Chap 22 : pdv Idgie

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   Vous devez vous dire qu'en étant populaire sur les réseaux, je devrais avoir des amis dans toute l'école, mais ce n'était pas du tout la réalité.

Les amis restaient souvent virtuels. La réalité était tout autre.

Seule Lali était une vraie amie fidèle. Les autres, je ne savais pas s'ils étaient sincères avec moi. Quels étaient leurs véritables mobiles ?

Par le passé, j'avais été déçue par certains. Les amis étaient devenus compliqués à trouver. J'avais beau avoir des milliers d'abonnés, je ne me sentais pas aimée pour autant.

Sans cesse, je doutais.

Sans cesse, j'étais sur mes gardes.

Je n'avais confiance en personne.

Seule Lali ne m'avait jamais abandonnée. Elle était restée vraie et droite, franche et bienveillante. Je l'aimais tellement.

Avant, pourtant, nous étions trois. Mais c'était le passé et cela me faisait de la peine d'y repenser. Notre trio n'existait plus. Il s'était évaporé, envolé, volatilisé.

Avant, nous étions inséparables. Lali, William et moi.

Puis, ma mère était tombée malade. Papa avait perdu son travail à force de déprimer. Il avait été s'inscrire au chômage en râlant contre la planète entière. Tournant en rond chez lui, il avait alors commencé à gérer ma vie, à se faire des rêves de succès et de gloire, dans le but d'occuper ses journées frustrantes. Tout avait basculé radicalement. Tout s'était écroulé.

J'étais devenue le nouveau « travail » de mon père.

Avant, celui-ci rentrait tard à la maison. Il était souvent absent ou occupé. Je ne m'étais jamais vraiment sentie proche de lui. Quand j'étais petite, il ne passait pas beaucoup de temps en ma compagnie.

À la mort de maman, il avait pris une place énorme dans mon quotidien. Il avait révolutionné mon agenda.

Ce tourbillon incessant m'avait déconcertée et bousculée. Déjà que ma mère me manquait terriblement, mon père avait changé tous mes repères. J'étais perdue dans ma propre existence.

Un élément n'avait pourtant pas changé : Lali !

Elle était restée auprès de moi pour me rassurer et m'aider à supporter mon avenir qui ne me faisait plus sourire.

Mais j'avais été abandonnée par trop de monde. C'était injuste et blessant.

J'avais perdu ma maman.

J'avais perdu William.

Je ne m'en étais jamais remise.

Le train de nos vies ordinairesWhere stories live. Discover now