Protège-Moi - TOME 1

Chapitre 15 (C)

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Point de vue Ethan

Louisiane.

Parler d'elle a toujours été émouvant pour moi. C'est toujours difficile de parler de cette tragédie, de quelque chose dont je ne me remettrai jamais. Fût un temps où j'avais eu du mal à trouver mes mots, la colère était beaucoup trop ancrée pour que je fasse la paix avec ça, avec elle.

Pendant longtemps, je l'ai accusé de m'avoir abandonné, laisser tout seul dans ce monde et je m'en voulais à moi même de lui en vouloir. Cette tragédie soudaine m'avait terriblement affecté et à bouleverser mon existence à tout jamais. Je n'étais plus le même, je voulais devenir ce pourquoi elle aspirait, à être comme elle.

Le soir où elle est partie, bébé Ethan est partie avec elle. Elle a emporté toute la douceur que j'avais, la joie de vivre et le bonheur, elle a tout emmené avec elle. Encore aujourd'hui, j'imagine ce que je serai devenu si elle était encore là.

Mais, ce n'est pas la seule à m'avoir laissé. Mes parents ont peu à peu succomber au chagrin. Rien ni personne n'arrivait à leur faire remonter la pente, même pas moi. Je ne les ai pas blâmé. Je ne peux imaginer le désespoir que cause la perte d'enfant, malgré tout, j'étais là, ils avaient un fils. Ils sont partis, tous. Je me suis retrouvé seul au moment le plus désastreux de ma vie.

Je n'avais jamais raconté à personnes de cette histoire. Mise à part Camille et l'agence pour qui je travail, personne est au courant. Tout simplement parce que j'évite dans parlé, cette histoire est ma faiblesse, il faut que j'évite d'y penser. Mais Cassidy me regardais d'une intensité que j'avais envie de tout lui raconter. La seule question c'est:

- Je peux te laisser si tu veux ?

Cassidy.

J'avais presque oublié sa présence.

Non, je ne voulais pas qu'elle s'en aille. Je voulais qu'elle reste près de moi, au moins cette nuit.

- Reste. S'il te plait.

Rare les fois où je supplie quelqu'un. Mais, si il y a bien une personne dans ce monde qui ne vous jugera pas ou vous écoutera d'une oreille attentive, c'est elle.

Nous restons dans le noir, elle attend que je parle mais je reste assis sur le lit, dos à elle et toujours la photo de ma sœur contre moi.

- Prends ton temps Ethan. Si tu me racontes pas aujourd'hui alors ça sera demain ou un autre jour.

Elle est tellement douce et gentille, dotée d'une bienveillance dont je n'avais jamais vu chez quelqu'un d'autre.

- C'est difficile, je lui avoue. 

- Je sais Ethan, je sais.

- J'ai pas l'habitude de me confier ou de raconter cette histoire.

- J'ai mon temps, me dit-elle doucement, comme pour ne pas me brusquer.

Je m'allonge à côté d'elle.

- J'étais heureux avant que ça n'arrive.

Je l'étais.

- Je souriais tout le temps.

Même si c'est dur à croire.

- Je prenais les gens dans mes bras.

Maintenant, il m'arrive de leurs casser les bras.

- J'étais pas...comme ça.

Je ne l'étais pas.