Chapter -VIII-

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Chapter 8

D'un geste brusque, je poussai la porte du hall et entrai dans l'immeuble. J'aperçus alors Allan adossé au mur et qui semblait attendre quelqu'un. Sans me préoccuper de lui, je me dirigeai vers les escaliers, mais, quand il me vit, il s'avança vers moi et me coupa la route tout en ouvrant la bouche pour parler. Je le coupai d'un ton sec :

« - Pas maintenant. Et jamais. »

Stupéfait et déçu, il me suivit du regard tandis que je montais les marches quatre à quatre. Quand j'arrivais sur mon palier, essoufflée, je tombai face à mes parents. Mais pour la première fois, ils ne me firent pas de remarques sur mon état. Pourtant, il y avait de quoi. J'étais totalement débraillée, et je soufflais comme un buffle. Ma mère se contenta de murmurer :

« - Ah, tu es là... »

Interloquée, je leur ouvrai et les laissai entrer. Tout en refermant la porte, je détaillai mes parents. Ma mère avait des cernes, ne semblait pas avoir dormi depuis une semaine, et n'avait plus cette attitude froide habituelle ; elle n'était plus habillée à la pointe de la mode comme toujours. Mon père, lui, évitait de croiser mon regard et le laissait errer sur l'appartement. Ils ne firent pas non plus de remarques sur le bazar régnant chez moi. Je fronçai les sourcils, et attendis. Ce fut encore une fois ma mère qui prit la parole :

« - Julie... Assis-toi, nous avons à te parler. S'il te plaît. »

Mon Dieu, mais qui a pris possession du corps de mes parents ? Ils me supplient ? ... Très bizarre.
Je m'assis sur le canapé tout en ouvrant de grands yeux, et les observai prendre place sur des fauteuils. Ma mère ne semblait pas encline à commencer la discussion, mais elle prit une grande inspiration, et se lança :

« - Ce que tu nous as... Dis...

- Hurlé, la coupais-je.

- Oui, hurlé la dernière fois que nous sommes vus nous a fait réfléchir, et nous avons décidé avec Marc de tout te dire.

- Mais ne nous juge pas, je t'en prie. »

Pourquoi n'a-t-elle pas dit « avec ton père » ? J'avais peur de réfléchir. Mon « père » continua :

« - Quand ta mère et moi étions ensembles, nous étions encore jeunes. Et j'avais envie que nous ayons une maison ou un appartement pour nous. Je me suis donc mis à cumuler les travaux, et parfois, je ne rentrais pas le soir.

- C'est à ce moment-là que... J'ai rencontré Antoine, reprit ma mère d'une voix à peine audible. Je faisais partie d'un club de sport, et... C'était un des inscrits. On a lentement fait connaissance puis... Au bout d'un mois, on a... On est devenu amants. »

J'étais bouche bée. Ainsi, mes parents non plus n'étaient pas parfaits ? Et j'avais tellement peur de ce qu'ils allaient m'avouer que je voulais m'enfuir en courant et ne plus les écouter. Mais je n'arrivais pas à bouger. La partie de moi qui était stupide sûrement avait envie de rester et de tout entendre, et la curiosité était la plus forte. Les yeux écarquillés, j'attendis la suite de l'histoire, qui ne tarda pas :

« - Et un jour, j'ai appris que j'étais enceinte.

- Alors que nous n'avions pas eu de rapports depuis trois mois. »

Je me pris le visage entre mes mains. Je ne voulais pas être une bâtarde. Mais, impitoyable, ma mère continua :

« - J'ai donc conclu que le père était Antoine. Qui venait de...

- Mourir dans un accident de voiture. »

Ainsi, tout s'expliquait. Le chagrin de ma mère sur les photos. Le manque d'affection venant de mon faux-père et les critiques incessantes, accompagnés de l'absence de complicité et d'amour entre mes parents. Ce constat me fit monter les larmes aux yeux.

La fille au parapluie bleu [terminé]Where stories live. Discover now