Chap 36 : pdv du sans-abri

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    Aiko, paniqué, les suivit en aboyant tout en essayant de se dégager pour me rejoindre. Je voyais qu'il était perdu, totalement désorienté. Mon chien essayait de les mordre, mais n'y parvenait pas.

Ne prenez pas le seul ami qu'il me reste.

Je me levai aussitôt pour rattraper mon animal. Je devais puiser le peu d'énergie que j'avais en moi pour l'aider, pour le secourir. Mais ils se mirent à courir avec Aiko, toujours retenu par son collier.

Ils riaient comme des niais. Ils criaient comme si c'était un jeu innocent. Mais ce n'était pas un jeu. C'était cruel. Personne ne s'amusait sauf eux.

Je vous en supplie, pas Aiko.

Je me mis à courir pour les poursuivre et rattraper mon chien. Je voulais récupérer mon animal. Il était mon seul ami, mon repère, mon soutien pour survivre.

J'étais faible et totalement choqué. J'avais mal au ventre. Tout tournait autour de moi.

Malgré quelques vertiges, j'atteins l'extérieur de la gare. Je tournai sur moi-même pour repérer rapidement mon animal, mais les jeunes gens avaient disparu.

-Aiko ! hurlai-je.

Mais où était mon chien ? Où était-il ?

Je me mis à marcher dans le quartier, sans savoir où aller. Je trottinai sans logique, totalement hagard, retenant mes larmes.

J'enfilai les pas, essoufflé et déboussolé, tout en espérant un miracle. Je continuai à errer dans les rues pendant le reste de la nuit alors que je n'avais rien dans le ventre. J'étais lessivé, à bout de force.

Juste mettre un pas devant l'autre, avancer péniblement pour retrouver le seul être qui comptait encore pour moi.

-Aiko ! Aiko !

Je hurlai tout en arpentant les rues du quartier, sans pouvoir m'arrêter. Je ne pouvais pas l'abandonner. Je ne pouvais retourner dans cette gare sans lui.

Impossible.

Il se mit à pleuvoir, mais cela m'était égal. Je devais retrouver mon meilleur ami. Je devais le retrouver avant qu'il ne lui arrive quelque chose de grave.

Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans lui.

Je n'étais pas prêt à perdre Aiko.

Pas lui.

Pas Aiko.

Le train de nos vies ordinairesWhere stories live. Discover now