Prologue

977 48 9
                                    

Prologue

Comme tous les jours depuis le début de l'année, je regardais par la fenêtre la pluie qui menaçait de tomber. Une journée banale, en fait. Vous savez, les journées passent et se ressemblent... J'étais en cours de français, écoutant d'une seule oreille mon professeur nous parler de différents poètes. Je mordillais mon stylo bleu, geste qui trahissait mon ennui. Mes cheveux bruns étaient rassemblés en une queue de cheval, coiffure que je faisais tout le temps. Personne n'avait jamais vu ma chevelure lâchée, et c'était parfait ainsi. Je suivais de mes yeux bleus clairs les branches de l'arbre qui bougeaient dans le parc, en fonction du vent. Je gardais fermement dans ma main mon parapluie bleu au cas où des nains barbu mangeurs de parapluie bleu -justement- voudraient s'en emparer.

Dans la classe, il y avait des clans bien distincts.

D'un côté, le clan des « pestes ». Cinq personnes en faisaient partie. Tout d'abord, Britney, une blonde ; ensuite Live, blonde sans cervelle aussi ; puis Cassandra, une jeune fille froide. Venaient ensuite Carla, une fille au visage d'enfant ; et enfin Deborah. Cette dernière était la pire de toutes. Mais étant donné que je ne les approchais pas, elles me laissaient tranquille.

De l'autre côté, le clan des « populaire ». Il était composé de Nina, une jeune fille enjouée et tout le temps surexcitée ; d'Amandine, une rousse toujours souriante ; d'Emi, une personne extrêmement timide ; de Chris, un métisse sportif; de Julien, le fumeur-drogué de l'établissement ; de son meilleur ami Axel, un garçon rêveur et fort sympathique. Il y avait aussi Samuel, un garçon richissime et très strict. Il ne s'entendait pas du tout avec Julien. Appartenaient aussi à ce clan d'autres personnes dont les noms m'échappais.

Il y avait aussi les « geeks », les « sportifs », les « danseurs », les « intellos » et j'en passe.

Moi, je n'appartenais à aucun de ces groupes. J'étais la solitaire de la classe, et cela me plaisait. Personne pour me reprocher mes actions, pour critiquer mes goûts ou pour m'entraîner de force dans une expédition au centre commercial. Plusieurs fois, Nina avait tenté de m'approcher, mais je lui avais fait comprendre que j'appréciais la solitude. Malgré cela, elle ne désespérait pas de m'inclure dans son groupe d'amis populaire. Chaque fois, je repoussais ses propositions fermement.

Je revint au présent quand le professeur m'interpella :

« - Julie ! Suivez ! »

Je hochai la tête. Il me fixa quelques instants de ses yeux globuleux, puis retourna à son cours. Soupirant, je regardai encore par la fenêtre. Je ne parlais pas beaucoup, détestant le son de ma voix. Rares étaient les personnes qui m'avaient entendu parler. J'arrivais très bien à me faire comprendre avec des regards et des gestes. Les rares personnes qui m'avaient entendu parler me disais que j'avais une merveilleuse voix. Je n'aimais celle ci que lorsque je chantais. Mais, bien entendu, personne ne m'avait entendue chanter. Mes parents connaissaient le patron d'un café de la ville, ce dernier me laissait de temps en temps monter sur scène et chanter. Il me payais en fonction du nombre de gens que j'attirais. Et cela me permettait de me faire un peu d'argent.

Je promenai mon regard sur le parc, sur les arbres dont les feuilles volaient au gré du vent, observant les quelques personnes dehors.

Un coup frappé à la porte me tira de mon observation, et, comme les autres élèves, je dus me lever quand entra la directrice. Celle-ci nous fit signe de nous asseoir, puis énonça d'une voix claire :

« - Bien. Un nouvel élève à rejoint nos rangs cette année. Son nom est Allan Jones, mais je ne vous en dis pas plus. Il va venir se présenter dans quelques instants. Je vous encourage à bien l'accueillir et à veiller à ce qu'il se sente bien ici. Bien. Monsieur Brossant, je vous laisse avec ce jeune homme. »

Elle nous examina tous un par un, puis sortit de la salle, laissant la place à un jeune homme. Ce dernier avait de splendides yeux verts, des cheveux blonds et une musculature apparente. Il était assez grand, et tout en lui suait l'arrogance et l'amour du luxe, mais aussi de la luxure. Il se racla la gorge, et, sans doute prévenu qu'il devait se présenter, il commença :

« - Bon, je m'appelle Allan Jones, comme on a dû vous le dire. J'aime le surf, la musique, les filles, et être entouré d'amis. Je n'aime pas les problèmes, et qu'on cherche des ennuis aux personnes à qui je tiens. Voilà.

- Bien. Allez-vous asseoir à côté de... Tiens, Julie ! »

J'ouvrai de grands yeux, secouant la tête. Cela permit à cet Allan de me localiser et de s'asseoir à ma droite. Le professeur retourna à son cours, et mon voisin en profita pour me murmurer tandis que je serais de plus en plus fort mon parapluie bleu :

« - Ton parapluie ne vas pas s'envoler, tu sais. »

La fille au parapluie bleu [terminé]Where stories live. Discover now