre. Après deux tentatives, j'arrive à me lever toute seule et à tenir debout, puis à marcher, lentement mais sûrement. Nous sortons de l'infirmerie et je me retrouve dans un couloir aux murs de pierre. Après quelques mètres, le mur gauche du corridor disparaît, remplacé par des colonnes sculptées et par un garde-fou. Je m'approche lentement de celui-ci et mon souffle se coupe. Une chose est sûre : je ne suis plus en France ! Je ne suis peut-être même pas sur Terre. Je me trouve dans un immense château de pierre fait de plusieurs bâtiments reliés par une bonne cinquantaine de tours. Une muraille l'entoure mais je ne vois pas de gardes sur le chemin de ronde. En bas, il y a une terrasse gigantesque maintenue à cette hauteur par les murs qui en font presque tout le tour. Plusieurs bassins de différentes tailles et formes ont été creusés dans la roche. Il y a aussi des bancs de pierre et des bacs en bois contenant divers sortes de plantes disposés contre les murs. Un groupe de filles un peu plus âgées que moi barbottent dans l'un des bassins duquel s'échappe un peu de vapeur. On dirait que l'eau est chauffée. Comment ? Aucune idée. Nous continuons notre chemin, lentement. Ce qui aurait dû nous prendre deux minutes nous en prend quatre. Les murs réapparaissent et nous marchons encore vingt minutes jusqu'à une porte en bois. Sheril l'ouvre et s'efface pour nous laisser passer Orân et moi. Il fait très chaud dans la pièce. Il n'y a pas de fenêtre mais le tout est éclairé grâce à une orbe lumineuse suspendue au centre du plafond. Je la trouve vraiment efficace parce qu'on y voit comme si on était dehors. Au milieu de la pièce, il y a un bassin creusé dans le sol recouvert de parquet. Un chuchotement me fait relever la tête et je remarque trois filles vêtues de longues robes blanches de style grec qui murmurent entre elles en me dévisageant.

Il suffit Mesdemoiselles. Notre jeune amie ici présente risque d'avoir besoin de vous.

Orân quitte la pièce et Sheril prend le relais. Elle me guide sans jamais me toucher vers une minuscule pièce sur la droite dont l'entrée est cachée par un rideau bleu nuit.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant