Introduction

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Hey... C'est vraiment moche ce qui nous arrive, n'est-ce pas ?

Oui...

Je t'avoue que les mots, ceux que je suis en train de t'écrire en ce moment même, m'apparaissent dilués. Je t'avoue que chaque sanglot est difficile à avaler quand on serre les dents. Et je t'avoue qu'il n'est pas facile de rédiger, même sur un clavier d'ordinateur, avec un séisme de magnitude chagrin dans les mains.

Mais tu sais ce qu'on dit, hein ? Après la pluie vient le beau temps. C'est une phrase pleine de bon sens. Une évidence binaire comme le jour et la nuit. En ce qui me concerne, le cycle s'est arrêté. Le sourire ne me reviendra pas – le vrai sourire, j'entends. J'ai perdu l'horizon. J'ai perdu les beaux jours à venir. Mais pas toi. Toi, tu as le monde à tes pieds et le ciel à portée de bras. Tu ne te rends pas encore compte de la chance que tu as. Je sais que ce n'est pas évident de l'admettre, et c'est pourquoi je t'écris aujourd'hui, mais la vie continue. Compliquée, injuste, parfois cruelle, mais elle continue, belle, joyeuse et prometteuse.

J'ai tellement de choses à te dire, mais l'horloge tourne et je ne cesse de tapoter des doigts sur le bois en me mordant les lèvres. C'est toujours comme ça. Plus les sentiments ont d'importance, moins il est facile de les exprimer, comme s'ils étaient trop gros pour sortir en un seul morceau, comme si nous n'avions pas d'autre choix que de les abîmer pour les partager. Si je devais extérioriser ce que j'ai sur le cœur, là, tout de suite, seul un cri s'échapperait du fond de ma gorge. Un son vibrant, démesuré, possiblement grandiose, mais qui ne parle pas – la détresse du trompettiste au milieu de son orchestre.

Je n'ai pas envie de gâcher cette symphonie.

C'est peut-être ça, le problème. Oui, peut-être ai-je peur d'échouer, de m'échouer sur la page blanche, de me gribouiller, de saboter une partition qui se révélait prometteuse. C'est ça. J'ai peur. Je suis terrifié. J'en reste les mains dans les poches. Mais il le faut. Et je vais le faire.

Parce que c'est pour toi. Et parce que je te le dois.

Allez !

Allons-y !

Racontons cette histoire. La tienne, la mienne, la nôtre. Là où tout a commencé. Là où l'euphorie précède la tragédie.

La vie.

Ton papillon noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant