Chapitre 14

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J'ai froid. J'ai mal partout. Une odeur particulière me réveille peu à peu. Des voix familières reconnectent mon cerveau. Quelqu'un me serre les doigts. J'ai mal au côtes. J'ai du mal à ouvrir les yeux et lorsque je pense y arriver, ma vision est trouble.

- Elle se réveille. Appelle une infirmière, dépêches toi!

- Ma chérie. On est là.Tout va bien.

La voix de mon père et celle de ma mère. Pourquoi? J'essaie de rassembler le puzzle. Hugo, la soirée, la fille. Mes larmes montent. Ma tête cogne. Les images continuent. Sa voiture, sa maison. Puis ma voiture. La pluie. Beaucoup de pluie, de larmes. Mais rien d'autres.

Putain, mais qu'est ce qui m'est arrivé encore?!

- Ma puce ouvre les yeux, il est tant maintenant!

La porte s'ouvre.

- Elle a commencé à se réveiller docteur.

Docteur? Je suis quand même pas à l'hôpital? Ou pire, chez mes parents?

- Emma. Emma, vous m'entendez? Vous êtes à l'hôpital. Vous avez eut un accident de voiture il y a deux jours.

Quoi? Accident! Moi? Deux jours?

Mes yeux obéissent. La lumière me brûle. Ils sont tous là. Mes parents, mon frère et ce docteur au cheveux gris.

- Elle est stable. On va la laisser reprendre conscience tranquillement. Le pire est derrière elle. Tout ira bien madame. Ne vous inquiétez pas. Le choc a été brutal mais elle est en vie.

- Merci à vous. Merci beaucoup. A tout à l'heure.

La porte se referme. Et le silence me rend nerveuse. J'entends ma mère renifler. Je n'ai plus du tout envie d'ouvrir les yeux et de les affronter. Je veux retourner sur omaha beach et laisser l'océan m'emporter. Je pleure à nouveau et n'arrive pas à m'arrêter. Mes mains se posent sur mon visage malgré tous ces fils. Je veux croire que tout ça n'était qu'un cauchemar. Hugo n'existe pas. Il ne m'a pas fait ça. J'ai tout inventé.

- Emma. Où étais tu? Pourquoi tu conduisais aussi vite avec une pluie pareille?

Ca y est ça commence. Faite la taire!

- Fou lui la paix. Elle a eût un grave accident. Rentrez je vais rester ici. Vous reviendrez demain.

Je n'entends pas leurs réponses. Mon frère leur tient tête depuis quand au juste? Au bout d'un long moment, la porte se ferme.

- Comment tu te sens?

J'essuie mes larmes et tourne la tête pour le voir. Mais mes yeux se ferment à cause de la lumière.

- Attends je vais baisser les volets. Maman était certaine que ça te motiverait pour te réveiller plus vite.

Je ne réponds rien. C'est tellement elle! Il baisse les stores et revient à mes côtés pour s'assoir sur le fauteuil.

- Ta voiture est une épave. Les pompiers ont dit que c'était un miracle que tu respires encore. Tu n'as qu'une côte cassé. Ton ange gardien était avec toi apparement.

Quel ange gardien? Il ne m'a pas protégé d'Hugo. Je les déteste tous les deux.

- Tu étais où? Tu as dit à papa que tu te reposais à l'étranger mais j'ai piraté tes codes pour vérifier tes relevés de compte. La Normandie alors!

Je le regarde. Choqué de ce qu'il a fait. Et surtout d'avoir réussit.

- Soit tranquille. Je n'ai rien dit aux parents. Ni à personne d'ailleurs.

- Merci.

- De rien.

- Et désolé de t'avoir....

- Non arrête c'est à moi de m'excuser. J'aurais dû te soutenir, t'aider à affronter cette période et je me suis conduis comme un connard. Je m'en suis aperçut tard je sais, mais je vais être présent pour toi maintenant. Je te le promets. Je n'ai aucune envi de perdre ma sœur.

Je lui souris. Reconnaissante. Des larmes coulent sur mes joues et la douleur que je ressentais sur la plage revient. Peu à peu elle m'entoure, me serre, et m'empêche de respirer correctement. Je m'étouffe dans mon propre chagrin. Seul comme jamais je ne l'ai été.

- Ma boxeuse.

Il rigole. Je souris encore, perdu dans mes pensées. Dans mes souvenirs qui ne me quitteront pas.

- Tu aurais dû voir sa tête. Tu l'a pas loupé. Il a encore des bleus sur tout le visage et le nez cassé. Il a raconté à son boulot que c'était un mec bourré en boîte qui lui avait fait ça. Quel naze!

Je regarde le plafond et repasse les images de cette semaine. Une après une. Certaines merveilleuses. D'autres douloureuses. Il était si parfait avec moi. Je n'aurais pas dû me laisser aller. J'étais si vulnérable que je me suis accroché à ce qu'il m'offrait. Mes sentiments creusent à nouveau le gouffre dans ma poitrine. Il est plus intense. Je ressens ce mal différemment. La trahison de Maxime était difficile à supporter mais celle d'Hugo est insupportable. Sa présence me manque.

Non non non! Stop! Tu dois rester forte et tourner la page, tout comme tu a sû le faire pour ton ex.

De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix étant donné qu'il ne souhaite pas s'engager avec moi. Je n'étais qu'une occupation et il me l'a bien fait comprendre. Quand je repense à cette fille qui était sur lui. Alors que j'étais en train de danser à quelques mètres. J'an ai la nausée.

Est ce que je me suis enfermé dans une bulle naïve pendant toutes ces années? Est ce que les relations se passent de cette façon aujourd'hui? Est ce que le respect, la confiance et l'engagement sont derrière nous? Comme à l'époque de nos parents ou de nos grands parents. J'aurais tant préférer vivre pendant ces années là. Tout paraissait si simple et clair.

Mon époque nous offre bien trop de possibilité et de liberté. Les hommes et les femmes ne pensent égoïstement qu'à eux. Ils font connaissances, prennent du bon temps et passent à autre chose. Est ce que je suis la seule à souffrir de ce mode de vie?

Toutes ces interrogations me rendent folle. Mon frère est repartit chez sa copine. Lui au moins il fait partit de ces exceptions.
J'en peux plus, il faut que je parte d'ici. J'étouffe. Si je reste allongé plus longtemps ils vont devoir me faire interner car je pète les plombs à ne rien faire. Je dois occuper mon cerveau à tout prix.

J'attrape la sonnette et appuie dessus avec insistance. J'essaie de m'assoir. Ma tête tourne. J'ai mal au dos et au cou.
L'infirmerie entre assez vite dans la chambre.

- Mais qu'est ce que vous faites? Allongez vous tout de suite.

Elle essait de me remettre dans le lit. Mais je la repousse et j'essaie de m'assoir pour me mettre debout.

- Je dois m'en aller. Je vais bien je vous assure! Il faut juste que je parte d'ici.

Elle me retient assise sur le lit. Elle a de la force ou c'est peut être moi qui suis faible d'un coup.

-Il fait nuit. Vous vous réveillez tout juste de deux jours de coma. Votre corps doit se reposer et vous aussi.

- Je vais bien. Je veux rentrer chez moi.

Elle me maintient toujours.

- Je dirais au docteur de venir vous voir à la première heure demain matin. Mais en attendant vous devez rester ici. Est ce que vous voulez quelques chose pour vous détendre?

Je me rallonge. Résigné et épuisé. De plus mes côte me font souffrir. Même si la douleur est moins forte que mon chagrin.

- Alors mettez la dose. Je deviens folle ici.

Elle s'exécute et repart dans le couloir. Je pleure alors pour la millième fois depuis une semaine. Sauf qu'il n'ai pas là pour arrêter le gouffre qui me ronge de l'intérieur. Il n'est pas là pour me rassurer et me faire rire. Il n'est pas... Là.... Pour.... Me....
Je crois qu'elle a mît la dose, je m'endors...

Son unique moitiéWhere stories live. Discover now