Chapitre 2

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Pdv : Plume

« Le but est de tuer l'homme qui a failli divulguer l'identité de notre académie. »

Mon esprit ne cessait de ressasser chaque terme dit par le directeur, pourtant mon cœur n'arrivait pas à assimiler cet ordre, ce verbe violent, définissant parfaitement l'horreur de ce lieu.

« Tuer »

Je ne le voulais pas, je ne le pouvais pas... tuer sans regret, alors qu'une simple égratignure subie par ma faute entraîne une infamie sans nom au sein de mon esprit...

Je ne le pourrai jamais.

Je ne pourrai jamais regarder une arme sans penser à ma petite sœur, maintenant désarmée de corps, dont l'âme erre dans l'univers, sans plus aucune présence au sein de cette terre avide de couleur sans elle.

Je tentais en vain de me concentrer sur les habits que j'avais éparpillés partout afin de trouver quelque chose à me mettre pour cette mission, mais mes pensées ravivaient des souvenirs que j'aimerais à jamais conserver dans les coins des souvenirs oubliés.

Je ne veux plus subir les remontrances destructrices, subir un passé atroce qui impacte encore mon présent.

Les mains moites, j'attrapais cette robe à pois que ma mère m'avait offerte il y a quelques années de cela. Je me rappelle avoir vu ses yeux briller en me la tendant, et rien que pour cela, c'est devenu mon vêtement préféré...

J'aime souvent les choses pour ce qu'elles dégagent et non ce qu'elles sont. J'aime percevoir dans des choses souvent anodines une nostalgie profonde, où les objets rappellent des souvenirs.

En l'occurrence, cette petite robe est bien plus qu'un simple habit. Elle définit la bonté de ma mère, qui subissait les foudres de mon père mais, à aucun moment, n'a été impactée par l'orage, en restant indéfiniment l'arc-en-ciel au milieu de ces nuages ténébreux.

— Putain, le bordel que t'as foutu dans la chambre. Range tes habits ou je les jetterai, cracha Alex en sortant de la salle de bain, une serviette autour de sa taille.

Mes pensées, légèrement trop approfondies, furent interrompues par l'arrivée soudaine de mon coéquipier, pourtant rival de l'autre côté de cette académie.

Les raisons me sont inconnues, ma famille tient souvent l'histoire de cette rivalité de côté, du moins je ne me suis jamais penchée dessus.

Je préfère ne jamais le faire, je préfère rester loin de tout cela, conserver cette bulle qui m'entoure, même si le temps semble dégrader ce cocon...

— Si tu pouvais t'habiller... chuchotai-je d'un ton bas, en baissant instantanément les yeux.

J'étais gênée par cette aperçue de nudité, alors que c'est lui qui devrait l'être, ou pas... Peut-être suis-je la seule à avoir une honte sidérale de mon corps...

C'est vrai... même moi je l'évite en passant devant le miroir.

— Ta tête me donne envie de vomir depuis la première fois que je t'ai vue, pourtant je ne te demande pas de la cacher, répondit-il avec aisance, comme si ces paroles ne révélaient qu'une simple vérité, pourtant si blessante.

Mafia academyWhere stories live. Discover now